Une jeune fille embarrassée… elle meurt d’envie de lui, mais maman est encore à la maison…
De moins en moins dans les révisions, elle tentait de visualiser des images désagréables. Un portrait de Lénine, un vieux hareng pourri, le corps nu de D.S.K., Depardieu bourré, une grosse crotte de clébard… Depuis quelques instants Léa respirait de plus en plus fort, et une goutte de sueur perlait à son front. Cela se remarquait d’autant plus que pour une fois (pourquoi donc cette fois-ci ?) aucun voisin ne faisait de bruit et presque aucune voiture ne passait dans la rue.
La radio, qu’elle n’osait pas aller éteindre pour ne pas recroiser son regard, diffusait à présent du Haydn, et la mélodie du violon ne faisait que renforcer l’atmosphère excitante. Quand bien même Léa gardait la tête plongée dans son cahier, rien n’y faisait. Pas un mot, pas un regard, il allait la prendre pour une rustre. Qu’il patiente, d’ici peu elle lui montrerait qu’il se trompe. Au point où elle en était, une fois les trente minutes franchies elle se jetterait littéralement sur lui et on pourrait presque crier à l’agression sexuelle. Qu’importe si les beaux yeux n’étaient pas dans son champ de vision : ils étaient là, tout près, si près, et elle le savait.
Et comme si cela ne suffisait pas, ces beaux yeux étaient assortis d’une petite bouille d’ange, posée sur un adorable cou fin, lui même dominant un corps long et musclé, à la peau d’une douceur de nacre. Comme dans les animations de morphing, tout ce qu’elle concevait se métamorphosait en Thibaud… visualisait-elle une benne à ordures que celle-ci se déformait aussitôt, changeait d’allure et de couleur, et l’image du responsable venait s’y supplanter. Pourvu qu’il ne perçoive pas son émoi….
Tout allait à une vitesse impressionnante : on n’avait même pas dépassé les quinze minutes depuis que papa avait claqué la porte ! Encore près du double à patienter. Comment allait-elle faire ?
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