Entretien avec l’auteur Arthur Vernon, partie 1

Es-tu résolument athée dans le sens où tu  serais persuadé de l’inexistence de Dieu ?

Les explications scientifiques expliquant la genèse du monde me semblent très convaincantes, et Dieu n’y a pas sa place. Je ne renierai pas l’existence de Dieu le jour où elle fera l’objet d’un consensus scientifique – je me considère donc aussi comme agnostique. A ce jour toutefois, on est très loin d’un début de piste évoquant l’existence d’un être supérieur, et il me semble infiniment plus raisonnable de vivre comme s’il n’existait pas – je vis donc comme un athée.

Tu parles de lois naturelles expliquant la naissance de l’homme… Certes, mais qu’en est-il en ce qui concerne la naissance initiale de tout ?

Notre intelligence apparaît parfois comme limitée, seuls des efforts d’abstraction importants permettent de concevoir l’origine du monde. La science n’est pas muette sur ce sujet avec notamment la théorie du big bang qui serait à l’origine de l’univers. Petite précision également : je ne parle pas de lois naturelles qui expliquent la naissance de l’homme. J’explique simplement qu’une accumulation de hasards et de circonstances particulières ont permis à la vie d’apparaître sur terre, ces hasards et circonstances font l’objet d’explications scientifiques qui me semblent crédibles et pertinentes. Dans un univers immense aux infinies possibilités, il n’y a rien d’exceptionnel à ce que l’une de ces infinies possibilités ait débouché sur la vie. L’homme est un avatar de l’univers – certainement l’un des constats les plus importants dans mon livre.

Certains bipèdes tiennent à tout, sauf à transmettre leurs gènes… Descendance, moi jamais. Ces personnes sont-elles paradoxales à tes yeux ?

Sauf cas exceptionnels, chaque être vivant a pour mission génétique de transmettre ses gènes. Je devine que tu fais références à certains humains qui n’auraient pas envie d’enfants. L’homme est un cas particulier car sa conscience lui permet des choix qui peuvent s’opposer à sa constitution biologique. Je n’y vois donc aucun paradoxe. Au contraire, dans « La Vie, l’Amour, le Sexe », le propos principal est de déjouer les illusions liées à notre dessein biologique pour privilégier notre bonheur.

Est-il naturel de ne pas du tout vouloir d’enfant ? Une personne seule et célibataire toute son existence ne peut–elle pas transmettre à l’humanité… d’autres choses tout aussi riches qu’une descendance ?

Que l’homme profite de son cerveau pour décider d’avoir ou non des enfants me semble très sain. En revanche, je ne pense pas que l’orgueil de vouloir absolument transmettre quelque chose de sa vie (que ce soit des enfants ou autre chose) soit le meilleur moteur d’une vie : je privilégie la recherche du bonheur, voire du plaisir, à la satisfaction de l’orgueil. Avoir un enfant et transmettre peuvent rentrer dans cette recherche du bonheur, mais ce n’est pas systématique, et cela dépend du parcours de chacun.

Quel était ton objectif avec ton film « Nus et célèbres » ? Un gros coup de buzz ou bien une réflexion sur la société ? Si oui, laquelle ?

« Nus et Célèbres » est une parodie d’émission de télé-réalité où les candidats doivent se séduire en se déshabillant. Je l’ai écrite en 2004, et le DVD de l’émission a en effet créé un gros buzz à sa sortie du fait que l’animatrice de l’émission était en parallèle animatrice de M6 Kids. M6 n’a pas apprécié et a donc viré son animatrice. L’objectif n’était pas de faire du buzz mais plutôt d’amuser et de faire réfléchir en confrontant une tendance de programme audiovisuel (la télé-réalité) aux mœurs contemporaines. Il est surtout amusant de constater que depuis environ 2/3 ans, ce style d’émission existe aujourd’hui dans de nombreux pays (notamment « Adam recherche Eve » diffusé sur D8 en 2015).

Tu préconises que chacun dispose d’une pilule mortelle, afin que la vie ne soit que choisie et optionnelle. Une personne possédant une arme aura davantage de risques de se suicider… Justement parce qu’elle dispose d’un moyen rapide, simple et radical en cas de gros désespoir. La difficulté matérielle de mettre fin à ses jours n’est-elle pas un garde fou ?

Cette pilule ne doit pas être imposée, mais libre à chacun de décider d’en avoir une sur soi ou pas (à titre personnel, je trouve cela très rassurant). De façon générale, je trouve qu’on survalorise la vie. Personne n’a choisi de vivre. Autant la vie doit être respectée de façon absolue (donc la peine de mort est inconcevable), autant chacun doit pouvoir librement décider d’arrêter cette expérience sans que cela soit socialement vécu comme un drame : c’est un choix respectable. Dès lors, pas besoin de mettre des gardes fous.

Suite de cet entretien dans quelques jours… En attendant, cliquez ici pour découvrir sa page sur le site des éditions Tabou.


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