Cette semaine, faisons connaissance avec Wedreca, une auteure que j’ai découverte sur le site de diffusion d’écrits en ligne Atramenta.
. Qu’est-ce qui crée l’étincelle d’une histoire ? Qu’est-ce qui la déclenche ?
Une idée, un fantasme, un titre, une chute… L’étincelle qui fait naître une histoire dans ma petite tête peut provenir de diverses sources. Et quand l’embryon d’histoire ne quitte plus mon esprit et que les répliques commencent à me venir, même sous la douche, alors là, je sais que je dois l’écrire !
N’écrivant quasiment rien d’autre que de l’érotisme, il est clair que l’idée me vient souvent d’une envie ou d’une situation qui m’émoustille à un instant T. Et puisque j’écris à l’instinct, tout ça peut démarrer très vite.
. Quelles sont les techniques pour « affronter » une nouvelle ou un roman, le poursuivre coûte que coûte et en venir à bout ?
Je n’écris pas de romans… tout juste des nouvelles. Et encore… principalement des « petites » nouvelles. Donc, je n’ai pas réellement de problème pour terminer mes histoires. Mais il y en a tout de même une qui m’a fait frôler la page blanche : c’est H2G3, avec ses quinze chapitres. J’avoue que pour certains, il a fallu que je fasse des sacrifices au dieu de l’inspiration.
. Ecrire est un plaisir demandant des contraintes. Comment trouver le juste milieu entre contrainte et plaisir ?
Pour moi, écrire n’est que pur plaisir. Si ça devient une contrainte, alors j’arrête… et j’attends que ça redevienne un plaisir. J’ai la chance d’écrire ce que j’aime, ce qui me fait envie, ce qui me fait vibrer… sans aucune contrainte de rendement ou de rentabilité. C’est pour cette raison que je souhaite garder l’écriture uniquement comme un loisir.
. Quelles sources d’inspiration pour écrire ? Simplement l’imaginaire, ou bien la vie personnelle, celles des autres, les médias ?
Alors, vu le domaine dans lequel j’écris, ma principale source d’inspiration sont mes fantasmes. Mais attention, je parle de fantasmes au sens large. N’allez pas croire que j’aimerais qu’il m’arrive tout ce qu’il se passe dans mes histoires (je suis tordue, mais pas à ce point). Mais dès qu’une idée perverse me passe par la tête, automatiquement, je sens mon cerveau chercher un scénario pour emballer tout ça.
Après, pour certains poèmes ou petits textes, j’avoue que je m’inspire aussi de mon vécu. Mais cela reste quand même à la marge par rapport à l’ensemble de mes textes.
. On dit parfois que tout roman a un côté autobiographique. Ecrit-on pour exorciser un certain vécu, ou au contraire pour aller au-delà de soi ?
Je n’ai rien à exorciser, donc non, je ne peux pas dire ça. Mais je ne peux pas non plus dire que j’écris pour aller au-delà de moi (c’est où ça, au-delà, d’ailleurs ?).
Alors oui, je sens que je m’améliore et que cela m’aide beaucoup à m’ouvrir aux autres. Mais l’écriture reste avant tout, pour moi, uniquement une source de plaisir.
. Une idée du visage du lectorat ? Est-il simple d’établir une communication avec ses lecteurs ?
Le visage de mon lectorat ? Je dirais, en grande majorité, des hommes d’un certain âge. Alors oui, il y a aussi des femmes et des jeunes, mais j’ai quand même l’impression que ce sont plutôt les hommes d’âges plus ou moins mûrs qui recherchent une autre forme de sexualité dans la lecture. Les histoires que j’écris sont assez hard, on ne va pas se le cacher, mais j’essaye toujours de garder une certaine originalité ainsi qu’un certain niveau de qualité dans ce que je propose.
Et pour ce qui est de la communication, étant une vraie pipelette, elle se fait le plus naturellement du monde ^^. Je trouve que les commentaires sont une source extraordinaire de motivation (sans laquelle je n’en serais sûrement pas là où j’en suis).
. Comment accorder la vie d’auteur érotique avec une vie plus classique (de famille , de bureau…) ? Faut-il ou non cacher cette activité littéraire ?
Pour ma part, j’ai décidé dès le début de cacher mon activité d’autrice d’histoires érotiques à mon entourage. J’ai besoin de cet anonymat pour me lâcher totalement et pouvoir écrire le genre d’histoires que j’écris.
Donc, je dirais que je n’ai pas cette problématique d’accorder mon activité avec ma vie réelle. Je profite juste de certains moments libres où je suis seule pour écrire.
Le parcours, le futur…
. Des projets actuels en cours ? Littéraires, ou autres ?
Pas spécialement. Je pense continuer à écrire ce que j’écris tant que je n’en ai pas marre, ou jusqu’à ce que l’envie me prenne d’écrire dans un autre registre, qui sait…
. Pourquoi avoir choisi cette voie ? Quel a été le déclencheur ?
Ah ! Voilà « LA » question !
