Plus le moindre centimètre carré de peau inexploré

Une jeune fille passe un moment complice avec… un défunt. Une âme errante, son bien aimé tout juste disparu, qui a décidé de la visiter… de très très près.

« Pardonne-moi mon chéri… j’arrive pas à bien bouger, je vais devoir te laisser faire… sans pouvoir beaucoup agir… »

Son cœur se mit à battre à tout rompe, et

elle souffla pour expulser son trop-plein d’émotions.

Serait-ce pensable qu’il puisse aller encore plus loin, beaucoup plus loin en tous les sens du terme ? Ce serait si beau, si inespéré qu’elle n’osait y croire. L’éventualité était aussi enivrante qu’effrayante. Cela rendrait leur amour plus fort que la mort elle-même.

La position prise, si simple soit-elle, arrangeait tout : dorénavant, la jeune fille n’avait rien d’autre à faire que laisser cette charge de plaisir l’approcher et faire tout ce qui lui plairait. Que Sandrine ne puisse trop maîtriser ses mouvements n’avait plus grande importance : son corps, comme son être, étaient désormais espace d’accueil. L’âme masculine répondit à cette invitation, et s’étendit sur elle de tout son long. De premières vagues de caresses suivirent, démarrant des cheveux pour aller jusqu’au bout des pieds. C’était fou : aucune parcelle de peau n’était ignorée.

L’orteil tout entier était entouré de cette onde, le nez, l’oreille, le sein… et lorsqu’elle passait sur son ventre, la plus petite partie du nombril était explorée.

Aucune main humaine n’aurait jamais pu faire cela. Amaury étant devenu le dieu Shiva, ou était doté de tentacules propres à ces animations japonaises dans lesquelles des extraterrestres soumettent d’innocentes étudiantes aux pires outrages. La petite amie aurait eut peine à décrire fidèlement tout cela. Toute image ne pouvait que s’approcher de ce qui se déroulait sans le refléter pour de bon.

Les caresses furent langoureuses, innombrables,

survolant ses hanches, sa nuque, ses jambes, sa poitrine.

Le garçon était partout à la fois, elle ne l’entendait pas, ne sentait pas son parfum, mais aurait cru pouvoir le toucher ou croiser son regard tant le ressenti était puissant. Pour toute initiative, Sandrine se tortillait en tous sens, presque sans le vouloir, son excitation ayant besoin d’être extériorisée. Elle n’était capable de rien d’autre, à situation exceptionnelle comportement de même, elle qui d’habitude aimait agir autant que lui. L’étudiante comprenait mieux les quelques copines ayant vécu du sexe de groupe, lui confiant qu’avoir des mains en tout endroit sur le corps procurait d’indescriptibles sensations…

Si ce n’est qu’elle-même était en train de vivre quelque chose d’encore mieux, d’encore plus fort. Aucune partouze, pour peu qu’elle en vive un jour, ne lui apporterait jamais autant. Entre elle et lui, le signe du Yin Yang planait.

Elle tout en chair, lui tout en âme.

Elle d’une maladresse inhabituelle, lui d’une habileté absolue.

Bien qu’excellent amant, il n’avait jamais été aussi doué de son vivant. Mais… il n’était pas « mort ». Juste libéré de son enveloppe. Ne plus avoir de corps le rendait plus vivant que jamais.

Les gestes se concentrèrent de plus en plus au niveau du bassin, puis de la vulve. Sandrine savait que le contexte surnaturel rendait inutile qu’elle écarte les cuisses, elle se permit donc le luxe de les frotter l’une contre l’autre pour mieux faire circuler le plaisir. L’âme se posa sur son clitoris et devint plus fraîche, comme si c’était tantôt une langue, tantôt un doigt qui pressait ce point qu’elle aimait tant.

(…)

La respiration était sonore, elle commençait à laisser échapper des sortes de plaintes, et se connaissait trop pour ignorer que cela irait crescendo. La présence de Vanessa dans l’appartement l’incommodait, sans compter les voisins du dessous, au courant de la triste nouvelle, qui l’imagineraient coucher avec un autre quelques heures à peine après le décès. Comment leur expliquer, et qui la croirait ?

De toute façon,

l’envie était trop forte pour qu’elle puisse se réfréner.

Un œil extérieur, s’il y en avait eu un, n’aurait vu ici qu’une belle jeune fille nue, seule, ondulant pendant un rêve érotique… ou plutôt pornographique, car les positions prises étaient de plus en plus obscènes.

Que ce soit utile ou non, l’amante écartait à présent les cuisses. Non pas qu’il ne saurait la pénétrer autrement… elle avait surtout l’intuition que les sensations seraient encore meilleures ainsi. Il n’entra toutefois pas en elle tout de suite, comme pour la faire languir. Comme s’il attendait qu’elle soit presque implorante et suppliante, ce qu’elle était pourtant déjà. Ses parties intimes l’irritaient, avaient chaud. Sans pudeur aucune, l’amante s’écarta les fesses le plus qu’elle pouvait afin de faire respirer son anus, puis fit de même avec ses lèvres vaginales.

Les ondes changèrent de forme. Elles étaient dorénavant comme un souffle de vent mêlé à de l’électricité statique, la rendant encore plus humide.

Le corps féminin fut enveloppé dans une sorte de cocon.

Cette enveloppe magnétique devint chaude. Plus chaude encore, presque incandescente. Comment une telle température pouvait-elle être si plaisante ?

Rien ne l’ébouillantait, au contraire elle vénérait cette chaleur. Le cocon se décomposa : Sandrine eut soudainement froid. L’instant d’après, l’énergie se concentrait sur les tétons. Décidément joueuse… encore plus qu’elle-même. Amaury se jouait d’elle, s’éloignant un peu pour mieux revenir, la frustrant d’abord pour l’envahir ensuite. C’était tout lui, vraiment. L’amoureuse se cambra en gémissant longuement. Ses yeux se rouvrirent et elle observa, fascinée, ses propres membres. Si l’entité restait invisible, son effet se voyait : les bouts de seins gonflaient, pointaient et s’agitaient tout seuls, inexplicablement.

Le bassin bougeait sans qu’elle ait quelque effort à produire.

L’étudiante eut envie de se caresser ailleurs afin de l’accompagner, mais la présence était si omnisciente et comprenait tant ses pensées quelle n’en eut pas besoin. Dès que ce désir lui traversa l’esprit, la chose quitta son corps et se plaça au-dessus d’elle. Transportée d’émotion, ses pupilles se dilatèrent en même temps que son intérieur. Quelle âme splendide son homme possédait-il ! Même sans son physique si craquant il restait empreint d’une ineffable beauté. L’homme aurait été laid de son vivant qu’elle aurait sans doute fini par l’aimer autant, telle Roxanne percevant, en bout de course, la noblesse du cœur de Cyrano.

Ecartant encore davantage, elle eut la certitude que l’âme se préparait… s’apprêtait à plonger en piqué, tel un aigle fondant sur sa proie. A la différence que la proie en question ne demandait qu’à être dévorée.

« Possède-moi… Empare-toi de moi, entre en moi… ».

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