Le questionnaire passé par la plume de l’auteure Gwenn A. Elle. Première partie…
. Qu’est-ce qui crée l’étincelle d’une histoire ? Qu’est-ce qui la déclenche ?
NB : J’ai écrit des nouvelles érotiques mais je suis passée à d’autres genres depuis. Je fais la différence avec celui-ci qui pour moi a été “à part”.
Ce qui déclenche une histoire chez moi… Une situation ou une scène que je vais observer, autour de laquelle je vais broder… Ou un sentiment, une émotion… J’ai beaucoup d’imagination.
Mais en ce qui concerne mes nouvelles érotiques, je suis partie des fantasmes les plus répandus (selon des sondages) et j’ai tourné mes histoires de façon à ce que ces fantasmes me semblent “acceptables” par tous (ou presque !).
. Quelles sont les techniques pour « affronter » une nouvelle ou un roman, le poursuivre coûte que coûte et en venir à bout ?
Je tente de rester concentrée dessus, d’écrire régulièrement, jusqu’à le terminer. Et lorsqu’il m’est arrivé de ne pas aimer la tournure que prenait mon histoire, je me suis imposé de continuer… Je suis très exigeante avec moi-même… Mais j’ai aussi été capable de “gâcher” la scène qui me posait problème en introduisant un élément perturbateur, comme un fou-rire !
. Ecrire est un plaisir demandant des contraintes. Comment trouver le juste milieu entre contrainte et plaisir ?
Je me concentre sur le plaisir… J’écris tant que je peux… Et ensuite, je fais face aux contraintes ! Lol !
. Quelles sources d’inspiration pour écrire ? Simplement l’imaginaire, ou bien la vie personnelle, celles des autres, les médias ?
Je m’inspire de ce que je connais : dans ma vie personnelle, ou dans celle d’autres personnes, de mes sentiments et émotions… Et parfois mes personnages m’embarquent plus loin et je suis obligée de me renseigner sur des sujets dont je ne connais pas grand chose. J’aime beaucoup.
C’est comme rendre hommage à notre personnage, et, surtout, c’est une façon de respecter le lecteur en ne lui donnant pas de fausses informations. Mais en dehors de mes livres, lorsque j’écris spontanément des nouvelles, elles peuvent concerner des sujets plus compliqués qui me tiennent à cœur, comme la situation des personnes âgées, la maltraitance,… Et avec humour parfois.
Mais concernant l’érotisme, je me suis surtout inspirée de mon imagination pour créer les histoires autour de la liste de fantasmes que je m’étais imposée.
. On dit parfois que tout roman a un côté autobiographique. Ecrit-on pour exorciser un certain vécu, ou au contraire pour aller au-delà de soi ?
Je n’écris ni pour exorciser, même si ça peut arriver, ni pour laisser une trace. J’écris parce que j’aime raconter des histoires, tout simplement. Et j’aimerais convaincre les non-lecteurs que lire est parfois bien plus distrayant que regarder les écrans…
Mais je pense que sortir des scènes de ma tête et en rougir à la relecture a pu m’aider à relativiser et à prendre du recul. Le sexe est important, et il est en même temps peu de choses… C’est paradoxal.
. Une idée du visage du lectorat ? Est-il simple d’établir une communication avec ses lecteurs ?
Le lectorat ou les lectorats ? (sourire) J’écris dans différents registres et je touche différents profils : ados, enfants, jeunes adultes, seniors… selon mes histoires. Et oui, il est assez facile d’établir la communication.
Quel que soit le genre je crois. Le plus difficile est de préserver le lien. Mais encore faut-il arriver à se faire remarquer, ce qui est compliqué dans la masse des auteurs, et même partout ailleurs (rires).
. Comment accorder la vie d’auteur érotique avec une vie plus classique (de famille , de bureau…) ? Faut-il ou non cacher cette activité littéraire ?
Je n’ai jamais caché mon activité littéraire… Je me suis faite toute petite au départ parce que je ne savais pas si mes textes étaient bons ou pas. Mais je n’ai pas de réel pseudo et j’ai toujours fait la promotion de ces histoires… J’étais fière d’avoir réussi ! Par contre, j’ai été surprise des réactions autour de moi… Tellement de discrétion après le succès de 40 nuances… Je ne m’y attendais pas, d’autant plus que ce livre est bien plus cru et dérangeant que mes histoires tendres !
. Des projets actuels en cours ? Littéraires, ou autres ?
Je suis sur un roman fantastique en ce moment ! Je rêve de magie (rires).
. Les thèmes «sulfureux» sont-ils ton domaine de prédilection ?
Eh non ! Pas du tout ! Je suis tombée dedans par hasard… Je voulais une réaction rapide alors je me suis lancée de ce côté là. Mais je pense en avoir fait le tour…
. Pourquoi avoir choisi cette voie ? Quel a été le déclencheur ?
Je me trouvais à un croisement professionnel et je devais trouver une nouvelle voie. On m’a dit “tu sais écrire, alors tente !” Mais je n’écrivais que des lettres de motivations, des posts sur Facebook et des courriers… Alors j’ai retrouvé deux vieux textes que je m’étais amusée à écrire pour un ami gay et je les ai retravaillés…
. Auteur professionnel, semi-pro, amateur ? Si amateur : l’activité principale est-elle secrète ? Si pro : est-il difficile de vivre de sa plume, de nos jours ?
Semi pro, parce que autoéditée et peu reconnue ? Oui, pour moi, il est difficile de vendre… Ce n’est pas mon truc. Je rêve de tomber sur un investisseur qui serait convaincu que mes histoires valent la peine d’être lues et qui s’occuperait de la promotion ! Ou une grande maison d’édition qui m’éviterait de gérer le volet publicité !
. Cet univers littéraire exige-t-il un pseudonyme, ou doit-on assumer ses écrits quitte à dévoiler son identité réelle ?
Je n’ai pas dévoilé mon identité pour préserver mon intimité. J’ai connu quelques expériences gênantes suite à mes publications, dont des demandes de venir me rencontrer à mon domicile. Mais je ne me cache pas non plus. C’est le risque pour chaque genre finalement…
Merci à l’auteure pour ses réponses. Pour en savoir plus sur son travail, visitez son site. Et rendez-vous sur Plume Interdite pour la seconde partie…