Entretien avec l’auteur Marie Godard

Echanges épistolaires, échanges tout court, ménage à trois, soumission, domination… Marie explore de nombreux thèmes sulfureux avec son époux Nicolas. Une écriture intrigante m’ayant donné envie d’en savoir davantage sur chacun… (Comme on peut le voir, j’ai eu du mal à tout cerner vu mes deux premières questions pas totalement bien ciblées 🙂  )

Tout auteur a (je pense !) le fantasme que ses écrits séduisent au point de désirer de l’amour, du sexe… chez une lectrice ou un lecteur, que cela aboutisse sur une rencontre réelle ou non. L’écriture érotique peut-elle souvent séduire à ce point, ou cela tient-il de l’exception ?

Je ne suis pas certaine d’avoir bien compris votre question. Si vous me demandez si mes écrits érotiques peuvent donner envie aux lecteurs de me rencontrer, alors je vous dirai que cela est très souvent le cas. Lors de la parution d’un nouveau roman, je reçois soudainement plusieurs mails et messages, sur Facebook notamment, d’hommes qui me font des propositions diverses et variées, pensant sans doute que je fais tout ce que j’écris… Il ne s’agit donc pas d’un comportement exceptionnel.

Vous avez déjà écrit à quatre mains avec votre époux, lui aussi auteur érotique. Comment cela se déroule-t-il ?

Non, vous vous méprenez, Théo, nous n’avons jamais écrit à quatre mains. Nos premiers romans respectifs – « L’arrière-boutique » pour Nicolas et « Échanges virtuels » pour moi – ont été publiés sous la même couverture par France Loisirs mais nous n’avons jamais écrit ensemble et cela ne risque pas d’arriver car nos façons d’écrire sont tellement différentes que nous passerions tout notre temps à tenter, vainement, de les harmoniser.

Ainsi, Nicolas est beaucoup plus visuel que moi, qui suis très cérébrale. Mes descriptions sont beaucoup plus « cash », ou crues, si vous préférez, alors que les siennes sont plus nuancées, car ce sont celles d’un peintre, puisqu’il est également photographe et artiste peintre, ce qui affecte de façon évidente la façon dont il décrit les scènes et les personnages de ses livres.

Je vous invite d’ailleurs à visiter son site officiel d’artiste peintre, qui est, cette fois, sous son nom pour l’état civil, Jean-Claude Mauléon, et non pas sous son nom de plume, Nicolas Marssac.

https://www.artmajeur.com/jean-claude-mauleon/

Pour vos histoires, vous inspirez-vous surtout de votre passé, de votre quotidien… ou encore de celui des autres ?

Je vous répondrai d’abord par une boutade : Et si j’écrivais des polars ou des livres de science fiction, me demanderiez-vous si je m’inspire de mon passé ? C’est une question qu’on ne pose qu’aux auteurs de littérature érotique car cela fait, enfin je pense, fantasmer nos interlocuteurs d’imaginer que l’écrivain a vécu ce qu’il raconte.

Et bien, la plupart du temps, en tout cas pour ce qui me concerne, les histoires que je raconte sont le fruit de mon imagination. Mais ma réponse ne s’arrête pas là et je dois à la vérité de dire qu’il m’est arrivé, à quelques occasions, de m’inspirer d’un événement de ma vie.

Le plus important reste néanmoins le fait incontournable que je n’aurais pas le talent nécessaire pour décrire des activités érotiques qui n’auraient pas le potentiel de m’émouvoir, ou pire, qui me dégoûteraient. Deux exemples : la pédophilie ou la zoophilie, pour ne citer que ceux-là.

Écrire des histoires érotiques a-t-il tendance à créer en vous des émotions fortes, à vous mettre dans tous vos états ?

Pas au moment où je les écris, non, cela ne m’émeut pas du tout mais je sais que nous ne sommes pas tous logés à la même enseigne à ce propos. Lorsque j’écris, je suis concentrée en tout premier lieu sur l’histoire, la cohérence et la crédibilité du récit. Très importants aussi sont la façon de raconter l’histoire, son tempo, la chasse aux répétitions et aux incohérences  et la qualité du français. Ce que j’écris ne m’émeut donc pas pendant l’écriture, mais il n’est pas exclu qu’en me relisant, j’y sois plus sensible…

Vous semblez avoir une vision du couple assez libérée : amoureux, mais non lié par une exclusivité sexuelle. Pourriez-vous nous en dire quelques mots ?

J’ai peu de choses à dire à ce sujet sinon que mon mari et moi sommes ensemble depuis maintenant 40 ans, que nous sommes tout l’un pour l’autre, – à la fois grand amour, meilleur ami, frère et sœur, et amant, bien sûr, – que rien ni personne ne peut nous séparer sauf la mort de l’un d’entre nous. Notre relation, comme celle de tous les couples, a beaucoup progressé au fil du temps et nous sommes convaincus que la jalousie est un sentiment dangereux qui ne protège pas de la souffrance celui qui la ressent et qui ne fait qu’étouffer celui qui la subit. Nous croyons au contraire qu’il n’est que naturel qu’on puisse de temps en temps avoir envie de varier les menus, et que cela ne peut que contribuer à nous rendre encore plus complices.

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Rendez-vous dans quelques jours pour la suite de cet entretien

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