Voyeurisme d’été

Les vacances, souvenirs d’enfance… petit séjour avec tata Marthe, cousine Estelle et copine Clarisse, dans une petite maisonnette louée pour l’occasion.

Extrait de ma saga littéraire « En attendant d’être grande », ou le journal intime d’une aventurière de sa naissance à son âge adulte…

 

Les vacances sont la plus belle invention du monde. Dix jours pour se remettre et respirer !

On dirait presque des vacances d’été tant il fait beau. Les parents partent chacun de leur côté et se cotisent pour louer une petite maison à Marthe, près de la côte. Tata ne se plaint pas, moi non plus. Je parviens même à convaincre la maman de Clarisse de la faire partir avec nous. Ô ma Clarisse, ô ma tata, ô mon Estelle, comme la vie est belle et douce en votre compagnie.

La maison est grande, aérée parce que vermoulue, c’est parfait. Estelle fait pétarader sa mobylette pour aider à l’animation d’un camp scout au bord de la mer. Elle partage son temps entre nous et le scoutisme. On l’interroge beaucoup sur ces activités, elle nous apprend tout un tas d’astuces. Se repérer en forêt, connaître les phases de la lune, différencier les chants des oiseaux.

Maman pense que le scoutisme c’est dangereux du fait qu’on s’y débrouille avec les moyens du bord et qu’on y développe l’autonomie des enfants. Elle n’a jamais voulu m’y envoyer malgré mes demandes répétées et celles de Marthe. Faut dire, c’est une branche nommée les « Scouts des sentiers », moitié tradi, moitié baba. Un mélange des genres comme seules les années soixante-dix savent le faire. La maman de Clarisse serait d’accord… sa fille refuse d’y aller sans moi. « D’ici un an ou deux je suis sûre que vos deux mamans accepteront », nous dit Marthe.

On lui demande de nous envoyer deux trois jours discrètement au camp d’Estelle, rien à faire, tata ne veut pas contourner les consignes parentales. La bâtisse compte un jardin avec piscine. Si ! Elle n’est pas bien grande mais rien qu’à nous. Quand on y nage à quatre on s’y cogne, n’empêche qu’on s’y amuse drôlement bien. Tout autour de nous, d’autres petites maisons de vacances.

Chaque jardin est séparé des autres par des planches en bois, toutes du même acabit : vieilles et mal assemblées. La typique zone de locations pour vacanciers pas trop friqués, permettant de se donner tout de même quelques grands airs. C’est fou comme les classes sociales cherchent à s’imiter les unes les autres. Tata n’a pas regardé ça, elle a pris ce qu’il y avait.

Nous sachant désormais un peu trop âgées pour certaines libertés, elle voulait de préférence une petite piscine privée… bingo.

Se désolant qu’il y ait autant de vis-à-vis, on lui dit de ne pas s’en inquiéter. « C’est pour moi que je m’inquiétais ! », répond-elle sans plaisanter. Égoïstes que nous sommes !

Oh certes, ce ne sont pas de vrais vis-à-vis. Théoriquement, il n’y en a même aucun…C’est ce que disait l’annonce. Seulement, des planches vermoulues à ce point, c’est comme un gruyère avec plus de trous que de fromage. Des planches qui me permettent d’endosser, dans un premier temps, le rôle de la voyeuse. Les éléments sont inversés.

Il y a un bel homme, et aussi deux frangins à peine plus grands que nous. Je les observe se changer, ou sortir de leur douche. Ils sont loin d’être déplaisants, pourtant les voir ne me fait rien. En principe je devrais aimer. Estelle me dit que c’est une alchimie. Si j’ai bien compris, il s’agit d’une chimie pas normale. Un coup, tout est réuni pour que ça se passe et rien n’arrive. Un coup, rien n’est réuni et ça survient. Tout ne serait donc pas uniquement question d’occasions.

Il en serait ainsi, dans la vie, pour à peu près tout, et c’est ça qui rendrait l’existence si surprenante.

Ce qui veut dire que le plus insignifiant des garçons peut s’avérer prince charmant, et le plus attirant peut n’être qu’un mufle.

Si Estelle dit vrai, l’amour c’est vraiment compliqué. Selon sa théorie, ce que j’ai vécu avec Julius (désolée, pour l’heure je n’ai pas des dizaines d’exemples) serait donc tant affaire d’occasions que d’affinités. Et peut-être n’aurais-je rien vécu de pareil avec un autre. En même temps, ça peut vouloir dire qu’avec cet autre, c’aurait été bien mieux.

De voyeuse, je repasse vite au statut de celle qui se montre. Finalement, c’est ce rôle-là qui me convient mieux, aux voisins aussi je crois. Les filles exhib’ et les garçons voyeurs, c’est dans l’ordre des choses : chacun à sa place. Clarisse, comme toujours, m’imite sans rien calculer. La copine m’inquiète, pour elle on vit dans un monde tellement Bisounours qu’elle pourrait suivre n’importe quel prédateur sans voir le danger. On court, on rit, on nage, les frangins matent.

Public restreint, public tout de même. Mon amie a beau être maladroite, quand elle veut apprendre elle y arrive tôt ou tard. Elle nage bien mieux qu’auparavant, je tique un brin. C’est sans doute idiot, je tiens à toujours avoir une petite longueur d’avance. Les baignades nous accaparent tant que j’y songe de moins en moins. Ah, ça !

Malgré toute ma volonté pour donner une touche perverse à ces vacances, je fais chou blanc.

On dirait que les braises brûlant en moi sont assoupies.

C’est mieux ainsi, d’ailleurs je ne veux pas reprendre les jeux de strip-tease avec Clarisse. J’ai envers cette dernière une sorte de sentiment maternel, comme si je cherchais à la protéger. Ça ne nous empêche pas de danser à poil car danser on a toujours aimé, mais discrètement derrière les quelques planches qui tiennent à peu près. Tata aime nous regarder et nous met nos musiques préférées. On lui rappelle son enfance.

 


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