Mais quel est cet étrange hôtel dans lequel un homme invite sa compagne à passer toute une semaine ? C’est la question que l’on se pose lors des premières pages du livre d’Angélique Fontaine. Puisons quelque peu dans l’âme de cette auteur et voyons ce qu’elle a à nous dire…
Le type d’hôtel que tu décris dans ton roman existe-t-il d’une façon ou d’une autre ? Si oui, l’histoire serait-elle donc en partie réaliste ? L’estimes-tu hautement improbable, parfaitement vraisemblable ? …Voire même en partie vécue ?
J’ignore si ce genre d’établissement peut exister, je n’en ai en tous cas aucune expérience personnelle. Mais relevons qu’il n’est pas à ce point singulier si ce n’est, peut-être, le fait que le salon de massage propose à la carte une ou deux prestations particulièrement relaxantes. Sauf cette petite coquinerie, je crois que nous avons là le profil d’un hôtel classique de bon standing, comme il doit pouvoir s’en rencontrer à des tarifs abordables sur l’ile Maurice, à Saint Domingues ou aux Seychelles.
Les milieux libertins réels sont souvent moins jeunes et B.C.B.G. qu’on ne le pense… Est-ce que ce récit idéalise ce domaine (belle jeune fille de dix huit ans, masseur beau gosse au sourire ravageur…), ou bien resterait-il proche de ce qui existe réellement ?
Mon éditeur a trouvé que l’hôtel était « libertin » ; ce n’est pourtant pas comme cela que je l’avais imaginé. Sauf l’épisode du massage, ce qu’il dégage de plus sensuel tient moins à ses prestations ou au comportement des clients, qu’à l’état d’esprit de la narratrice et à quelques dérapages auxquels elle se laisse aller à l’occasion de rencontres fortuites avec des vacanciers presque aussi innocents qu’elle. Cela me semble moins tenir de l’ambiance maîtrisée du club échangiste où se retrouvent des initiés, que des relations non programmées qui peuvent naître dans un contexte plage-cocktails, quand on est loin de la maison et que l’ambiance est amoureuse.
Est-ce selon toi une écriture plutôt érotique, ou bien plutôt pornographique ?
J’ignore où se situe la frontière. Je répugne aux termes grossiers et je ne parle jamais de « bite » ou de « chatte ». Pour autant, soyons clair : l’évocation de l’acte sexuel passe parfois dans mon texte par des indications anatomiques non ambiguës. Par référence cinématographique, je dirais donc que nous sommes ici dans un style qui se rapproche du porno chic : c’est réservé aux adultes mais ça ne colle pas aux doigts.
En matière de nouvelles et de romans, l’érotisme serait-il fait pour tout le monde ? Ou bien davantage pour les hommes, les femmes, ou certaines tranches d’âges ?
Le style est trop spécifique pour pouvoir plaire à tout le monde. Mais le lecteur amateur d’érotisme ne se distingue pas selon moi par son âge ou son sexe. Pour ma part, quand j’écris, j’ai besoin d’imaginer un lecteur, ne serait-ce que pour qu’il soit capable de m’interrompre au milieux d’une phrase pour me taper sur l’épaule et me glisser à l’oreille que ce passage est trop long, que cette phrase manque de rythme ou que cette chute le laisse sur sa faim. Et tel que je l’imagine, mon lecteur a le profil de la narratrice : c’est forcément une femme, et elle a la bonne trentaine.
Maintenant, je pense que ce que j’écris doit trouver son public aussi chez les hommes.
…
Vous en voulez encore ? Retrouvez la suite de cet entretien le 07/01/2017. En attendant, lisez les premières pages de son livre sur le site des éditions Dominique Leroy.