Des regards, rien que des regards

Deux passages de ma saga littéraire « En attendant d’être grande ». Où l’on découvre que Chloé a découvert sa sensualité… très, très tôt.

 

Cinq ans : rien que des regards

 

Mes cheveux ne sont pas ceux de maman, pourtant c’est elle qui décide quand ils doivent être plus courts ou plus longs. C’est pas juste ! Mes jolies mèches ont pris des reflets blonds ensoleillés, Clarisse croit en deviner quelques roux. Fini le coiffeur, madame veut que sa fille soit une vraie fille. Je dois le reconnaître, en fait j’aime bien.

Quand je m’ennuie en leçon je fais jouer tout cela entre mes doigts. Détachée, ma chevelure a un certain effet sur les garçons. On me prend parfois pour une blonde, je n’arrête pas de balancer ma tignasse comme dans les pubs Jacques Dessange, ça fait rire les grands. Et de la part des copains, j’entends parfois des « elle est toute belle Chloé », « maîtresse, Chloé c’est Boucle d’Or ».

A cet âge

la « drague » se limite à ça, ce qui suffit déjà à faire des jalouses.

Ce n’est pas pour me déplaire.

Quant Clarisse vient dormir on nous met dans le même lit, pour ne pas avoir trop de draps à sortir. Lorsqu’il fait vraiment chaud, aucune raison de garder nuisettes ou pyjamas. Et comme ma copine se retourne autant que moi dans son sommeil, maman nous retrouve l’une contre l’autre, dans une position qu’elle a dû qualifier d’ambiguë.

Est-ce qu’inconsciemment on a voulu se faire un câlin en dormant ? Peut-être, et puis ? Maman ne refuse pas ses venues pour autant : tu parles, quand Clarisse est là qu’est-ce qu’elle est tranquille ! N’empêche, désormais elle installe deux matelas, ce qui lui fait deux fois plus de travail. Vu que je me réveille avant maman, ça ne nous empêche pas de continuer à dormir l’une contre l’autre.

On se rejoint dans la nuit, discrètement…

que veux-tu, on y a pris goût.

Je reviens dans mon lit légitime au chant du coq et froisse les draps pour faire plus vrai… et pour lui donner plus de boulot : on se venge comme on peut. Si elle veut que j’aille moins voir ailleurs elle n’a qu’à me câliner davantage.

Sensualité, encore ? A cet âge en fait, absolument tout et n’importe quoi peut être sensuel. On est dans une telle découverte que s’il y a limite aux actes, il n’y en a aucune aux sensations. Etre au chaud devant la neige qui tombe… s’envelopper d’une serviette… se vêtir de vêtements doux et confortables… boire une boisson rafraîchissante… toucher un tissu moelleux… respirer le parfum d’un arbre…

que des activités sensuelles, en tout cas pour moi.

Il m’arrive d’avoir l’impression de n’être plus qu’une boule d’émotions. Mon enveloppe charnelle n’est alors que le moyen de parvenir à mes fins, de me nourrir de sensations sans cesse renouvelées.

Ces souvenirs me permettent aujourd’hui de conserver une part de pureté. De savoir encore m’émerveiller d’un rien, frétiller en enfilant ma robe de chambre ou en buvant un thé. C’est ce qui fait, entre autres, ma particularité. Qui fait l’adulte que je suis aujourd’hui. Avec moi, une salade niçoise peut aussi bien faire office de préliminaires qu’un massage californien.

Une balade en forêt main dans la main peut m’exciter davantage qu’un strip-tease masculin. Un coucher de soleil peut provoquer plus de désirs que des mots chuchotés à l’oreille. Il faut toujours en revenir à l’enfance. Une fois qu’on sait conserver cet état d’esprit, plus rien n’est banal,

on peut même s’attendrir devant la millième érection

comme si c’était la première.

Toute expérience à deux ou plus, je la vis comme s’il n’y en avait jamais eu d’autres auparavant, comme s’il ne devait jamais plus y en avoir après. C’est le secret pour que chaque jour, chaque nuit soit unique plutôt qu’inique, les hommes accros, moi à cran. Ce côté émerveillé crée des situations inoubliables.

