Troisième partie de l’entretien avec Max Heratz…
« Les femmes ont subi et continuent de subir le diktat sexuel de quelques hommes. »
. En quoi cette littérature résonne-t-elle avec la société actuelle, à l’heure entre autres d’un certain retour à l’obscurantisme religieux ?
Je crois que le libéralisme sexuel peut effrayer certaines personnes qui trouvent alors un refuge dans la religion. Mais je crois aussi, et l’actualité le montre, que beaucoup de pratiquants sont incultes. Ce sont des imbéciles dont les réseaux sociaux ont libéré leurs paroles et malheureusement ils trouvent leur audimat.
. De quelle façon le monde d’aujourd’hui influence-t-il ton écriture ?
Le monde d’aujourd’hui part de travers. Les femmes ont subi et continuent de subir le diktat sexuel de quelques hommes. La réaction est violente : on régresse à cause de ces gens. Difficile d’aborder une femme dans la rue sans être soupçonné de harcèlement. Il y a des explications à tout cela alors, c’est vrai que mon écriture peut ne pas plaire car je suis de l’ancienne école, de celle qui aime dominer, fesser, fouetter, empoigner les cheveux, ordonner, etc. Et le monde d’aujourd’hui s’éloigne de ces pratiques que je revendique car justement, je suis anticonformiste.
. Que ressens-tu par rapport à tes personnages ? Te ressemblent-ils, te sont-ils opposés ? Sont-ils des amis ?
Mes personnages existent pour la plupart, notamment dans le domaine de l’écriture érotique.
Pour les autres genres littéraires, ce sont des gueules que j’ai croisées dans la rue.
. Aimerais-tu coucher avec eux, ou certains d’entre-eux ?
Si ce n’est pas déjà fait, bien sûr que oui.
Mais en principe….
. Injectes-tu de l’amour dans tes histoires ? Peut-on écrire du sexe sans un gramme d’amour ?
Il y a toujours une histoire d’amour dans mes bouquins.
« Bien sûr qu’écrire peut m’exciter ! Je peux même me masturber après avoir écrit une scène. »
. Ecris-tu en fonction de ce que le lecteur pourrait aimer, ou bien as-tu l’écriture plus intuitive ?
J’ai plutôt l’écriture intuitive. D’ailleurs combien de lectrices m’ont déjà dit qu’elles avaient envie de me baffer ? Pas mal, croyez-moi.
. Comment fais-tu pour mieux vendre, te faire connaître, fidéliser le lecteur ?
Je tourne dans les librairies 8 mois sur 12, 7 jours sur 7 quand c’est possible.
. Si ton œuvre totale pouvait se résumer en un message, quel serait-il ?
Dans le secret des alcôves, on peut toujours se laver les fesses pour redevenir la femme respectable qu’on était avant d’y entrer. (Wélia)
. Écrire peut-il te provoquer une excitation sexuelle ? Et lire ? Rêver ? Imaginer ?
Bien sûr qu’écrire peut m’exciter ! Je peux même me masturber après avoir écrit une scène. ET il en est de même pour la lecture.
Que j’écrive ou que je lise, j’imagine toujours les scènes et je peux même en rêver.
. Si la société d’aujourd’hui était réduite à un couple, quels seraient ses problèmes sexuels ?
L’ennui. Toujours manger dans la même gamelle devient routinier.
. Familles recomposées, sites de rencontres, dénonciation du harcèlement, banalisation de la pornographie… en quelque décennies, notre image du sexe et de l’amour a été chamboulée. Pour le meilleur ou pour le pire ?
Pour le pire. Nous sommes en train de vivre une formidable marche arrière où l’égalité hommes/femmes régresse. De plus en plus de femmes se cachent sous des tenues religieuses acceptant de n’être que des matrices reproductrices sans aucun droits.
En dehors de cela, les jeunes passent leur temps sur leur i-phone au détriment du sexe dont ils se désintéressent. Il faut dire que nous, leurs aînés, ne leur avons pas montré le bon exemple. En prônant la liberté sexuelle, puis avec l’arrivée d’internet, les rencontres extra conjugales ont explosé et les couples avec. L’image renvoyée est donc la négativité de cette libération qui a conduit à un nombre record de divorce dont les enfants de ces couples ont été pris dans les bourrasques de la réglementation du droit de garde. Je pense que cet épisode traumatique de leur vie agit négativement sur l’image qu’ils perçoivent du couple, des rencontres en général et de la sexualité en particulier.
. Que faire face à cette misère sexuelle touchant toutes les couches de la population ? Pourquoi tant de laissés pour compte ?
Je crois qu’il faut d’abord apprendre à accepter qu’une partie de la population n’aime pas le sexe et qu’on leur foute la paix sans les juger.
Ensuite, il faut durcir et appliquer sans ménagement tout ce qui est harcèlement sur les femmes.
Enfin, il faut arrêter de se prévaloir en fonction de ses préférences sexuelles. Il est très tendance de parler de sa sexualité, surtout de son homosexualité. Aujourd’hui on est presque gêné d’être hétérosexuel. Bientôt, on avouera honteusement l’être.
En résumé, on n’a pas à savoir qui est homo, bi ou hétéro. Moi j’aimerais qu’on vire les gens de leur boulot quand ils en parlent publiquement, surtout quand ils sont connus du grand public.
« En cas de guerre on a toujours considéré la femme comme « prise de guerre »»
. Le pouvoir et l’argent, formidables alliés sexuels : vérité dérangeante ou affreux cliché ?
C’est une vérité. En même temps c’est logique. Il y a une blague que j’aime bien et qui dit que si 50 Nuances de Grey se passait dans une caravane de Roms, ce serait un thriller. Je crois que ça résume bien les choses.
Il faut avouer que, quand vous voulez offrir une soirée, il faut avoir un budget minimum. Si vous allez en club et que vous radinez sur les bouteilles de champagne vous ne ferez guère de rencontre.
On ne demande pas d’être propriétaire d’un hélicoptère non plus mais une vie libertine ne se vit pas sans moyen. Un week-end dans des lieux prévus à cet effets se paie, comme le reste.
. Innombrables femmes harcelées au quotidien, un peu partout et depuis très longtemps : montée en épingle de cas isolés ou triste phénomène de société ?
C’est un triste phénomène de société qui a toujours existé, c’est malheureusement dans les gènes de l’homme. Pourquoi ? Parce l’homme est un guerrier, un conquérant et la femme une citadelle à prendre. En cas de guerre on a toujours considéré la femme comme « prise de guerre ». Mariée de force, violée, mise en esclavage, vendue, elle a toujours été réduite au rang de marchandises. Cet état d’esprit est resté chez les gens qui vivent encore au Moyen Age, mais aussi dans les gènes de certains autres tel un héritage.
Je crois qu’en donnant plus de pouvoir aux femmes, tant politique que policier, législatif ou tout autre domaine décisionnaire, les choses pourraient évoluer dans le bon sens.
. Toujours passer par la séduction, la drague et la discussion pour en venir au sexe : hypocrisie à proscrire ou jeu charmant ?
C’est évidemment un jeu charmant ! Quand arrive le sexe, alors c’est la victoire !
À suivre…
En attendant, retrouvez ici les ouvrages de Max Heratz.