Entretien avec Sara Agnès L.

Entretien frais et fleuri avec l’auteur Sara Agnès L…

 

. Qu’est-ce qui crée l’étincelle d’une histoire ? Qu’est-ce qui la déclenche ?

Pour ma part, c’est un sens, ou alors une scène en particulier qui apparaît dans ma tête, mais ça revient au sens : tout le texte n’existe que pour arriver à ce moment-là. Une fois que j’ai cette scène en tête, elle m’obsède et je brode tout autour jusqu’à ce que l’histoire apparaisse dans une certaine globalité.

 

« Quand je n’écris pas, il me manque quelque chose. Quand j’écris, il me manque autre chose. Il n’y a pas de juste milieu »

 

. Quelles sont tes techniques pour « affronter » une nouvelle ou un roman, le poursuivre coûte que coûte et en venir à bout ?

Généralement, c’est l’histoire qui me talonne pour sortir et non l’inverse. Elle me hante et m’empêche de dormir tant que je ne l’écris pas. Alors autant céder le plus vite possible !

 

. Qu’est-ce qui fonctionne le mieux… écrire dans la joie et l’apaisement, ou plutôt dans la pression et la souffrance ?

Dans la joie. La vie est trop courte pour souffrir inutilement. Cela dit, j’accepte volontiers de souffrir avec mes personnages.

 

. Ecrire est un plaisir demandant des contraintes. Comment trouver le juste milieu entre contrainte et plaisir ?

Je me le demande encore. Quand je n’écris pas, il me manque quelque chose. Quand j’écris, il me manque autre chose. Il n’y a pas de juste milieu. Chapeau à ceux qui y arrivent.

 

. As-tu tes propres tabous en matière d’écriture ? T’arrives-t-il de te censurer ?

Non. Mes éditeurs ont ces œillères, pas moi. Et j’espère ne jamais les avoir non plus. En même temps, je ne fais jamais très dark (juste un peu, dans le souci de l’histoire).

 

. De quoi t’inspires-tu pour écrire ? Simplement l’imaginaire, ou bien ta vie, celles des autres, les médias ?

De l’humain et du ressenti, c’est déjà un magnifique territoire d’exploration. C’est un amalgame de plein de choses en fait.

 

. On dit parfois que tout roman a un côté autobiographique. Ecrit-on pour exorciser un certain vécu, ou au contraire pour aller au-delà de soi ?

Non. Pourquoi se cantonner à écrire des trucs réels quand on peut vivre des tas de vies imaginées ?

 

. As-tu une idée du visage de ton lectorat ?

Pas vraiment. J’ai plus de filles que de garçons (si j’en juge par ceux qui m’écrivent), mais pour le reste, cela m’importe peu. Ce sont des gens qui ont envie de lire et de s’évader, et c’est le plus important.

 

. Est-il simple d’accorder cette vie forcément un peu sulfureuse avec une vie plus classique de famille ? Caches-tu cette activité littéraire à certains ?

C’est assez simple, oui. J’ai un pseudo pour éviter les dérapages, mais dans ma vie de tous les jours, je parle assez ouvertement de mes écrits (car j’écris aussi sous mon nom). Dans ma tête, je ne suis qu’une seule personne (enfin, presque). Cela dit, je préfère garder ce côté pour les proches, pour préserver ceux qui n’ont pas choisi de me suivre dans cette aventure et qui sont mal à l’aise avec elle.

 

. Soudain, ton dernier livre se vend à 10 millions d’exemplaires… indescriptible joie ou énorme angoisse ?

Un mélange des deux, probablement.

 

. Sur quoi travailles-tu actuellement ? Quelle sera ta prochaine sortie ?

Les deux questions sont tellement à l’opposée, puisqu’une sortie prend un temps considérable avant de paraître ! Du côté de la publication, il y a L’Amour fou qui vient juste d’arriver chez AdA (au Québec). Le numérique, lui, sera disponible partout jusqu’à l’arrivée du roman par bateau, en Europe, soit le 10 septembre. Et il est tout joli !

Sinon, je travaille sur une suite d’un roman qui ne sortira probablement jamais (je l’ai dit, c’est l’histoire qui mène, pas moi). Pour l’instant, c’est tout, mais j’ai des textes dans les tiroirs qu’il faudrait que je sorte.

 

. Pourquoi avoir choisi cette voie ? Qu’est-ce qui t’y a mené ?

Choisit-on vraiment de mener cette vie ? Je ne sais pas. L’écriture est une drogue dont j’ai du mal à me passer. C’est probablement pourquoi je persiste à le faire. Sinon, je ferai autre chose !

 

. Es-tu auteur professionnel, si oui est-ce un métier difficile ? Ou bien es-tu plutôt amateur ou semi-pro ? (En ce cas : ta principale activité est-elle secrète?)

Je ne sais pas à quel moment on fait la distinction. Disons semi-pro, même si en art, je crois qu’on doit toujours redevenir un amateur à un certain moment, ne serait-ce que pour aller ailleurs dans ce terrain vague. Ma principale activité est en enseignement (et j’y suis à plein temps – et j’adore ça).

 

« Je ne suis pas sûre que l’érotisme se porte bien à l’écran. À choisir, je préférerais qu’on adapte mes autres romans. »

 

. Cet univers littéraire exige-t-il un pseudonyme, ou doit-on assumer ses écrits quitte à dévoiler son identité réelle ?

Ça, c’est une question intéressante. Je ne pense pas qu’il exige un pseudonyme, mais selon son milieu professionnel ou la bêtise des gens qui pensent que l’auteure est forcément la matière de ses romans, il vaut peut-être mieux en prendre un. Après, quand on publie sous deux noms, c’est deux fois plus de boulots à gérer, je ne le cache pas.

 

. Si tu pouvais étendre ta création favorite sur un autre support, que choisirais-tu? B.D., peinture, cinéma, téléfilm, série télé, histoire audio ?

Sans hésiter, le cinéma, ou alors le format court (pas nécessairement série ou téléfilm), mais capsules web, par exemple, avec des flashs du romans. Je trouve que le roman, a lui seul, est un univers difficile à reproduire. Il faut forcément faire des sacrifices et je ne veux pas m’aventurer dans ce domaine. Mais je ne suis pas sûre que l’érotisme se porte bien à l’écran. À choisir, je préférerais qu’on adapte mes autres romans.

 

À suivre…

 

En attendant, découvrez ici Sara Agnès L…

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