Collégienne rêveuse… et fantasmeuse

Extrait de « En attendant d’être grande », partie 4. Chloé, désormais collégienne, se demande de quelle façon elle va vivre de nouvelles aventures cette année…

 

Dring ! Oh non, encore ! Où suis-je ? Ce n’est pas le réveil matin. Je suis vêtue, assise, en tenue de ville… ah ben oui, en classe, et c’est la fin des cours. Lorsque j’ai entendu mon nom à l’appel j’ai répondu « présente ! » bien qu’absente toute l’heure durant. Je rêvasse trop, les premiers contrôles vont arriver, je dois me ressaisir. Ici tout va trop vite. Ce bâtiment est immense. Certains élèves l’appellent « l’usine », les plus farouches « l’abattoir ».

J’opterais plus pour « la fourmilière ». Tout va trop vite, oui, les groupes sont en train de se constituer et je ne dois pas louper le coche. Le microcosme des petits bourges se dessine, celui des intellos littéraires, des rebelles fumeurs, des beaufs aux blagues salaces. On compte même des blousons noirs et des hippies. On m’a plus ou moins cataloguée baba. Et vlan, une étiquette !

Je n’aime pas les étiquettes, ni l’influence baba que Marthe essaye d’avoir sur ma personne.

Je fais tout pour éviter les pattes d’eph, cheveux en bataille et pendentifs. Ceci dit rien à faire, deux mois à temps plein chez les hippies il m’en est resté quelque chose. Je suis aussi la « féministe » de service, sans trop savoir pourquoi on m’a affublé cet attribut. Il faut dire que le « combat des femmes », très à la mode, n’avait pas beaucoup touché les cinquièmes B, ni l’ensemble du collège. Quand je me regarde dans le miroir, je ne vois pas en quoi je serais si définissable… Aussi me faudrait-il arrêter de m’observer nue, sotte que je suis, ce n’est pas ainsi que je comprendrai.

 

On trouve aussi des enfants sans genre particulier, dont certains ne complexent pas de leurs petites bouilles ni de leur âge, se laissant aller aux gamineries de primaire. Si je me retrouve un peu en chacun, vu le retard pris il me faut une approche. Alors, je m’immisce chez les enfants de babas. Je pose des questions sur les profs, les devoirs, ce qu’il y a à réviser. Avec eux je parle écologie, politique, communautés autogérées.

Surprise, on est pendu à mes lèvres.

La description (censurée) de mon été impressionne. Quelques jours plus tard je me fringue mieux, plus glamour. Brouillage de cartes ! Un jour lambda, le lendemain sexy, le surlendemain baba. Incarner un personnage à cent pour cent, c’est bon pour l’adolescence. A seize ans j’aurai tout loisir d’être une corbac ou une hippie à la con. Je préfère être passe-partout, cela fait de moi une fille insaisissable. Je réponds un peu au prof mais pas trop, sérieuse juste assez, notes correctes sans être première, aimant les blagues, rigolant facilement… L’opération fonctionne pas mal, me voilà acceptée dans tous les groupes.

 

Championne la Chloé ! En deux semaines à peine je ne suis plus invisible. Je deviens Chloé, la rigolote que tout le monde connaît. Le nombre de copains-copines dépasse enfin les doigts des deux mains, quelques vraies amitiés débutent. Heureusement, sans Clarisse j’allais dépérir, quelque part ces camarades sont des patchs. Oui, l’amie de mon cœur est entrée en sixième dans un autre collège. Au début on le vivait comme une catastrophe. Maman a dit que ça nous fera du bien. Je ne l’ai pas crue, jusqu’à ce qu’Estelle et tata disent pareil. Plus l’année avancera, plus je réaliserai que cette séparation en valait la peine.

 



 

(…)

Un autre passage du même ouvrage.

 

— T’as eu l’idée qu’il fallait ! Tu vas voir Chloé, maintenant te voilà prête à entrer dans le jeu de séduction.

— N’empêche ! L’idée de base de Clo, je la trouve toujours aussi bizarre.

— Laquelle ?

— Avoir « envie » ou « besoin » de tomber amoureuse.

— Et pourtant rien de plus naturel. Elle a raison, c’est le bon moment.

— Pourquoi maintenant serait un meilleur moment que plus tard ?

— Parce que plus tard les relations se compliquent. On prend tout beaucoup trop au sérieux.

— Mais je prends tout ça très au sérieux !

— Oui ! Oui bien sûr Clo.

C’est dans notre nature à nous les filles, on prend toujours tout bien trop au sérieux.

— Sauf toi.

— Entre maintenant et vos dix-huit ans vous avez besoin de vivre quelques histoires belles ou déchirantes, qui vous feront mûrir. Autant s’y mettre tout de suite.

— Cousinette, tu me disais que les filles oubliaient du jour au lendemain.

— Et alors ?

— Tu te contredis.

— J’y peux rien les filles sont comme ça ! On est à fond amoureuses et puis ensuite on zappe. Quelque part c’est notre force.

 

Après ce retour aux sources, la magie opéra d’elle-même. Je m’aperçus que depuis plusieurs semaines, un copain de classe m’attirait, Jérôme. Je ne cessais plus de lui faire les yeux doux. Une ou deux copines, mises dans la confidence, en sourirent. Elles l’avaient remarqué depuis le début, comme toute la classe. Celle qui se croit discrète et ne l’est jamais (ou rarement), ne cherchez pas c’est Chloé. Un comble, tout le monde savait avant moi que j’étais, MOI, attirée par ce camarade !

Sans blague, jusqu’alors ça n’avait été qu’inconscient. Combien d’actes aussi voyants avais-je ainsi commis au cours de ma vie, sans même le savoir ?

Bref, Jérôme me plaisait et c’était incompréhensible.

Il n’avait rien de particulier. Physiquement pas mal sans être le plus beau du monde. Côté charme, à niveau mais pas exceptionnel… Bon copain, sympathique. Qu’avait-il d’autre ? Mèches brunes bouclées, petit air vaguement ténébreux, jolis yeux, plutôt bien bâti pour son âge, grand et mince tout en étant musclé.

Il aimait le sport, s’habillait pas mal (ou plutôt ses parents l’habillaient bien), chemises et pantalons de marque, repassés, source de vannes et d’admiration des copains. Quoi de si incroyable ? J’imagine que ça me suffisait, que j’en percevais le charme et l’attrait nécessaires. D’autres que lui avaient des muscles, de la sympathie, de la fringue et du charme. Sa seule vraie singularité était qu’il m’attirait. Concernant le « pourquoi » nous en revenions au point de départ : la question était sans réponse.

 

On dit que l’amour c’est justement lorsque ça ne s’explique pas : j’étais sur la bonne voie.

Pour Clarisse et Estelle j’essayais trop d’analyser, et étais trop sévère envers lui. Il est normal à cet âge de ne pas avoir de personnalité bien définie, les enfants des Trois Chèvres ne devaient pas m’égarer, ils faisaient figure d’exception. Quelques copines le classaient parmi les « petits branleurs », et je n’avais même pas tant d’arguments pour les contredire. A priori, pas super bien barré pour une romance.


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