Le premier déclencheur qui m’a poussée à écrire de la littérature érotique a été l’envie de vivre des fantasmes que je savais irréalisables. J’ai donc commencé à les coucher sur papier (ou plutôt à les taper au clavier).
C’est à partir de là que je me suis rendu compte du pouvoir qu’avaient les mots sur moi. Car plus que de simples histoires, les situations que je mettais en scène ont commencé à m’exciter… au point de… enfin, vous voyez ^^’. J’ai alors découvert dans l’écriture une sexualité à part entière qui reste encore aujourd’hui le principal moteur de ma plume.
. Auteur professionnel, semi-pro, amateur ? Si amateur : l’activité principale est-elle secrète ? Si pro : est-il difficile de vivre de sa plume, de nos jours ?
Je n’écris qu’en amatrice, et suis très heureuse comme ça.
Pour ce qui est de mon activité professionnelle, ce n’est pas un secret : je suis développeuse. Donc rien à voir avec l’écriture, si ce n’est l’utilisation d’un langage pour arriver à mes fins.
. Cet univers littéraire exige-t-il un pseudonyme, ou doit-on assumer ses écrits quitte à dévoiler son identité réelle ?
La question ne s’est pas vraiment posée pour moi. Il m’a tout de suite paru évident que si je désirais être libre de dire ce que je voulais, il me fallait l’anonymat le plus complet. Je suis une personne assez timide et réservée dans la vie, et l’écriture est le canal que j’ai choisi pour vivre les choses les plus extrêmes.
Un jour, si j’écris des choses plus « acceptables », ou du moins plus « classiques », je publierai peut-être sous ma vraie identité… Je ne sais pas… On verra…
La littérature érotique en général…
. En quoi ces lectures peuvent-elles nous faire réfléchir ? Nous ouvrir au monde, aux autres ?
Lire les autres auteur(e)s m’a permis de découvrir certains fantasmes, certaines façons de vivre la sexualité, ou bien même, littérairement parlant, de m’essayer à de nouvelles façons d’écrire.
Lire, c’est un peu goûter à l’autre : ça plaît ou ça ne plaît pas, mais au moins, on a essayé.
. Livre érotique : simple amusement ou bien outil de développement personnel ?
Pour ma part, j’avoue que c’est principalement un amusement. Une sorte de sextoy cérébral, vous voyez. J’écris d’abord pour me donner du plaisir. Et puis, si les autres en prennent aussi… alors là, c’est le kif intégral ! ^^’
. On accuse la littérature érotique… d’avoir un style pauvre, un vocabulaire répétitif et des histoires clichés… et d’être uniquement conçue pour exciter. Accusations injustifiées ? Justifiées ?
Justifié… Injustifié… Je dirais un peu des deux.
Oui, dans beaucoup de cas (je parle surtout des plateformes gratuites de publication amateur), les textes érotiques tombent dans la facilité à grand renfort de descriptions maintes et maintes fois vues. Mais rien n’empêche de se réinventer à chaque fois. Et ce n’est pas parce que les positions sexuelles sont limitées qu’il faut que l’histoire le soit. On peut très bien faire original et excitant à la fois. En tout cas, je m’y essaye du mieux que je peux.
. Un ou deux coups de coeur littéraire, que ce soit en érotique ou tout autre style ?
À vrai dire, je serais bien en mal d’en donner qu’un ou deux, tellement j’aime à peu près tout.
Alors, je citerais « H2G2 – Le Guide du voyageur galactique », écrit par Douglas Adams que j’ai adoré pour son côté complètement barré et qui m’a inspiré « H2G3 – Le Guide de la voyageuse galactique », une reprise (de loin) érotique au féminin.
. Dans un polar ou un livre d’horreur, on prend plaisir à imaginer des choses que l’on n’aimerait jamais vivre. Est-ce également le cas en littérature érotique ? Quel est ce mystère ?
Oui, bien sûr ! Quel auteur(e) de textes érotiques n’a jamais transgressé ses propres limites en termes de sexe. Écrire, c’est aussi explorer ! Et à quoi bon explorer son petit jardinet à la pelouse bien taillée, juste devant chez soi ?
Explorer, c’est tenter des choses… s’imaginer dans des situations… et pour ma part, y retirer un certain plaisir. C’est d’ailleurs la première raison pour laquelle je me suis mise à l’écriture.
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Découvrir les écrits de Wedreca ? C’est ici sur Atramenta.
RDV également sur cet espace avec Wedreca pour la seconde partie de l’entretien !
Merci pour cet entretien-confession… J’aurais pu écrire beaucoup des réponses car nous sommes sans doute nombreux à partager les mêmes motivations.
Ecrire pour soi, partager avec d’autres, lecteurs ou auteurs ; commenter pour remercier, pour encourager, pour progresser et faire progresser…
L’anonymat pour ne pas s’enfermer…
Le plaisir des mots, des idées, des envies…
Je savais bien Wed que ton tour viendrai.
Ça fait plaisir d’en apprendre un peu plus sur toi. Même si, en fait, j’en connaissais déjà beaucoup sur tes motivations.
Merci à Theo pour avoir réalisé cet interview. Je suis pressée de lire la suite.