Pour un petit rien qui fait tout, je peux faire des folies de mon corps à peu près n’importe quand n’importe où, et avec… presque n’importe qui. Quitte à interpeller un couple de passants à entrer dans la danse. Je n’y peux rien, je suis ainsi.

Je veux qu’à mes côtés on sente que tout est possible à tout instant. Il est vrai qu’à contrario, je peux aussi remplacer une soirée torride par une partie d’échecs. C’est dire si une femme telle que moi a du mal à trouver chaussure à son pied. Je crois que j’épouserai celui qui m’offrira des surprises de cet acabit. Serait-ce une façon de m’épouser moi-même ?

 


 

Autre extrait du même ouvrage…

 

Encore bien loin de tout cela, à l’école, mes deux douches par jour attisent les jalousies. Bien des copines n’en ont droit qu’à une seule. Parfois moins. La seule à n’être jamais jalouse de personne, c’est Clarisse. Un vrai petit ange, je me demande comment elle fait. Elle devrait essayer d’être un peu pimbêche ou médisante, au moins une fois pour voir, ça lui ferait du bien. Elle se réjouit toujours du bonheur de l’autre à un point presque agaçant.

Et c’est tout

l’art de la caresse que je découvre au cours des douches,

administrée chaque jour par papa ou maman. Le matin papa, le soir maman : je suis gâtée. On me baigne ainsi depuis ma naissance… Cette année, ça devient vraiment spécial. Désormais, ça ne se passe pas qu’à l’extérieur de moi.

Lorsqu’on me dévêt, qu’on me soulève, que l’eau coule et que je ressens les mains féminines ou masculines me passer tout partout cette mousse parfumée, je ressens comme un délicieux bourdonnement à l’intérieur. Au début je pense avoir faim, puis m’aperçois qu’il n’en est rien.

A ces souvenirs, un thérapeute m’inscrirait à une vingtaine de séances pour me convaincre que coucher avec mon père, voire avec ma mère, était un rêve d’enfance. Je te promets, toi qui me lis, si ç’avait été le cas j’en aurais fait état.

Non, je n’ai pas eu d’œdipe.

Et ces professionnels affirmant que « normal, c’est dans l’inconscient » aillent voir ailleurs, avec pareille rhétorique on peut affirmer ce qu’on veut.

Prendre la place de maman dans le lit n’aurait aucun sens. Les caresses parentales, avec ou sans mousse, symbolisent leur union. J’ignore s’ils ont réussi leur mariage, ils m’ont en tout cas réussi moi. Moi prenant la sensualité d’où elle vient. Nue dans le sable et soleil sur la peau, je suis en pleine expérience sensuelle, ce n’est pas pour autant que je voudrais coucher avec le sable ou le soleil.

Quoique coucher avec le soleil, le ciel ou les étoiles je n’aurais rien contre. J’ai toujours rêvé de faire l’amour avec la nature… mais pas avec un parent. Qui est étrange et qui ne l’est pas ? Plus grande, un psychomachinchose me parlera tout de même d’œdipe irrésolu,

d’où selon lui ma demande aux amants de me laver et me sécher.

Lorsqu’il évoquera cela une énième fois, je me jetterai sur lui pour lui prouver le contraire. Très surpris, pas fâché pour autant.

Etait-ce la première fois qu’on lui faisait le coup ? Allez savoir s’il ne s’arrangeait pas pour provoquer ces situations.

A même la moquette, il m’a fait tout ce dont il rêvait

sans doute depuis la première consultation.

Après s’être remis de ses émotions (moi c’était fait depuis longtemps) il reconnut que j’avais raison, que mon œdipe semblait résolu.

Ce qu’il ne faut pas faire pour ces intellos, en plus il m’a quand même fait payer la séance, prétextant que le contraire risquerait de me faire culpabiliser. J’ai réglé sans discuter et ne suis plus retournée voir de psy, ni lui ni un autre. Analyses bancales, onéreuses, mauvais coup, payant qui plus est : merci bien !


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