Entretien avec l’auteure Marie Grousset

Aujourd’hui, discutons un peu avec une auteure difficile à « classer » et aimant bien les personnages hors normes…
Estimez-vous pratiquer et publier de la littérature érotique, ou bien ce terme est-il trompeur ?
J’écris et publie de la littérature érotique. Mais surtout, j’écris et publie l’amour. Mes personnages sont généralement des gens très différents, des gens qui ont souffert, qui ont des problèmes, des traumatismes. Ils ont besoin de se rappeler qu’ils peuvent être aimés, qu’ils le méritent autant qu’un autre. Je veux que l’érotisme soit présent, oui, mais au service de l’amour, que ça soit quelque chose qui donne envie au lecteur de relire la nouvelle en se disant « eh, il n’y a pas que de la fesse là dedans ». Parce que soyons clairs, c’est ça l’érotisme. De la poésie. De la sensualité.
Vous semblez aimer écrire dans des genres très différents… Y’a-t-il des points communs entre vos styles, ou bien est-ce comme si une « autre personne » était derrière chaque genre d’histoires ?
Je plaide coupable, j’aime écrire aussi bien du fantastique que des thrillers ou des oeuvres plus poétiques. Le point commun, c’est que tous mes personnages peuvent être recentrés dans une seule histoire. Qui sait, je ferais peut être un crossover un jour ? Mis à part Trifin et son petit ami Timothy, qui viennent d’un comics à paraître, ils sont tous issus d’une ville imaginaire appelée Blackview. Ils se connaissent et c’est eux qui écrivent leurs propres aventures et ce aussi schizophrénique que cela puisse paraître. Je leur laisse le soin de narrer eux même leurs histoires. C’est pourquoi les nouvelles qui seront publiées à partir de maintenant seront généralement écrites à la première personne.
Certains auteurs (tels que moi 🙂  ) préfèrent signer un seul nom de plume pour un seul style, et signer d’un autre nom pour un autre type de fictions. D’autres auteurs, tels qu’Anne Bert ou vous-même, préfèrent signer, me semble-t-il, d’un seul et unique nom. Est-ce facile d’être un auteur officiellement multi-facettes ?
J’ai signé Sexy TV, ma première nouvelle érotique, du nom de Kitty Braem, et les autres avec mon vrai nom. A compter de 2017, mes nouvelles et mes comics seront signés Jason Crow afin de ne pas offenser certaines personnes de ma famille qui ont encore quelques à priori à propos de l’érotisme et surtout, des relations gays. Est-ce facile? Hm. Bonne question. J’aime mon travail, c’est ma vocation, mon oxygène. Que j’écrive des comics ou des nouvelles érotiques, je me sens à l’aise dans mon rôle. Ce qui est plus difficile, c’est de gérer tous ces personnages qui ne demandent qu’à s’exprimer, à vivre sur papier.
Y’a-t-il des messages particuliers que vous souhaitez faire passer dans vos ouvrages, et en particulier pour « Sugar Babes » et « Fantasmes multiples » ?
Ouh. Dans Sugar Babes, le message est porté sur la différence. On passe d’un tueur à une drag queen et dans Fantasmes Multiples, on a des fantômes, des personnages de livres inachevés… Je crois que le message est le suivant: soyez ce qui vous fait vous sentir bien. Je pense que les gens s’en rendent compte car ces deux ouvrages connaissent un certain succès auprès des lecteurs, ce qui me fait très plaisir bien sûr.
Jugez-vous vos écrits réalistes, ou bien sont-ils globalement peu souvent vécus par les citoyens « lambdas » ?
Hm… ça dépend. Je ne pense pas qu’ils soient très réalistes, non. Enfin. Pas dans le sens où on l’entend. Bien sûr, Jack est un fantôme, il ne compte pas mais Jonathan, Trifin, Cole sont des humains. Cependant, ils n’entrent pas dans les cases de notre société. Mais je ne sais pas écrire ce qui entre dans la norme. Si je suivais les idées de certains, mes écrits se limiteraient à « une femme, un homme, un lit, la position du missionnaire ». Bof. Je ne sais pas écrire ça. Je n’y arrive pas. Par contre, donnez moi un couple, gay, hétéro ou trans, donnez moi la possibilité de m’amuser un peu et là, je vais faire de mon mieux pour vous plaire.
Aime-t-on cet érotisme fantasmé, propre à la littérature érotique, simplement parce qu’il est truculent et peu banal, ou bien serait-ce encore mieux si nos sexualités étaient bien plus libérées, et donc à terme banalisées ?
C’est une excellente question. Tout ce qui est banal est par essence et pardonnez moi du terme, chiant. Pour autant, il serait bien que les moeurs changent un peu. Par exemple, je suis gay. J’ai un fiancé et une petite amie. Ça choque. Pourtant, mon fiancé et ma petite amie s’entendent très bien et je les aime de tout mon coeur. Mais il y aura toujours des gens pour dire « pouah ». Eh bien je leur dis pouah moi aussi. Chacun devrait être libre de vivre sa vie comme il l’entend du moment qu’il ne nuit à personne.
Sauriez-vous définir votre style ? Si vous deviez résumer votre univers ou votre approche en quelques mots, que vous viendrait-il à l’esprit ?
Erotico-gothique. Mon univers est assez inspiré de Batman, Tim Burton et même de contes de fées et de mangas! Mais je reste assez gothique sur le fond.
Y’a-t-il un livre érotique que vous avez tout particulièrement aimé lire ?
Il y en avait un qui racontait les aventures d’une jeune fille dans les années 30 mais j’ai oublié le titre. Shame on me.
De toutes vos histoires sensuelles, y’en a-t-il une que vous classeriez numéro Un, si oui pourquoi ?
Les deux nouvelles de Sugar Babes. Elles sont les plus poétiques et peut être celles que j’ai pris le plus de plaisir à écrire.
Comment tout cela a-t-il débuté ? Qu’est-ce qui a mis votre plume en action ?
Un pari stupide avec mon fiancé. Eh chérie, tu saurais écrire un livre érotique sur Secret Story ? Bien sûr mon amour. Et pouf, Sexy TV est né.

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