Comment comprendre ce qu’est le sexe sans personne pour vous éclairer sur le sujet ? Mais quand on ne sait pas, on cherche. Et quand on cherche, on trouve… Mais pas forcément ce à quoi on s’attendait.
Extrait de « En attendant d’être grande », ma saga littéraire contant l’existence sulfureuse de Chloé, de sa naissance à son âge adulte.
La bibliothèque municipale est appelée à la rescousse. Pour apprendre, ce lieu est bien mieux qu’un parent ou une école. Il fallut d’abord fouiller, dénicher de stupides livres de jardinage (on parlait d’une « petite graine »), puis trouver une gentille bibliothécaire pour nous aiguiller (on ne voulait pas demander à un homme).
On dut tout lire sur place (pas question d’emprunter) au rayon « adolescence » : j’ai dû soulever ma copine pour qu’elle atteigne le bouquin. Là, on finit par comprendre à peu près.
Les corps nus, les préliminaires, le mouvement à donner, le plaisir qui en découle,
l’expulsion, l’effet sur le corps et l’esprit.
Après quoi, on parcourut d’énormes dictionnaires à la recherche de mots cochons, en vain. On finit par chercher au hasard, en lisant la définition de plein de mots compliqués, allez savoir pourquoi selon nous plus un mot est compliqué plus il a de chances d’être cochon. Toujours en vain. De fait on apprit des tas de nouveaux mots, même si savoir que « smaragdin » est une couleur se distinguant par un éclat singulier est d’une utilité relative.
A la maison, les escapades de chambrée n’empêchent pas un éloignement entre papa et maman. Par la force des choses, ils s’éloignent aussi de moi. Les gestes tendres sont plus rares, ceux l’un envers l’autre, ceux envers leur Chloé.
Par la fenêtre je vois des couples se câliner, s’embrasser…
Il y a aussi des familles, des filles qui tiennent la main de leur maman, jusqu’à la douzaine. J’admire ces couples, j’envie ces familles. Plus les couples sont âgés moins ils sont collés. Si ça se trouve, c’est juste que les parents prennent de l’âge.
Avec ses magazines psy, ses émissions psy, sans compter son psy perso, maman adopte des théories absurdes. Son dernier truc : il faut préserver la « pudeur des enfants ». Et voilà papa et maman qui n’entrent plus quand je suis dans la salle de bain et s’arrangent pour que je ne les vois plus nus.
Cherchent-ils à me traumatiser, à me faire percevoir le corps comme honteux ? Maman fait ça pour mon bien, du moins le croit-elle. Gentille, maman, juste pas bien futée. Il suffit d’un beau parleur au langage fleuri pour lui faire accepter n’importe quoi, c’est d’ailleurs ce qui brisera son mariage. Ô sophistes, en ces âges sombres les femmes sont tout à vous !
Six ans et demi : caresses de minuit
Alors que les douches parentales ne sont plus qu’un lointain souvenir, je commence à trouver intérêt aux ablutions solitaires. Mes propres caresses me font de l’effet… J’avais eu tort de les maudire. Mes petites mains fines, d’abord pataudes, deviennent expertes. Mes doigts, phalanges, paumes, sont autant de précieuses alliées.
Des mains, pour peu qu’elles vous appartiennent, ne disent jamais non. Et peuvent être tellement plus impudiques que celles de papa ou maman !
Aucun lieu ne leur est interdit, elles s’attardent là où j’en fais vœu,
aussi longtemps que souhaité. Je découvre ainsi un drôle de petit point situé au-dessus de ma fente, procurant un bien-être insoupçonné.
Une partie de mon propre corps dont j’ignorais l’existence, depuis toutes ces années… c’est dingue. Je déniche d’autres zones érogènes sous mes pieds, dans mon cou, aux entrecuisses, même derrière les oreilles.
Mon enveloppe devient territoire immense et méconnu, contrée vierge demandant à être colonisée.
Le passage à la salle de bain devient une ode au corps, je passe et repasse en des endroits propres depuis longtemps, me déhanche comme si je dansais au rythme d’une musique silencieuse, rituel chaque jour réinventé. J’y reste de plus en plus, ce qui fait de nouveau râler. Pourquoi rouspètent-ils contre tout ce qui est chouette ? On m’impose un temps chronométré. J’enrage ! Pour optimiser, je me désape à l’avance dans ma chambre.
Toutefois, il m’arrive d’être seule, et là plus rien n’est interdit. Ce que j’adore alors, c’est rejouer ma naissance. Je remplis la baignoire, me laisse entourer d’eau chaude, me bouche le nez et plonge la tête sous l’eau, n’étant plus qu’un fœtus dans le ventre de maman. Un cocon protecteur m’entoure, je me sens si bien ! Puis j’émerge, sors du ventre, poussant doucement, me faisant toute petite. J’imagine maman sentant monter la pression, la souffrance disparaissant peu à peu pour se transformer en plaisir intense au moment « M ». Naître semble aussi bon que donner naissance…
…autre extrait de En attendant d’être grande…
Six ans trois quarts : de cousine à cousine
C’est extraordinaire d’avoir un tel cadeau sur soi, jamais en panne et qui ne s’use pas lorsqu’on s’en sert. A peine quelques irritations au début, passant vite. C’est comme le sport : une fois organes et muscles habitués, ça démarre au quart de tour. Même dans les épreuves les plus dures de ma vie j’aurai toujours sur moi cette petite machine à bonheur.
