Chloé et Sandrine ont vécu leur premier câlin intime : entre elles.
Dès le lendemain matin, Sandrine et moi étions de nouveau réunies. Bien sûr, nous aurions pu faire comme si rien ne s’était passé. C’est courant dans ces cas-là, paraît-il. Si l’on n’en fit pas un débat, on ne fit pas non plus silence sur le sujet. En se baladant près de la plage, on en discuta.
– Tu sais Chloé, maman elle nous en aurait pas voulu si elle nous avait vus.
– Pourquoi toutes les mères du monde sont plus cool que la mienne ?
– Elle sait qu’on est à l’âge des expériences. D’ailleurs quand elle m’a trouvée à poil avec les deux cousins, ça n’a pas été une catastrophe. Tu sais, j’aime les garçons. Les filles, c’est pas pareil.
– C’est… comme tu dis, juste une expérience. Moi aussi j’aime les garçons.
– Je t’aime beaucoup Chloé sans ça, j’aurais jamais rien ressenti, et j’aurais jamais eu cette pulsion.
– Combien de temps elle met ta mère, pour faire des crêpes ?
– Hein ?
– J’ai l’impression que toutes les deux, ça a duré une éternité. Alors que quand on… s’est rapprochées, elle avait déjà dû les commencer, les crêpes.
– J’imagine que ça a été plus court qu’on l’a cru.
– Vingt minutes, grand maximum.
– Oh, non. Moins.
– Dix minutes ?
– Peut-être bien. Ou moins encore.
– Pas moins, impossible. Quinze, même, je dirais.
– Je n’en sais rien. Peu importe.
– T’as raison, peu importe. C’était l’éternité. Comme un moment de prière. Ça dure une seconde ou un siècle, ça revient au même, car le temps s’arrête.
– Oui, enfin, on a l’impression qu’il s’arrête.
– Peut-être qu’il s’arrête réellement. Scientifiquement, ça s’explique. Un truc métaphysique, ou quantique.
– Je comprends rien à ces termes.
La conversation en resta là. La suite de mes réflexions, je la gardai pour moi. Qu’en conclure ? Qu’on avait le droit à des expériences entre filles, tout en aimant les garçons. Qu’il est compliqué d’être concentré sur le plaisir de l’autre, en s’occupant de soi-même. Qu’une expérience avec son prochain valait cent expériences avec soi-même. Quoi d’autre… Ah oui, et aussi qu’il n’y en avait eu que pour elle. Si notre ultime câlin était donnant-donnant, tout le reste avait été à sens unique. Ce n’est pas grave, et je ne vois pas Sandrine comme une égoïste. Malgré tout, ça me frustrait un peu.
Pour découvrir dès à présent les cinq parties des aventures troublantes de Chloé…
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