Aujourd’hui, faisons connaissance avec l’auteure Anna Wendell…
. Qu’est-ce qui crée l’étincelle d’une histoire ? Qu’est-ce qui la déclenche ?
Un regard, une musique, un instant de vie, tout et rien à la fois. Mon inspiration est aléatoire, surprenante, je ne la cherche pas, elle vient à moi.
. Quelles sont les techniques pour « affronter » une nouvelle ou un roman, le poursuivre coûte que coûte et en venir à bout ?
La passion mêlée à l’inspiration et au professionnalisme qu’on acquiert avec les années.
. Ecrire est un plaisir demandant des contraintes. Comment trouver le juste milieu entre contrainte et plaisir ?
Après quelques années de tests et différentes méthodes, j’ai trouvé mon idéal. Je ne force jamais. Le conseil d’écrire tous les jours ne fonctionne pas chez moi. C’est propre à chacun. Si je n’écris pas, je trouve autre chose à faire : illustrer, maquetter, l’administratif, les colis de ma boutique en ligne.
J’aime varier et j’ai toujours de quoi travailler. Et pour conclure cette question, écrire est toujours un plaisir, un défi parfois, mais jamais je ne regretterai mon choix professionnel. Se lever chaque matin en étant excitée/heureuse à l’idée d’aller bosser, ce n’est pas donné à tout le monde. J’ai exercé nombre de métiers avant, et je savoure mon bonheur.
. Quelles sources d’inspiration pour écrire ? Simplement l’imaginaire, ou bien la vie personnelle, celles des autres, les médias ?
Je m’inspire de la vie et du fictif. Comme je l’ai dit, il suffit d’un rien pour que l’étincelle survienne. Une musique prenant à un instant précis. Une discussion passionnée, un simple sourire. Un moment clé dans un film ou une série. L’inspiration peut naître de partout, absolument partout.
. On dit parfois que tout roman a un côté autobiographique. Ecrit-on pour exorciser un certain vécu, ou au contraire pour aller au-delà de soi ?
En toute franchise, je pense que c’est le cas avec les premiers romans. Après 37 livres écrits, ce n’est plus pareil. On met un bout de soi, toujours, cependant mes personnages sont beaucoup moins inspirés de mes failles ou vécus. Cela n’empêche pas de laisser un bout d’âme dans chacun de ces êtres que je crée.
. Une idée du visage du lectorat ? Est-il simple d’établir une communication avec ses lecteurs ?
Oui, je connais mon lectorat plutôt bien et il est différent selon le genre. J’écris dans plusieurs genres, ce qui ne simplifie pas la visibilité. Mais je refuse de me restreindre. Je touche essentiellement des femmes avec mes histoires dans le genre romance (romantasy, romance contemporaine, érotique, romance dystopique, etc.), mais j’atteins aussi des hommes dans les genres plus fantasy/urban fantasy.
. Comment accorder la vie d’auteur érotique avec une vie plus classique (de famille , de bureau…) ?
Faut-il ou non cacher cette activité littéraire ? Je ne cache rien et je n’ai jamais rien caché. J’ai cependant dû prendre un pseudo pour protéger ma vie privée et me domicilier suite à un cyberharcèlement en 2022. En revanche, je peux comprendre que certains/nes auteurs/rices soient contraints ou désireux de dissimuler cette activité.
Je crois que ce choix est propre à chacun, sa situation, son caractère, son métier et ses ambitions. J’ai dû protéger très vite ma vie privée. Au départ, je ne me sentais pas légitime à prendre un pseudo, et j’ai eu rapidement des messages de tordus, des photos inappropriées, des gens qui pensaient que mes romans étaient ma réalité. Et quand l’un de ces fous a parlé de “ma jolie petite fille”, j’ai pris directement un pseudo.
. Des projets actuels en cours ? Littéraires, ou autres ?
Toujours !! Même plusieurs ! En ce moment, je bosse sur plusieurs fronts. Une romance sombre qui se passe dans une académie qui forme l’élite de notre monde (espion, pirates, assassins, etc.). Mais aussi un tome 2 d’une duologie romantasy à 4 mains. Et j’ai également 4 romans en soumissions en maisons d’édition. Parmi ces soumissions, je pense particulièrement à mon projet de high fantasy (Antiques), le plus ambitieux de ma carrière, et celui qui me fait le plus vibrer. 4 tomes dans un genre que je n’ai jamais emprunté auparavant. Je croise les doigts.
. Les thèmes «sulfureux» sont-ils ton domaine de prédilection ?
Je ne me vois pas écrire une histoire sans “amour”. Pour moi, il est omniprésent et tout puissant. Que ce soit sain, interdit, complexe ou obsessionnel, il y en a presque toujours dans mes romans. Le sulfureux dans mes histoires est toujours utile et sert à avancer, je ne fais pas de gratuit. En revanche, ce n’est pas le sujet principal de mes romans.
