Entretien avec l’auteure Françoise Colliot

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Voici le portrait d’une auteur passionnée, très liée à ses lecteurs, qui a répondu à mes questions sans se limiter et qui a bien fait. Par conséquent, cet entretien fleuve sera diffusé en trois parties, dont voici la première.

As-tu commencé par l’écriture érotique, ou bien tes premiers écrits sont-ils situés dans d’autres genres ?

En 1992, j’ai participé, un peu par hasard, à un atelier d’écriture organisé dans ma ville. J’avais été surprise de ma facilité à inventer des histoires à partir de contraintes. L’expérience n’a pas été renouvelée par la commune l’année suivante, mais j’avais chopé le virus…

Petit à petit est née l’idée d’écrire une série de romans sur les capitales européennes, tout en m’imposant des contraintes. Les contraintes étaient : l’histoire devait se dérouler dans une capitale européenne, l’héroïne a entre 25 et 30 ans, elle s’accomplit dans cette capitale à chaque fois d’une manière différente, tous les romans débutaient par une citation d’une chanson de Charles Trénet et s’achevaient sur une citation biblique.

Je mettais environ un an à écrire chaque court roman. Il y en a eu trois (un à Berlin, un autre à Rome, le dernier à Londres), j’ai commencé un quatrième qui devait se passer à Madrid, mais j’ai arrêté d’écrire pour des raisons personnelles.

Ensuite, j’ai sombré dans la dépression, une vraie dépression avec traitement psy super lourd. Vers la fin de ma thérapie, j’ai réalisé qu’écrire me rendait profondément heureuse, que c’est ce que j’aimais vraiment faire. Mais j’avais un peu de mal à fixer mon attention.

Quand je me suis sentie capable d’écrire à nouveau, j’ai voulu reprendre la rédaction de l’histoire madrilène, mais je n’avais plus 30 ans, ce qui m’animait pour écrire ces romans n’était plus ce qui m’animait en 2013, je n’écrivais plus de la même façon… j’ai essayé de tricher en écrivant « à la mode de Françoise fin des années 90 », mais je n’y ai pris aucun plaisir. Absolument aucun. Et je ne me trouvais pas très honnête de faire ça. Malgré tout, j’ai voulu « laisser une trace » de ces écrits, j’ai donc créé un blog sur lequel j’ai posté ces textes.

Parallèlement, je me suis inscrite sur Twitter et j’ai cru qu’il fallait impérativement mettre le lien vers un blog dans nos données personnelles (comme quoi, il ne faut jamais faire les choses trop vite… ou pas !), j’ai donc mis le lien vers ce premier blog.

J’étais très fan d’un auteur-compositeur-dessinateur-chanteur, pour tout dire, c’est une de ses chansons qui m’a donné le déclic pour arrêter le traitement médicamenteux de ma dépression. Cet artiste s’appelait Hubert Mounier (aussi connu sous le pseudonyme Cleet Boris), il est malheureusement mort en mai 2016, mais l’année dernière j’ai trouvé le courage de lui envoyer le texte où j’évoque le lien particulier que j’ai avec cette chanson.

Bref, je suivais Hubert Mounier sur Twitter, et un de ses autres « followers » a été regarder mon blog, il m’a demandé pourquoi je ne postais pas de textes plus récents, je lui ai expliqué que je n’écrivais plus. Il a trouvé ça dommage.

Nous avons commencé à échanger très régulièrement, c’est un français qui vit à l’autre bout du monde. Il avait été surpris de ma présence sur Twitter à des heures où les gens dorment en France métropolitaine, je lui ai parlé de mes insomnies et des craintes que j’avais à propos de ces 3 semaines de vacances à New-York à cause du décalage horaire qui n’allait rien arranger. Il m’a conseillé (c’est sa version) / mise au défi (c’est la mienne) de profiter de ces insomnies pour écrire ce qui me passerait par la tête. C’est ainsi que tout a recommencé…

Tu sembles développer des contacts intenses avec tes lecteurs et lectrices… peux-tu nous en dire plus ?

Au départ, j’ai écrit pour cet inconnu, des textes un peu personnels, mais pas trop, puis j’ai eu envie de nous inventer une liaison. Que ferions-nous si… C’est de là que sont nées les « aventures érotiques »… Ce que je voulais retranscrire dans ces aventures, c’était des situations qui m’exciteraient avec des mots qui me conviendraient. Parce que je ne trouvais pas ce que je voulais dans la littérature érotique que je connaissais.

J’ai longtemps cru que mes textes érotiques n’excitaient que moi, ou éventuellement quelques femmes. Je ne pensais pas une seule seconde que mes textes si féminins pourraient plaire à des hommes. Ce en quoi je me trompais lourdement.

Quand j’ai eu les premiers retours de ces textes, ils émanaient d’hommes. Je passe sur ceux qui me demandaient des photos de moi nue, en m’envoyant des photos de leur sexe (et souvent, même pas le leur !), des propositions de rendez-vous. Parce que j’ai eu à peu près au même moment, des félicitations de lecteurs, qui se sentaient bien dans mes textes. Certains me parlaient de leurs complexes, de leurs fantasmes avec une confiance qui m’a énormément touchée. Pour les remercier, il m’est arrivé d’écrire un texte où j’évoquais ces fantasmes, ainsi ils pouvaient « les vivre » par procuration…

J’aime beaucoup faire plaisir à autrui, alors, j’ai gardé cette habitude d’offrir un texte à un lecteur (ou une lectrice) en lui demandant de me donner 3 mots que j’insère dans mon récit. Bien entendu, ces mots, ces situations restent le doux secret entre le (la) destinataire du texte et moi-même.

Ce qui revient, j’en ai parfaitement conscience, aux contraintes que j’avais lors de l’atelier d’écriture de 1992.

…

Vous en voulez encore ? Visitez le site de Françoise, et/ou lisez la seconde partie de cet entretien (publication : 21/01/2017).

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