Le questionnaire du site passé par la plume de l’auteure Violetta Liddell. Première partie…
. Qu’est-ce qui crée l’étincelle d’une histoire ? Qu’est-ce qui la déclenche ?
Cela peut être un fait-divers, un témoignage, un article de psychologie, un mythe, une légende urbaine, une autre œuvre de fiction dont je vais m’inspirer, un paysage qui me transporte, un souvenir d’enfance qui me rend particulièrement nostalgique, un rêve ou un cauchemar. Cela m’est arrivé de baser un roman entier sur un rêve ou un cauchemar au scénario très détaillé.
. Quelles sont les techniques pour « affronter » une nouvelle ou un roman, le poursuivre coûte que coûte et en venir à bout ?
Je vous avoue qu’en tant qu’adulte TDAH, je cherche encore la bonne technique… Mais je pense que je commence à appliquer la meilleure : me libérer mes mois d’été (juin-juillet-août) tout en m’extirpant définitivement du mode survie.
. Ecrire est un plaisir demandant des contraintes. Comment trouver le juste milieu entre contrainte et plaisir ?
Cela demande surtout des contraintes à partir du moment où vous comptez en faire une activité professionnelle, donc écrire pour d’autres personnes que vous-même. Le jeu d’équilibriste entre contrainte et plaisir est toujours délicat à jouer. C’est un travail de compromis mêlé de recherche, qui implique non seulement le respect de ses propres idées et convictions, mais aussi le respect des attentes du lecteur.
Pour ma part, j’essaie toujours de ne pas dénaturer mon idée tout en tenant compte du climat socio-culturel dans lequel je me trouve. Je déteste suivre bêtement les modes, mais je pense qu’il faut s’adapter un minimum en tant qu’auteur si l’on veut être bien placé, bien diffusé et bien reçu (ou mal reçu en cas d’ouvrage-choc, ça marche aussi, du moment que le talent est là).
. Quelles sources d’inspiration pour écrire ? Simplement l’imaginaire, ou bien la vie personnelle, celles des autres, les médias ?

Pour ma part, une combinaison d’imaginaire, de vie personnelle, de témoignages et de médias.
. On dit parfois que tout roman a un côté autobiographique. Ecrit-on pour exorciser un certain vécu, ou au contraire pour aller au-delà de soi ?
Très honnêtement, l’écriture m’a toujours sauvé la vie pour ces deux raisons : exorciser un certain vécu tout en allant au-delà de moi. C’est la passion de toute une vie (voire de plusieurs !). J’ai toujours eu besoin d’écrire… Ça a toujours été comme une oxygène. J’écris pour exprimer des choses fortes, pour faire émerger d’autres mondes à partir de pages blanches, pour les partager au plus grand nombre et pour les faire perdurer dans le temps.
. Une idée du visage du lectorat ? Est-il simple d’établir une communication avec ses lecteurs ?
Mon lectorat n’est pas le même en fonction de mes romans… Pour Les Agonies de l’Innocence, j’avoue que je ne me suis pas trop posé la question. Je dirais qu’il n’est pas toujours simple d’établir une communication avec ses lecteurs, surtout si l’on ne peut pas se rendre sur les salons du livre. Certains lecteurs vous écrivent par mail ou par message privé sur les réseaux sociaux, pour vous faire un retour sur votre livre (et c’est toujours un véritable plaisir que de recevoir leurs messages), mais ce n’est pas la majorité. Et pour peu que vous ne soyiez pas très régulière en termes de publications sur les réseaux sociaux…
. Comment accorder la vie d’auteur érotique avec une vie plus classique (de famille , de bureau…) ? Faut-il ou non cacher cette activité littéraire ?
Si vous n’avez pas une vie classique, alors pas de problème ! Je n’ai jamais jugé utile ou nécessaire de cacher mon activité littéraire, excepté lorsque je travaillais auprès d’enfants dans certains de mes jobs salariés. Aujourd’hui, je travaille à mon compte, je ne suis toujours pas mariée et je n’ai pas d’enfants, donc problème résolu 🙂
. Des projets actuels en cours ? Littéraires ou autres ?
Pour les projets littéraires, une saga de sci-fantasy (Fatal Error), un thriller paranormal, et une dark fantasy érotique. Pour la musique, un groupe de glam-punk (Shoot).
. Les thèmes « sulfureux » sont-ils ton domaine de prédilection ?
