Episode de « Dialogues Interdits », collection de petites histoires complètes uniquement constituées de dialogues…
— Waouh, quel regard il vient de te faire ce gars… je crois que tu as fait une conquête.
— Hem ! J’ai cru sentir l’ombre d’un sarcasme.
— Il y a de quoi. T’as vu sa bobine ?
— Il est du quartier, je suis du quartier aussi… normal qu’on se connaisse un peu.
— Je ne dis pas ! Mais on aurait dit la petite œillade polissonne de l’amant au lendemain d’une nuit torride.
— C’était un peu ça.
— Tu n’es pas en train de me dire que tu as couché avec lui ?
— C’est ce que je viens de sous-entendre, si.
— LUI ?!
— Tu ne rêves pas.
— Je veux pas être méchante, enfin… tu es sûre de l’avoir bien regardé ? Déjà, il doit avoir la cinquantaine bien tapée.
— Je ne lui ai pas demandé.
— Il a au moins l’âge d’être ton père. Si pas ton grand-père.
— C’est toujours difficile de savoir avec ce genre d’hommes. Ils sont un peu comme des personnages de bande dessinée, à l’âge indéterminé. C’est généralement le cas pour les gens qui ont souffert, qui ont de toutes petites vies pas bien folichonnes. Parfois ils ont quarante et en paraissent soixante, parfois l’inverse. De toute façon, j’aime mieux ne pas savoir.
— Tu regrettes ?
— Pas du tout.
— Je te trouve perverse.
— Ah ? Et en quoi c’est pervers ?
— Je le vois d’ici… tu as croisé son regard, tu avais une envie pressante de baise,
et tu t’es dis « je vais me taper un petit délire. Je vais me farcir l’homme le plus repoussant du monde, juste pour l’expérience, pour voir ce que ça fait ».
— Je ne dis pas que je n’aurais jamais pu penser ainsi… ton scénario est crédible. Ce qui ne l’empêche pas d’être faux.
— Vu son physique, je ne vois pas quel autre déroulement serait possible. Bide énorme, double menton, limite triple… jambes molles qui ressemblent à des jambonneaux… Il a des poches sous les yeux si grosses qu’on pourrait y mettre tout le contenu de mon sac. Une peau abîmée… presque plus de cheveux, et les rares qu’on trouve sont gris ou blanc. Il est tout simplement horrible. Tu me diras que j’exagère, mais…
— Tu n’exagères pas ! Au contraire, tu es en dessous de la réalité. Car tu n’as pas tout vu. Il a aussi des cicatrices, une langue râpeuse et jaunâtre, un vieux cul tout moche et poilu, quant au principal c’est plutôt petit, flasque, et ça a bien du mal à se dresser correctement malgré toute l’envie qu’il avait de moi.
— Tu te l’es donc bien tapé par perversité.
— Pourquoi tu ne me laisses pas raconter ma version des faits plutôt que juger sans savoir ?
— Pardon. Je t’en prie, raconte.
— T’es sûre ? Je sais pas.
— Ça va, ça va… Raconte tout ! Je dis plus rien.
— Finalement tu en meurs d’envie que je raconte… La plus perverse des deux n’est pas celle qu’on croit.
— Si tu veux.
— Je marchais en direction des bords de Marne, pour mon footing hebdo. Pas plus sexy que ça puisque j’étais en jogging. Moulant, malgré tout. Je n’avais pas fait exprès ! Pour peu qu’on les prenne à la bonne taille, tous les joggings sont moulants.
— C’est surtout que tu as un cul tellement moulé qu’il ressort avec quasiment n’importe quelle fringue.
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