Comment ai-je été faite ?

Sans titre 4

Chloé commence à se poser des questions sur la façon dont papa et maman l’ont conçue…

Je me suis toujours dit que les beaux orgasmes faisaient les beaux enfants. Que deux futurs parents faisant l’amour magnifiquement ne pouvaient concevoir qu’une merveille. Les tueurs en série et seigneurs sanguinaires sont certainement les conséquences d’une baise sale et rapide, voire non consentie. Dans mon enfance, j’étais si accrochée à cette idée que je n’en voulais même pas aux garçons méchants et aux filles idiotes. Sans doute étaient-ils simplement issus de parents ne sachant pas faire « ça » correctement. Jusqu’à mes onze ou douze ans, je me suis longtemps imaginé papa et maman en train de me faire. Si tu trouves cela pervers, ô toi lectrice ou lecteur, referme ce livre sans tarder car tu ne sais pas ce qui t’attend. Bien coucher ne signifie par forcément le faire sagement dans un lit en position du missionnaire après un dîner aux chandelles. D’ailleurs le romantisme de midinette m’a quitté très tôt. L’amour peut être aussi sauvage, improvisé, brusque, et même drôle. Un enfant peut se faire en un coup de vent, ou au contraire en calculant le jour J des mois ou des années durant. C’est ça qui est beau.

Dans mon esprit, lors de ma conception maman était dans la salle de bain, allongée sur le ventre. Papa l’attrapait en levrette et grâce au grand miroir, ils se regardaient dans les yeux. C’était en plein été par presque trente degrés, toute fenêtre ouverte. Pour couvrir les bruits, papa avait ouvert le robinet et l’eau coulait à flot, ce qui ne suffisait pas tout à fait à étouffer les grincements du vieux parquet. Ce fut rapide et intense. Les gouttes de la douche qu’ils venaient de prendre n’étaient pas encore sèches que d’autres, de sueur, venaient s’y mêler. Ne compte pas sur moi pour prétendre que j’étais alors dans « les couilles de mon père », comme on dit vulgairement.

Pendant l’acte, je n’étais nulle part car je n’existais pas. J’ai toujours trouvé très étrange cette photo humoristique d’un spermatozoïde intitulée « Vieille photo de moi » que l’on partage sur les réseaux sociaux. Surtout après tous les cours de biologie qu’on a eus. L’existence commence bien entendu lors de l’union entre ce têtard et l’ovule, pas avant. Pour aller encore plus profond, papa a mis ses mains sur les hanches de maman puis est venu. Maman a fermé les paupières pour mieux profiter de l’instant et une grande course à la vie a débuté en elle. Je revois encore ces millions de spermatos se bousculer pour périr, tous, sauf un : ma moitié. Tout le monde connaît cette histoire, et ce jour-là je pense que la vieille du dessous n’a pas râlé à cause du barouf, car une conception ça se respecte. Évidemment, j’ignore si tout cela s’est passé ainsi. J’aurais bien voulu savoir ! À chaque fois que je demanderai à papa j’obtiendrai un rire, et à maman une gifle. Je ne suis plus jamais revenu sur le sujet à la troisième.

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Pour en lire beaucoup, beaucoup plus…
En attendant d’être grande, Partie 1, sur Google Play / Kobo Books

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