Entretien avec l’auteure June Summer

Poésie, prose poétique, écriture fine… J’ai beaucoup apprécié la plume de June Summer. Découvrons-la ensemble dès à présent. Après lecture de son livre, voici les questions que son style m’a inspiré…

Qui est la Claire de ton roman, est-ce toi ?

Comme beaucoup d’auteurs, je m’inspire de mon vécu dans mes livres, sans toutefois en préciser  les détails… Claire est un peu moi, et beaucoup de mes lectrices me confient s’y retrouver aussi. Je pense que c’est un « archétype », qu’elle incarne le vécu de nombreuses  femmes mariées en « voie de garage », qui suite à un déclic particulier, osent faire le pas de devenir « Elles », avec parfois un prix assez lourd à payer, mais dans le but de s’épanouir personnellement, amoureusement, sensuellement, et d’être libres !

Peux-tu nous dire quelques mots sur ce que tu fais dans la vie, ton quotidien, ta situation ?

J’ai la cinquantaine, je travaille dans le social, et après avoir élevé mes enfants, me suis passionnée pour l’écriture. J’aime écrire des histoires « érotiques-romantiques », des romans de femmes, des nouvelles fantastiques, et de la poésie Je me passionne toujours pour les relations humaines, les histoires d’amour.

J’aime décrire l’érotisme de manière élégante, poétique, esthétique, dans une vision d’épanouissement des êtres.

Je vis en Suisse, dans un cadre naturel, entourée d’amis, d’enfants, et d’animaux. J’ai un compagnon qui m’accompagne dans mes découvertes, et plaisirs de la vie.

Le sexe se vit-il différemment en Suisse qu’en France ou ailleurs ? Si oui, de quelle façon ?

Je ne crois pas qu’il y ait des grandes différences, nos amis français et nous, vivons leur sensualité un peu de la même façon, mais les Suisses étant plus réservés, nous n’en parlons pas autant, ce qui ne veut pas dire que nous le pratiquons moins ! J’ai connu des clubs et lieux de sorties particulièrement originaux que bien des Français nous envieraient ! (Je parle pour la partie francophone de la Suisse !)

Le cap d’Agde dont tu parles dans certains écrits est-il pour toi un fantasme, ou bien est-ce du vécu ?

J’ai été au Cap plusieurs fois en couple. J’ai vraiment observé tout ce que je raconte dans « Aventures libertines, le Cap ! Ce n’est pas un livre fantasmatique, comme d’autres de mes ouvrages qui sont moins axés sur la réalité. Dans ce livre, certains lecteurs relèvent la justesse de mes analyses, de mes explications sur le contexte local, que certains notent comme « sociologiques- érotiques ». Je suis fascinée par la vie de couple, et cet endroit est un révélateur extraordinaire ce tout ce qui peut se passer pendant ce genre de séjours… Comme toujours, je ne préciserai pas si  j’apparais dans le livre, et puis,mes lecteurs attentifs remarquent certains détails qui leur donnent des indices…

Dans « Les interdits de Claire », j’ai beaucoup aimé ta façon d’écrire. Sensible, poétique, une vraie romance…

Merci !!! Ca me fait plaisir, surtout venant d’un homme. Certains mecs n’apprécient pas toujours la poésie…

Et pourtant érotique… Cherches-tu à écrire avec poésie ? Comment te viennent les mots ?

Les « Interdits de Claire » est mon premier titre, totalement inspiré dans une folie d’écriture en feu continu, si j’ose dire. J’ai vraiment senti l’inspiration m’envahir, et les rimes et poèmes sortaient de ma souris comme par magie. Il faut dire que j’étais en état de passion amoureuse, totalement exalté… Mdr…  Je n’avais pas choisi d’écrire en poèmes, mais mes sentiments étaient si fort, si intenses, transcendants, que j’en ai éprouvé le besoin, l’évidence. J’ai écrit, et je le fais encore, en autodidacte complète. J’ai une bonne formation littéraire, j’ai énormément lu, et ma formation sociale m’a exercé à suivre le fil d’un raisonnement. Pour les mots, je laisse aller mes doigts sur le clavier, l’esprit relié à mon feeling. Je crois sincèrement être inspirée. J’ai écrit des poèmes dont je suis encore très fière actuellement, dont « la Vague », qui a une structure totalement originale inventée spontanément.  Actuellement, j’écris de manière plus rationnelle, car je maîtrise mieux les outils. J’intègre encore parfois des vers ou fragments de poésie dans mes textes. Je cite souvent des chansons et des références pour donner à mes lecteurs de quoi alimenter leur pensée. Mon érotisme est sensuel, ludique, instinctif, intelligent ! (Enfin, je l’espère…)

Toujours dans le même roman, j’ai un peu moins aimé le déroulement global : certes plaisant mais peu surprenant. Est-ce pour toi une critique censé ou injuste ?

