Chloé dialogue avec tata sur la communauté autogérée fréquentée cet été…
Extrait de ma saga littéraire « En attendant d’être grande », ou le journal intime d’une aventurière de sa naissance à son âge adulte…
– Au-delà, on tenait à transmettre des valeurs à nos enfants. Leur enseigner le respect, l’amour de la nature, le goût du travail, la solidarité… tout ça, on n’y parvient pas sans autorité. Il a donc fallu sévir un minimum.
– Vous avez bien fait de nous encadrer. Autrement y’a même des grands qui pourraient s’en prendre aux enfants, je le sais.
– Il est bon d’en avoir conscience. Et les enfants peuvent aussi se faire du mal entre eux.
– Moi, ce que j’aime surtout aux Trois Chèvres, c’est qu’on peut avoir autant de mamans et de papas qu’on veut.
– C’est vrai qu’ici, la plupart des adultes participent à l’éducation des enfants d’une façon ou d’une autre, que ce soit les leurs ou non. On a conservé des traces de matriarcat.
– Est-ce que tu crois qu’on pourra toujours résister au monde moderne ?
– C’est nous le monde moderne. Le monde nouveau, le monde de demain. L’ancien monde, c’est eux ! La société du nouveau et du soi-disant progrès, la société de l’électronique et de l’industriel. Tu verras, ça fera son temps et ça s’effondrera. En attendant, c’est pour ça que notre structure est si fragile.
– Fragile ? Je la trouve solide.
– Ce n’est qu’une apparence.
On fit silence quelques instants. Le tissage était bientôt achevé.
– Et le sexe ? Osai-je enfin dire.
– Quoi le sexe ? Répondit-elle en riant.
– Dans tous les petits groupes babas par lesquels tu es passée, tu as dû en voir des vertes et des pas mûres, non ? Vous avez pas mal de périodes des amours, à ce qu’on dit.
– Des périodes des amours plus anarchiques que celles des animaux. L’horloge biologique n’est pas la seule actrice. Il y a aussi le climat qui se crée entre nous, la température, une magie qui se développe. Ça peut partir d’un rien, d’un sourire, d’un regard. Alors dans le groupe, l’amour se vit avec un grand A. On fait l’amour. Pour un oui ou pour un non, ou sans un mot. Une belle peut aimer un laid, une fine, un gros, ou vice versa.
Il n’y a plus de jeu de séduction comme on l’entend couramment.
Il suffit qu’on ressente une envie, une tendresse chez l’autre, pour fondre et se donner à lui. Seule compte la complicité. Plus besoin de draguer, de se parer d’artifices. J’ai fait, et vu des choses incroyables. Comme ce gros maladroit de cent kilos, certainement rejeté dans la vraie vie, et qui a passé des nuits entières à coucher avec deux superbes créatures d’un vingtaine d’années. Avec de petites doses d’amour comme celles-là, il n’y aurait plus de prostitution. Peut-être bien même, plus de viol ni de meurtres.
C’est drôle, ses mots ressemblaient à ceux de Sandrine. Cette dernière avait compris beaucoup, beaucoup plus que je ne l’aurais cru. Je trouvais Marthe trop modeste. Non, pas d’erreur, elle était bien dans le vrai, à cent pour cent. Il me faudrait encore quelques années pour comprendre qu’effectivement il n’y a aucune vérité absolue.
– C’est vraiment à contre-courant du monde extérieur, tata, ce qu’il se passe dans toutes ces petites communautés…
– Est-ce que ça te choque ?
– Au contraire, c’est beau. Tu as raison et j’y crois à fond. Tu es dans le vrai.
– Personne n’est dans le vrai, ma petite Chloé. Nous sommes tous dans l’erreur, car trop imparfaits pour respirer la vérité. C’est juste qu’il y a des traces de vrai dans ce que je dis, et c’est déjà beaucoup.
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