En attendant d’être grande… Il peut s’en passer des choses !

Ma saga « En attendant d’être grande » m’a valu une certaine censure. A moins que l’on doive plutôt dire… « nous a valu ». Car si on inclut notre héroïne Chloé, il s’agit aussi et surtout d’un projet en duo. Imaginaire ou réalité ? Ou bien peut-être l’un imbriqué dans l’autre, qui sait ? Quoi qu’il en soit, découvrons ensemble les toutes premières pages de cette insolente épopée…

 

Lorsque nous avons parlé de ce projet, une écriture à quatre mains nous semblait étrange. L’aventurière, déjà lectrice de mes écrits, m’avait fait lire ses brouillons qui me plaisaient beaucoup. Elle cherchait à ajouter un style supplémentaire… mais aussi à modifier habilement tout ce qui pourrait trahir l’identité de quelque personne, lieu ou événement particulier.

La tâche ne fut pas mince ! Toutefois, après quelques essais, nous voici tous deux convaincus : elle comme moi étions dans une parfaite harmonie littéraire. Au point que nous avons comme fusionné par la plume : aujourd’hui, je ne saurais dire qui est responsable de telle tournure de phrase, telle envolée lyrique.

Malgré cette recherche, l’idée était bien entendu de rester authentique. Conter le beau comme le laid, l’excitant comme le repoussant.

On ne peut réellement dire que le résultat se classe dans la littérature érotique.

Nous sommes plutôt dans une sorte de livre hybride. Récit romancé, roman récité, à chacun de voir. Mais sans plus attendre, laissons la parole à notre Chloé…

Avertissement de l’héroïne

Ceci est mon récit. Celui de ma vie, de ma naissance à… bien, bien après. Chaque année y est explorée sans tabou, en partant de mon instant zéro.

Attention lecteur. Prends garde lectrice !

Tu t’apprêtes à faire ton entrée dans un univers troublant. Ton esprit, tes émotions, sentiments… tout va être titillé, piqué au vif, dérangé.

Au cours de ces lignes, je ne me suis jamais censurée. Pas une seule fois, même lorsque le bon sens me le chuchotait. Tu pourrais m’en vouloir, ou au contraire m’en être reconnaissant. Bien sûr j’ai changé certains lieux, noms, prénoms pour garantir l’anonymat de chacun. Mais je m’en tiens aux faits, rare domaine dans lequel je suis fidèle.

D’ailleurs, je n’ai jamais su inventer de beaux mensonges. A l’adolescence, âge où mentir peut être salvateur, cela me mettra en difficulté. Question gênante de maman, gros yeux ronds en guise de réponse. Non, je n’aurais jamais pu faire carrière dans le crime. Je précise tout cela car tu t’étonneras peut-être du niveau de langage, d’actions et de réflexions des copains-copines et de moi-même.

Question d’époque ! En ces années, on faisait plein de dictées barbantes. On lisait plus qu’on ne regardait la télévision, et puis davantage de sport et d’air frais. Bref, nos caboches et gambettes respiraient, étaient chaque jour stimulées. Le langage, même enfantin, avait un certain niveau.

Nos dessins étaient plus beaux que ceux des mouflets d’aujourd’hui, on savait tracer les bonshommes autrement que comme de grosses patates. Les sous-vêtements de putes ne se vendaient qu’en sex shop, on mangeait moins gras. Il n’y avait pas toute cette bouffe aux hormones donnant des seins aux fillettes d’à peine neuf ans.

Les films X ? Quasiment des légendes urbaines…

De fait, les filles n’avaient pas en tête de sucer et fumer dès l’adolescence pour se sentir grandes.

Il t’est conseillé de lire cette histoire à tête reposée. Une lecture trop intensive risquerait de te faire perdre certaines notions, t’échauffer… te mettre en surdose ? Je te laisse voir… Prends quelques grandes inspirations, cramponne-toi et embarque avec moi dans cette aventure pour un saut sans filet…

Préambule : le jour où je pris ma décision

Un « S », un « A », un « L »… Ce mot, je l’avais souvent entendu. Pour la première fois je le voyais écrit. Que diable pouvait-il vouloir dire ? Les grands l’employaient entre eux, les grandes aussi, parfois, plus rarement. J’ai toujours eu l’oreille fine… Jamais ce terme ne m’avait été adressé. Tant mieux, tant pis, difficile de savoir quand on commence tout juste à lire correctement. Pour être sûre, il avait fallu décortiquer chaque lettre et prononcer à haute voix. Plus de doute, c’était bien ce mot. Son sens m’échappait. Ambigu. Sale ?