Quelques caresses, une touche d’imagination et le tour est joué. Quand je pense qu’il y a peu je regrettais les douches et bains de papa-maman ! Avec les parents les hanches sont survolées, le sexe trop vite passé en revue, l’anus négligé. Ils n’y passaient que pour des raisons pratiques, et dès l’endroit propre s’affairaient ailleurs. Encore heureux me diras-tu.
Toutes les filles sont-elles ainsi ? Suis-je une perverse ?
Pour l’heure, je n’osais me confier à Clarisse. En parler aux autres copines, impossible aussi. Les rares acceptant d’aborder les sujets interdits le font en gloussant. A cet âge ça glousse beaucoup, il y a même des mots déclencheurs (est-ce si différent après… L’humain est un éternel enfant). J’en parle à Estelle, qui comme toujours me rassure.
Oui, toutes les filles du monde seraient comme ça. Même elle, même tata, même maman ? Même. Et d’après ses dires ce n’est pas mauvais pour la santé, au contraire. Après réflexion, Estelle n’est pas tout à faire certaine qu’on le fasse à tout âge… Les grands adorent se priver des plaisirs de la vie. Imaginer maman se caresser me fait bien rire.
On en aurait moins besoin avec un conjoint sous la main, selon la cousine. Je ne vois pas le rapport… Et rien ne prouve qu’Estelle et moi ne serions pas les deux seules au monde à pratiquer. Si la coïncidence serait surprenante, après tout qui se ressemble s’assemble.
Un truc génétique peut-être… Estelle se marre et me traite de gourde. Selon elle, même les garçons le font. A leur manière. Les différences seraient au niveau de la technique et du résultat, sujet que ma cousine ne semble pas tout à fait maîtriser.
A force, Estelle est un peu dépassée par mes questions. Elle adore faire la prof, j’adore faire l’élève. Ça la rend parfois prétentieuse, je m’en fiche. Elle aussi ne comprend pas tout, j’en suis rassurée, elle un brin vexée. Si certains détails nous échappent, je suis sûre qu’au fond rien n’est si complexe. C’est nous, humains, qui aimons tout compliquer.
Elle me conta d’ailleurs l’histoire vraie de ces deux frères se donnant du plaisir solitaire, chacun dans son lit.
Leur maman leur répéta tant qu’on va en enfer lorsqu’on se touche
qu’ils entendirent par là « quand on se touche soi-même »… et se mirent à se toucher l’un l’autre. Quand on cherche à entraver la nature… Bien que croyante, pour ma cousine c’est à cause des interdits religieux que la société est aujourd’hui tant portée sur le cul.
Là où j’ai du mal à la suivre, c’est ce lien entre plaisirs solitaires et rapports sexuels. Dixit la cousine, les caresses seraient liées au désir de faire l’amour. J’ai beau retourner la question en tout sens, je ne vois pas. Lors de mes cajoleries, pas une fois je ne songe à un garçon me faisant Dieu sait quoi. D’autres doigts que les miens visitant mon intérieur ? Ce serait indécent, irrespectueux et absolument pas hygiénique.
Estelle, quand elle se touche, s’imagine un garçon (un « homme », comme elle dit). Si pas deux. Les aigles noirs, ogres et dragons, très peu pour elle. Parfois c’est une star de ciné, parfois des garçons du collège, parfois même des inconnus croisés dans la rue. Elle les collectionne !
Imaginairement parlant, la cousine est une vraie traînée.
Le mâle plonge dans son plumard, se déshabille, la déshabille, colle son corps au sien, se glisse entre ses jambes. Puis les explications deviennent plus techniques et je ne saisis pas.
Je ris de ses fantasmes, et en même temps ils me fascinent. Elle rit des miens, et ne semble pas du tout fascinée. « Des désirs de jeune fille » me dit-elle avec suffisance, « tu comprendras plus tard ». Pfff… C’est moi qui me vexe. Une « jeune fille » ? Une jeune fille qui conserve ses peluches et joue avec moi à la dînette avec autant d’enthousiasme que j’en ai, bien qu’elle s’en défende.
Tout de même, il faudrait en avoir le cœur net. Allez c’est dit : ce soir, je tente un « fantasme » en mode cousine. Voyons, quel garçon j’aime bien ? Ceux de l’école sont très moyens. Les stars, bof. Tiens, peut-être le voisin du dessus. Un homme, pas un garçon.
Poilu, un peu bourru, pas canon de beauté mais vrai mâle. Il fera l’affaire, par contre pour un fantasme cohérent je dois réduire sa taille. Bref, je l’imagine devant moi, il ne me dépasse plus que d’une courte tête.
Il se déshabille, je suis déjà nue.
Jusque-là, ça ne me fait rien de particulier. Il le voit et s’agace. Se met à me montrer ses muscles, à danser pour me séduire.
Ça marche sans plus. Il m’enlace, m’agrippe, me caresse. Non, je n’aime pas. Je crie, m’échappe. Il grandit, dépasse sa taille normale, sort ses griffes, devient un ogre. Patatras ! Le coup de l’homme collant sa peau contre la mienne, décidément c’est zéro.
Sotte de cousine ! Je t’adore. Au fond, je sens qu’elle est dans le vrai. Sans doute ai-je aussi ce désir inconscient. Le mystère en est un peu moins mystérieux, qu’importe, à chaque secret découvert un autre m’attend. Je les percerai jusqu’au dernier.
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