Les garçons ne veulent plus jouer avec les filles et ça, Chloé n’aime pas ça…
Extrait de ma saga littéraire « En attendant d’être grande », ou le journal intime d’une aventurière de sa naissance à son âge adulte…
Dans la cour de récré, une petite résistance s’organise. Certains garçons viennent jouer discrètement à nos jeux de filles, et en retour nous laissent venir dans leurs jeux masculins. Ça se fait presque en cachette. En fait non : ça se fait carrément en cachette. Tant qu’à faire, autant prendre le maquis : Clarisse et moi on invite souvent ces garçons-là chez l’une ou l’autre.
Là, on établit que la seule règle est qu’il n’y en a pas. On fait ce qu’on veut, comme on veut tant qu’on le veut, avec le pacte de garder ça pour nous : dès qu’on entre dans mon appartement ou celui de Clarisse, rien de ce qui s’y déroulera n’en sortira. Ce pacte, chacun le respecte, d’autant qu’en protégeant l’autre on se protège soi-même. Les garçons sont aux anges, nous aussi.
Oui, c’est bien de la résistance. Princesses, marchandes, mamans, papas, tout est permis. Il n’est pas rare qu’un garçon veuille alors jouer au docteur. On ne s’y attendait pas et ce n’est pas le jeu le plus passionnant, ceci dit on ne refuse jamais. Les patientes sont presque toujours nous, les docteurs presque toujours eux. On doit être les « clientes » régulières de cinq ou six garçons, et on obéit gentiment à ce qu’ils demandent, ce qui ne varie pas des masses.
Se laisser déshabiller, ausculter, toucher un peu partout pour voir si on respire et si notre cœur bat comme il faut.
Nos garçons résistants sont dingues de ce jeu, Clarisse ne comprend pas plus que moi. Il faut dire que la nudité et le fait de se frotter, ma copine et moi on connaît tellement que ça nous paraît presque banal. Les premiers instants le docteur n’est pas très professionnel.
Comme fou, il se met à agir en transpirant, et plus il nous ôte de tissus plus sa main tremble. Heureusement qu’on est davantage dans une visite de routine qu’une chirurgie de précision. Il fait preuve d’une fausse autorité, comme s’il s’excusait de chaque geste, nous demandant presque la permission d’ausculter tel ou tel endroit. On est dociles, il se rassure, prend de l’assurance et des initiatives. La barbe, eh doc, fais tout ce que tu veux et passons à autre chose ! Alors il fait tout ce qu’il veut, c’est à dire pas grand-chose et vraiment rien de bien méchant (lectrice, lecteur, calme-toi) et voilà le garçon métamorphosé.
Apaisé, souriant. Je ne sais pas d’où vient cette plénitude mais elle fait plaisir à voir. Là, on peut effectivement passer à la suite et on joue aux sirènes et aux marins comme si rien ne s’était passé. Ce n’est que quelques mois plus tard, en y réfléchissant de nouveau, que je saisirai quel prétexte se cachait derrière. Je me souviens en avoir été amusée autant qu’attendrie.
Si ce ne fut pas là des jeux sexuels pour Clarisse et moi, ce fut sans doute les premiers émois de ces copains de jeux.
Je comprends désormais qu’ils ne cherchaient pas une extase ou une excitation particulière, simplement transcender un interdit et assouvir une sorte de besoin. Le fait est que dès sa curiosité satisfaite, le garçon se fichait de nos corps. Il cherchait juste à découvrir, vérifier certains détails peut-être, et certainement pas à nous peloter ou à s’exciter sexuellement.
Ah, le besoin à assouvir, la curiosité masculine… On pourrait se dire que plus tard, ça n’a plus lieu d’être. Eh bien si. La forme change, c’est tout. Dans ma vie de jeune fille, il m’arrivera de céder au garçon exactement de la même manière qu’avec ceux qui voulaient jouer au docteur. Le jeu change à peine, il s’encombre de moins d’auscultations (dans un langage moins petite fille on appelle ça des préliminaires) et va évidemment un peu plus loin.
Oui, ça m’arrivera… laisser le mâle me pénétrer tant qu’il le veut, jouir, se calmer,
afficher cet air angélique et un peu stupide, pour qu’on puisse ensuite passer à des échanges plus intéressants. Cette technique, c’est aussi Estelle qui me l’a apprise. Je te parlerai de ce jour un peu plus tard. Pour une libertine, le comportement peut étonner. Seulement, je n’ai jamais été une frivole compulsive. Le garçon cherchant à coucher comme pour assouvir un besoin pressant n’a rien de très avenant. Généralement je dis non, parfois s’il y a complicité je dis oui, en ce cas uniquement pour lui faire plaisir. Fermons cette parenthèse de mon existence d’adulte.
L’un dans l’autre, ces jeux d’appartement entre copains copines sont les plus beaux souvenirs de l’année. On se déguise, on se prépare des sirops, on joue aux princesses venant délivrer les princes (inverser les rôles, parfois, c’est rigolo), et parfois on prend la douche tous ensemble en fin d’après-midi, quand on s’est fait suffisamment suer pour le mériter. Des instants de liberté précieusement arrachés au crétinisme ambiant… dès le lendemain, les garçons avec qui on a joué la veille redeviennent moutons de Panurge. Je ne leur en veux pas. La pression sociale est plus forte que tout, je le ressens sans pouvoir encore le formuler.
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