Je le pressentais, à la mine grivoise et grimaçante de chaque homme le disant.

Il en est ainsi des noms interdits, on ne les prononce jamais normalement. La dernière fois qu’il était parvenu à mes oreilles c’était dans la rue, lorsque cette jeune fille si jolie avec sa jupe écossaise courte était passée devant un homme, un vieux, la quarantaine peut-être. En la fixant, celui-ci murmura entre ses dents la fameuse appellation en « S ». Le ton était cassant, bien que lancé à voix basse il m’avait comme abîmé les tympans. D’ailleurs, il l’avait susurré comme le serpent dans Robin des Bois, en faisant une sorte de « Ssssss… » perfide.

Ce même langage est revenu, noir sur blanc, couché sur papier dans un magazine à propos de ce qu’aurait dit Willy J. Adams sur son ex, Jennyfer, pourtant mère de ses enfants. Bien que Jennyfer soit une charmante actrice et la fille à la jupe écossaise charmante jeune fille, l’attribut ne résonnait décidément pas comme un compliment.

Des mots dont j’ignorais la signification, j’en entendais matin midi et soir. Souvent, il fallait deviner. Celui-ci me rendait particulièrement curieuse.

J’y supposais un sous-entendu plus ou moins sexuel, ce qui le rendait d’autant plus attractif.

Plus tard, beaucoup plus tard, j’appris à l’entendre tantôt comme la pire des insultes, tantôt comme la plus belle des flatteries… Mais ceci est une autre histoire.

A la maison, on avait un seul dictionnaire. Tout esquinté, édition mille-neuf-cent-dix, que grand-père nous avait légué et qui prenait la poussière en haut de l’armoire. Bah oui, les parents quand ils ne savaient pas, ils faisaient comme moi : ils devinaient.

Ce qui était pardonnable à mon âge l’était moins au leur. Quant au gros livre, me hisser jusqu’à lui était expédition périlleuse. Tant par le risque de chuter que par la rouste qui m’attendait. Dernier recours alors : demander à papa. Comme dictionnaire sur pattes on a vu mieux… on fait avec ce qu’on a.

Quand il lisait les actualités, papa n’aimait pas qu’on vienne l’embêter. Hormis les fois où maman l’invitait à classer le courrier dans la chambre. Là, il délaissait sa feuille de chou même si la Une titrait sur le foot et trottait derrière elle comme un gamin, se dandinant d’un pied sur l’autre, tout guilleret. Je ne saisissais comment on pouvait avoir si hâte d’exécuter tâche si barbante, ni pourquoi cela exigeait de fermer le verrou.

Et surtout, pourquoi n’avais-je le droit ni de classer le courrier avec eux (au moins pour voir l’intérêt) ni de toquer à la porte. J’étais même chargée de répondre au téléphone ! Au moins le courrier ne prenait jamais longtemps à être classé, en cinq minutes c’était réglé. Aujourd’hui, pas de maman pour proposer quoi que ce soit à papa, un journal sur le résultat de la coupe du monde : je le dérangeais. Tant pis, j’étais trop impatiente.

 

— Dis papa, c’est quoi une… « salope » ?

— Une salope ? Mmmm… Comment te dire… ben une salope par exemple, c’est ta cousine Estelle, marmonna-t-il sans détacher les yeux de son canard. Et une vraie de vraie !

 

Ce fut sa seule réponse, et son regard me fit comprendre qu’il faudrait m’en contenter. Estelle ! Estelle mon modèle, Estelle ma grande cousine, aînée et aimée. Si belle, si grande, si chouette. Dès lors, le terme résonnera en moi telle une qualité. Durant une bonne partie de mon enfance, « Salope » est et restera à mon cœur synonyme de « princesse ». Enfin donc tout a commencé en ce jour, lorsqu’on m’a donné cette définition toute personnelle du mot défendu. Si papa avait répondu autrement, qui sait si mon destin n’aurait pas été différent. Car vraiment, Estelle…

Estelle que j’admirais tant, à laquelle j’essayais toujours de ressembler. Estelle ma presque grande sœur, pleine de vie, d’amour et d’humour, que j’étouffais de câlins et baisers en chaque occasion. Une fille qui avait tout. L’apparence, la beauté, l’intelligence et les formes. J’en déduisis que les salopes étaient de belles jeunes filles classes, élégantes, gentilles, pleines de grâce, et pris dès ce jour la résolution de tout faire pour en devenir une moi aussi.

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