Douceur, poésie… pornographie

Deux épisodes de ma série « Dialogues Interdits »…

 

Douceur, poésie… pornographie

— Tu connais cet état, juste avant de t’endormir ou te réveiller, entre l’éveil et le sommeil ?

— Oui, on l’appelle sommeil paradoxal.

— Voilà le terme que je cherchais. Ben tu vois, dans cet état je deviens la fille la plus malléable du monde.

Encore plus docile qu’une poupée gonflable !

Je suis, comment dire… dans un monde tout doux, tout coton tout bisounours. De sorte que je suis prête à caresser, sucer ou accueillir absolument n’importe quelle bite, en n’importe quel endroit.

— Ce qui est spécial avec toi, c’est que tout discours tendre plonge bien vite dans la pornographie. Lier bisounours et sodomie fallait oser…

— C’est pas toujours de gaîté de cœur. Y a des fois je m’en passerais bien !

— Et c’est arrivé souvent le coup du garçon qui profite de ton état cotonneux ?

— Selon l’occasion oui. Enfin il me semble !

— Comment ça « il me semble » !?

— Comment être sûre ? Je fais beaucoup de rêves de cul, certains très réalistes. Bon, quand je me réveille avec une partie du corps toute visqueuse, j’en ai la preuve. Mais la plupart du temps je ne peux que supposer. Le garçon, si garçon il y a eu, a pu se frotter, quémander quelques chastes caresses, enfin « chastes » tout est relatif, ou bien une gentille petite pipe sans éjaculation.

Au réveil mon souvenir sexuel peut être authentique… ou juste imaginé.

— Pas de traces donc pas de preuves… waouh, c’est glauque.

— Moi je trouve ça charmant. Limite poétique. Ne pas savoir avec qui, et même si c’est arrivé ou non, rend les rapports si troublants ! Il y a des mecs dont je peux même pas te dire si j’ai fait du sexe avec ou pas.

— Parce que le mec qui a accès à ta couche te baise pas avant de dormir ?

— C’est variable et varié ! Il faut compter toutes les fois où je dors à des soirées, où je fais des colos en tant qu’animatrice, où je participe à des festivals, où je dors dans des campings… Ce qui multiplie les possibilités. Souvent je dors près de quelqu’un sans que ce soit un amant pour autant. Des fois je sais même pas vraiment qui ! Voire pas du tout !

— Du genre, tu te réveilles avec une bouche gluante et tu te balades dans le camping en te disant « parmi les dizaines de mecs avec qui j’ai parlé hier soir il y en a un dont j’ai des résidus dans la bouche » ?

— Oui. Et alors je vogue dans une réalité quantique, un peu comme si j’avais couché avec tout le monde. Ma relation avec chaque homme croisé est dans un état supposé et superposé. Excitant non ?

— Définitivement pas.

— Chacune son truc.

— Moi qui fais aussi des soirées et festivals, tous ces machins m’arriveraient jamais ! Tant mieux d’ailleurs.

— Question de feeling. Les mecs sentent qu’en ma compagnie c’est jouable. Et qu’avec toi ils se prendraient une beigne.

— C’est toujours resté inconscient ?

— Pas toujours. Il m’est arrivé de me réveiller à moitié et de devenir active.

Tout en gardant un doute sur l’identité du partenaire, car yeux à moitié fermés.

— Et les fois où c’est resté inconscient, en principe c’est pas ce qu’on appelle un abus ?

— On en est loin. Je te dis, même dans le coton je reste en partie active. En sommeil paradoxal si je sens un gland sous mon nez je me mets à le lécher, lui donner des coups de langue, le sucer. Si je sens une verge entre les cuisses, j’écarte. C’est plus fort que moi, et rien n’est compliqué puisque je dors toujours nue, et suis toujours humide avant le réveil.

— Et si c’est en pleine nuit ?

— Je me soupçonne de faire des rêves érotiques visibles et bruyants. Le mec m’entend respirer, gémir, me tortiller, mouiller dans mon sommeil… il en profite, c’est humain.

— Une seconde nature ! Chez toi le sexe est un réflexe… T’as jamais pensé à consulter un spécialiste ?

— Oh non alors. C’est bien trop bon je veux pas guérir ! A tes yeux j’imagine, que je fasse tout ça consciemment ou non… fait de moi une inconsciente de toute façon. Non ?



Improbable trahison

— J’aurais jamais dû participer à ce projet de body-painting.

— Quoi, la peinture t’a donné des irritations ?

— Bien pire encore : plusieurs personnes m’ont reconnue.

— Je croyais que t’avais demandé à conserver l’anonymat.

— Pour des photos de nu et par rapport au métier que je fais, valait mieux !

— L’artiste a pas respecté ton souhait ?

— Bien sûr que si. Il a changé le prénom, et j’ai le visage apparent sur aucun cliché.

— Eh ben alors ?

— Alors y a un truc auquel j’avais pas songé : il a peint qu’une partie du corps, et m’a prise dans toutes les positions. Enfin, je veux dire m’a photographiée en un tas de postures.

— Quelles zones étaient peintes ?

— Le motif couvrait les épaules, la nuque et une partie du dos.

— C’est pas vrai ! Y a des mecs qu’ont reconnu ton cul ?

— …Je dirais même plus : vu toutes les soirées masquées qui se sont finies en partouzes, y a bien plus de mecs dans mon existence qui ont vu mon cul que mon visage. Sans rire, les photos auraient laissé le cul non apparent et le visage visible j’aurais eu moins d’ennuis.

— Quels ennuis ?

— Le photographe a reçu des messages de mes conquêtes. Voulant me revoir. Bah oui, je suis une fille qui donne pas son numéro… ou bien un faux.

— C’était des soirées anonymes. Les mecs qui t’ont fourrée te connaissaient pas. Malgré le buzz des photos sur les réseaux sociaux, ils savent pas plus qu’avant qui t’es. Ils ont juste un pseudo. Et toujours pas de visage !

— Le problème, c’est que même papa m’a reconnue.

— Hein !?

— Eh, rassure-toi ! C’est à cause de mon grain de beauté en bas de la fesse droite, et un autre un peu plus haut. Pauvre de moi… signe distinctif de naissance.

— Il a quand même bonne mémoire…

— Mes parents sont égalitaires, du temps où fallait me donner le bain c’était une fois l’un une fois l’autre. Puis en grandissant toute façon j’ai jamais été bien pudique à la maison.

— Tout de même, se faire trahir par son propre corps, quelle tristesse…

et quelle époque ! On peut plus avoir confiance en personne, pas même envers son propre derrière !


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