J’avoue… Ils le sont !
. Pourquoi avoir choisi cette voie ? Quel a été le déclencheur ?
Mon vécu, ainsi qu’une passion dévorante pour la littérature, le cinéma et le jeu vidéo de genre.
. Auteur professionnel, semi-pro, amateur ? Si amateur : l’activité principale est-elle secrète ? Si pro : est-il difficile de vivre de sa plume de nos jours ?

Semi-pro. Je confirme, il est extrêmement difficile de vivre de sa plume de nos jours. A moins de trouver, par un heureux hasard, le thème ou le style qui cartonne auprès d’un public aussi large que possible, ainsi que le support/le média qui convient pour diffuser l’oeuvre sans trop de frais. Le personal branding peut aussi entrer en ligne de compte.
. Cet univers littéraire exige-t-il un pseudonyme, ou doit-on assumer ses écrits quitte à dévoiler son identité ?
Pour ma part, j’ai choisi un pseudonyme, par souci d’éthique personnelle : mes projets adulte seront écrits sous le pseudonyme de Violetta Liddell, mes projets jeunesse sous celui de Vio Indigo. Cela me permet de bien séparer mes deux lectorats.
. En quoi ces lectures peuvent-elles nous faire réfléchir ? Nous ouvrir au monde, aux autres ?
Pour Les Agonies de l’Innocence, je me suis fait reprocher le fait que l’héroïne de la novella Le Vicomte Saint-Rien, qui est une enfant, avait « des désirs sexuels grave aboutis ». Je tiens à dire que pour Le Vicomte Saint-Rien et Le Miroir Brisé, je me suis inspirée de troubles psychiatriques réels. Alors certes, c’est perturbant, mais ça existe. Janelle et Wendyna ne sont rien de plus que des lolitas postmodernes.
Et même sans qu’on ne diagnostique de troubles psychiatriques, chez certains enfants, ça existe. Certaines très jeunes filles peuvent avoir des désirs sexuels aboutis (cela ne veut pas dire qu’elles sont réellement prêtes à les voir se concrétiser), mais c’est un sujet qui reste majoritairement tabou dans notre société. La question de ces fantasmes élaborés chez une enfant est l’un des thèmes majeurs du recueil, mais elle amène ou complète d’autres questions de société, si l’on regarde bien.
Il ne s’agit pas que de sexe pour la provoc. Dans Trois Petits Chats, Le Vicomte Saint-Rien et Le Miroir Brisé, nous avons le thème des vices parentaux : la négligence, l’excès d’autorité, la promiscuité, le fait d’être trop cartésien et de sous-estimer la conscience enfantine, le refus d’affronter les troubles des enfants (notamment ceux qui engendrent de la précocité), le fait d’exploiter les troubles des enfants à des fins abjectes.
Avec ces quatre novellas, j’ai voulu ouvrir mon public à des sujets tabous tels que la pédophilie, l’inceste, la nécrophilie (qui ramène à la domination et à la désacralisation du corps), la maltraitance, l’isolement social, la folie, les violences conjugales faites aux hommes. Je n’ai pas traité le sujet du viol. Mais j’ai voulu montrer, un peu plus subtilement et à travers différents contextes, à quel point les adultes pouvaient déshumaniser les enfants, jusqu’à les faire devenir de vrais petits soldats du Mal.
J’ai donc construit mes intrigues en exploitant soit un élément fantastique, soit un élément médical, soit les deux. J’ai choisi des dénouements à twist pour plus d’impact. J’ai utilisé les points de vue des enfants/de l’adolescente pour renforcer l’impact psychologique et l’empathie chez le lecteur.
Mes collègues Julie-Anne de Sée et Eva Delambre traitent de sujets tels que la soumission féminine, le polyamour, l’amour saphique, la soumission masculine. D’autres auteurs de littérature érotique traitent de vices, de fruits défendus, d’amants maudits. Certains exploitent la réécriture de contes de fées en version dark fantasy. D’autres exploitent la dark romance, d’autres mêlent l’érotisme à des enquêtes policières.
Quel que soit le type d’érotisme, il nous apprend toujours des choses intéressantes sur le climat social actuel.
Merci à l’auteure pour ses réponses. Pour en savoir plus sur son travail, visitez sa page Babelio. Et bien entendu, rendez-vous ici pour la deuxième partie du questionnaire.