Je l’admets volontiers, cela ne me dérange pas, c’est tout à fait juste.  En fait, Mon but premier avec ce livre n’était pas de créer le suspense, de construire une intrigue surprenante. Plutôt de décrire, magnifier les états amoureux, sensuels, romantiques, relationnels, d’inspirer les lecteurs pour vivre eux aussi de beaux moments intenses. Je voulais décrire ce que ressentait Claire, une femme qui se découvre… et se lâche pour devenir Soi…

Claire est une femme sage qui se découvre aventurière. Une sorte de métamorphose… est-ce selon toi le cas de beaucoup de femmes ? Une femme sage est-elle une libertine qui s’ignore ?

Claire a été un peu … boulimique d’expériences… Toutes ne le vivent pas ainsi follement…  Mais je pense que beaucoup de femmes passent une période sensible vers les 40-50 ans, comme les hommes d’ailleurs. De nombreux couples ronronnent dans une routine qui endort leurs êtres, et soudain, il y a un appel… vers l’amour, la sensualité, la Vie ! Il serait utile de le savoir, et d’en parler en couple avant que cela n’arrive, pour vivifier la sexualité entre les deux partenaires, au lieu de se voiler la face, de se croire à l’abri… Je transmets toutes ces idées.

 Ce personnage pense avoir oublié des éléments sulfureux de son existence… qui en fait étaient tout sauf oubliés. Est-ce un point de vue fataliste ? Sommes-nous, au fond, dans l’impossibilité d’oublier les expériences inachevées ?

Je ne sais pas… Question ouverte et fort intéressante… Je pourrais  y consacrer un jour un livre… Les démons intérieurs ne meurent jamais vraiment, non ?

 Les poèmes en rimes du roman sont-ils de toi ?

Bien sûr, je les revendique ! Je sais que les puristes littéraires pourraient ne pas apprécier, car je n’ai suivi aucune règle de construction de poèmes, seulement mon ressenti !

 Quelle peut être la place de la poésie dans la littérature érotique ?

Je ne suis pas la seule je crois, à avoir eu envie de transmettre les émotions et ressentis de cette jolie manière. Le souci est que le public n’apprécie pas forcément et peut en être rebuté. Ma première maison d’édition m’en a fait tout retirer, et j’ai du négocier pour en conserver des extraits.  Je pense aussi que parfois, on s’exalte dans ce genre d’écriture, et cela peut devenir agaçant à la lecture, il faut faire attention au dosage !

Souhaites-tu rester totalement indépendante, ou préfères-tu avoir tes écrits gérés par un éditeur classique ?

J’ai quitté un éditeur numérique pour justement pouvoir écrire comme je le sens, comme je le veux. La liberté est un merveilleux élixir qui me transporte, comme l’Amour et la Sensualité. D’ailleurs, ils vont très bien ensemble ! Mes trois ingrédients préférés !

Par contre, si je trouvais un jour une édition intéressée par ma démarche et respectueuse de mes désirs d’expression, je serais ravie ! Cela m’aiderait à me faire connaître et à diffuser mieux mes textes !

Qu’est-ce qui nous fait peur au quotidien ?

Grande question. Tu parles du couple je suppose ? Selon mon expérience, ce qui fait peur, c’est l’Inconnu. Quitter une sécurité rassurante pour quelque chose qui pourrait précipiter dans l’insécurité.  Alors certains restent en couple pour de mauvaises raisons : par peur, aveuglement, lâcheté, crainte, paresse, pour les enfants et la famille…  Ils taisent leurs aspirations, ils rétrécissent… Ou  vivent au ralenti, ou encore tombent parfois malades…

Qu’est-ce qui nous empêche de nous lâcher, de nous épanouir sexuellement ?

Plus j’écris de l’érotique, plus je réalise combien notre société est réductrice en ce qui concerne le plaisir, le corps, les jouissances. Il y a vraiment un grand carcan qui musèle les êtres, c’est assez fou. Et surtout le plaisir féminin, si mal connu, pourtant si intense, grandiose, transcendant.  Les femmes ne le savent pas bien, se connaissent peu, et on ne peut pas dire que ceci se développe actuellement si on observe les actualités politiques. Il y a aussi des peurs inconscientes liées à l’autorisation de se donner du bonheur, d’être libre… OSER se lâcher, c’est risqué, ou va-t-on ensuite ? La société perd ses repères traditionnels…

 Ressembles-tu à la photo de la page d’à propos de ton site ?

 C’est moi : (note de Théo : June a joint la photo ci-dessous à sa réponse)

Apparais-tu en personne en photo sur certaines de tes couvertures ? 

Cela m’arrive, j’ai aussi des ami-es qui ont participé à certaines photos. J’ai beaucoup de plaisir à concevoir moi-même mes couvertures ; elles ont toutes une histoire qui je crois se perçoit à la lecture de mes livres… Surtout elles transmettent exactement ce que je veux comme je le veux, dans cet esprit de liberté, sensualité, et d’esthétisme auquel je tiens.

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