. Pourquoi avoir choisi cette voie ? Quel a été le déclencheur ?
Une fracture dans ma vie m’a précipitée dans le monde de la littérature. Un deuil encore inachevé qui, je crois, nourrit mon imaginaire (dans le sens où je ne veux plus revivre de tels échecs/pertes). J’ai tout perdu du jour au lendemain. Ça a été brutal, mais sans cela, je n’en serais pas là aujourd’hui. Je dirais que la souffrance est un bon moteur qui donne la rage de vivre si l’on rebondit. Je suis pugnace, je me bats corps et âme dans cette carrière qui a (comme pour tous les artistes/créateurs-rices) des hauts et des bas. Avant d’écrire, j’ai eu mille vies, et je bossais déjà avec mon imaginaire puisque j’ai été, entre autres, metteuse en scène de spectacles sons et lumières. J’écrivais, mettais en scène, etc. Mon imaginaire a toujours été très actif.
. Auteur professionnel, semi-pro, amateur ? Si amateur : l’activité principale est-elle secrète ? Si pro : est-il difficile de vivre de sa plume, de nos jours ?
Autrice professionnelle depuis 2019. J’ai connu d’énormes succès comme des flops mémorables. Dans ce métier, qu’on soit renommé ou pas, une sortie reste risquée et aléatoire. Et pour tout dire, mes plus gros succès ne sont pas ceux pour lesquels je me suis donnée à fond, au contraire. Je les ai créés sans trop y croire, sans entrain même pour l’un d’eux. Donc rien ne garantit une réussite, d’un mois à l’autre les revenus peuvent chuter ou se multiplier. Ce côté aléatoire de la profession est un facteur peu évident à supporter à long terme. Il faut vraiment tenir sur la longueur.
. En quoi ces lectures peuvent-elles nous faire réfléchir ? Nous ouvrir au monde, aux autres ?
L’érotisme fait partie de la vie de chaque humain (ou presque) sur cette terre. Et pourtant, ce sujet reste tabou. Je pense que démocratiser le sujet aide bien des personnes à se libérer, à mieux savourer leur vie intime. Elle aide aussi les solitaires, ceux qui ont perdu foi en l’autre. Peut-être en se divertissant ou en s’immergeant dans des fantasmes secrets qui soulagent des peines du quotidien. Je n’écris pas d’érotisme sans sujet de fond, il y a toujours autre chose, un thème de société plus ou moins grave, des blessures, de la résilience. J’aime travailler la psychologie de personnages plus ou moins cassés, plus ou moins morally grey. Et donc, peaufiner la sexualité de ces héros aux multiples facettes.
. Livre érotique : simple amusement ou bien outil de développement personnel ?
Selon l’œuvre, ça peut être l’un ou l’autre. Certains auteurs/rices vont apporter une morale, un sens profond, d’autres choisiront plutôt d’offrir du divertissement. Pour moi, tout est OK. On a aussi besoin de se détendre au quotidien.
. On accuse la littérature érotique… d’avoir un style pauvre, un vocabulaire répétitif et des histoires clichés… et d’être uniquement conçue pour exciter. Accusations injustifiées ? Justifiées ?
Injustifiées évidemment.
Déjà, il n’y a pas une façon d’écrire, mais une multitude. La beauté de la langue peut aussi se retrouver dans des plumes simples. Comme dans chaque genre, il y a des livres moins bons que d’autres également. Il y a de très belles plumes, poétiques, mélodieuses, riches, en littérature érotique.
Ceux qui jugent aussi mal et vite n’ont pas dû ouvrir beaucoup de romans dans ce genre, ou peut-être les plus hypés, qui ne sont pas forcément les meilleurs. Personnellement, j’aime la langue française, sa richesse, sa musique, sa variété et ses effets de style. J’apprécie donc les romans plus riches, soutenus, poétiques. Mais je peux aussi trouver du plaisir dans le plus simple.
Ma plume, je l’adapte au genre dans lequel j’écris. Elle reste moi, bien entendu, mais pas tout à fait identique. Sur une comédie romantique de Noël, je vais sur du rythmé, léger, drôle. Sur ma high fantasy, je me suis fait plaisir avec un langage soutenu et médiéval. Et sur mes dark psychologiques, je vais parfois sur du plus poétique (macabre) avec beaucoup de métaphores ou autres. Avec les années, j’ai appris, développé, j’ai progressé, et je maîtrise mieux ma façon d’écrire.
Dans quelques jours (ou bien dès à présent selon le moment où vous lirez ces lignes) la seconde partie de cet entretien.
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