Conjuguer sexe et magie ?

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 Adolescente pas comme les autres, Léa n’a eu jusqu’à présent une seule et véritable passion : la pratique de la prestidigitation. Mais lorsqu’on grandit, certaines choses évoluent…

C’est vers ses dix-huit ans que Léa se mit à accorder une importance équivalente au sexe et à l’univers de l’illusion. Aucun événement spécial ne l’y amena, ni influence extérieure : simple question d’hormones. Les siennes, qui jusque-là avaient été plutôt sages, explosèrent d’un coup.

En ce domaine, Léa fut bien davantage curieuse que nymphomane. Sa majorité fut l’année de son dépucelage, puis d’un certain nombre de compagnons « testés », agrémentés d’une fille ou deux. Cela devenait tout de même bien plus plaisant que les innocents petits batifolages. Le seul souci était les partenaires enflammés : ceux qui mouraient d’envie de tomber amoureux, se faire des promesses et se balader sous la pleine lune. D’ici à ce qu’ils convoitent l’achat commun d’un micro-ondes et le projet d’une ribambelle de gamins, il n’y avait qu’un pas… Ceux-là étaient d’un ennui prodigieux, et après quelques déconvenues elle apprit à les repérer. Ceux qui mouraient d’envie de la baiser pour baiser étaient franchement mieux. Le sexe devint chez elle une activité pratique, égayante et ludique.

Léa constatait qu’être une belle jeune créature fraîche et jolie était fort commode. Aucune attitude particulière à avoir, il n’y a qu’à être soi-même pour qu’un tas de types vous tournent autour. On n’a que l’embarras du choix, comme dans un champ de pâquerettes où il n’y aurait qu’à se baisser pour ramasser celles qu’on préfère. Un plaisir super facile à organiser et qui ne portait pas à conséquence : il n’y a pas à dire, le cul c’était drôlement chouette. Un peu comme une recette bien-être. Ça apaise le stress, ça permet d’évacuer avant les périodes d’examens, ça met les pensées au clair lorsqu’on se sent confuse. Des inconnus, des copains de classe, des connaissances, des amis d’amis… Cela devint fréquent. Un peu partout, un peu tout le temps. Pourquoi aller sur « Adopte Un Mec » alors qu’on a déjà toutes les fonctionnalités du site dans la vie réelle ? Toutefois le logo du service lui parlait car vraiment, Léa se sentait comme dans un supermarché. Une grande surface privée où l’on pourrait choisir les plus beaux produits et sortir sans payer. Mieux encore, les produits en question se plient en quatre pour vous, et pour peu qu’on fasse un peu la mijaurée, payent le verre et le resto. Il n’était même pas besoin d’avoir de la conversation ou de l’esprit, tant qu’on riait aux blagues du jeune homme. Technique dont elle avait toutefois peu usée, rapidement gênée par les inégalités de dépenses.

Tout semblait parti pour continuer ainsi, sans évolution singulière, de façon similaire à bien des jeunes filles. Tout changea le jour où un amant lui fit découvrir les plaisirs de la bouche. Non pas ceux que la fille donne au garçon… ça, elle connaissait déjà et s’y soumettait surtout pour mettre un paresseux en route. C’est le contraire qu’elle découvrit, à savoir les caresses buccales qu’un tombeur peut donner à la fille. Privilège rare, et rarement bien mené. Ce n’est d’ailleurs pas qu’on ne lui avait absolument jamais prodigué cela. C’est surtout que les quelques fois où c’était arrivé, le geste avait été mou, sans saveur ni conviction. Là, ce fut magique. Une simple connaissance qui ne payait pas de mine, rencontrée au cours de vacances en Auvergne… qui l’eut cru ? Jamais Léa n’aurait rêvé de tels ressentis. Les lèvres du minet, sa langue, son souffle, tout avait été si fougueux qu’elle en avait eu un orgasme, rien que par cet acte que d’aucuns nommaient pourtant « préliminaire ». À son sens ce n’était nullement un préliminaire mais bien un vrai rapport sexuel à part entière, au même titre qu’un coït. Pour tout dire, ce fut ainsi qu’elle connut son tout premier orgasme, car si jusqu’à présent ses amourettes lui avaient donné beaucoup de divertissement, pas une ne l’avait menée à l’extase. Du jour où elle vécut cela, l’adolescente ne parvint plus à s’en passer… non pas du comparse, qu’en fait elle ne revit jamais, mais bien de la prouesse en elle-même. Dès lors, elle ne fut plus curieuse : elle devint accro.

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