Nues en pleine nature

Chloé adore faire corps avec la nature. Et il y a encore plus à vivre lorsqu’on s’y aventure entre copines, nues, là où ce n’est pas autorisé…

 

Extrait de « En attendant d’être grande », ma saga littéraire contant l’existence sulfureuse de Chloé, de sa naissance à son âge adulte.

 

Huit ans : tout va trop vite

J’aurais beaucoup donné pour habiter chez tata plutôt que dans ma zone bétonnée sans âme. Le milieu citadin a accouché d’une génération vivant en accéléré. Pas de temps pour exister, se câliner, découvrir. Pas le temps de prendre son temps, de prendre son pied. On demanderait presque aux enfants de s’entraîner tout de suite à une vie d’adulte.

En classe, je suis toujours attentive la première demi-heure de cours, la seconde étant consacrée à répéter ce qui a été dit. Je rêvasse et griffonne, ce que j’estime bien plus utile pour mon développement. Mes notes sont dans une moyenne de douze-treize, juste assez pour qu’on me laisse en paix. A dix on me harcèlerait pour faire douze, à quinze on me tourmenterait pour grimper à dix-huit.

 

Dans la cour, les garçons ne veulent plus que je joue à la guerre avec eux, sauf comme infirmière pour recoller les bras tranchés. Puis quoi encore ? Et quand on joue à la dînette, ce n’est plus qu’entre filles. Les rares garçons qui osent essuient des quolibets… et du coup n’osent plus. On ne pouvait pas attendre encore un peu avant de devenir cons ?

 

Tout ceci m’éloigne des mâles, je leur fais la gueule, dommage pour eux, dommage pour moi.

 

Les enfants de bobos sont en principe éduqués à l’esprit « world » et à la tolérance : c’est en fait tout le contraire. Même les mélanges entre niveaux sont moins courants, plusieurs de ma classe ne fréquentent plus du tout ma Clarissou.

 

Pour rattraper cette injustice, je décuple mon attention envers elle. Selon tata Marthe, dès qu’on s’éloigne des villes les enfants redeviennent des enfants. Je m’en rends compte lors des week-ends chez elle. Gosses des villes et gosses des champs ne sont pas de la même planète.

 

On adore leur compagnie Clarisse et moi, bien qu’on s’offre aussi des escapades rien que toutes les deux. La forêt abrite des légendes, on les connaît toutes. Celle du lutin, du Dahu, du lapin de Pâques. Et aussi celle, un peu moins féerique (quoique) du couple qui baise. On a passé un temps fou à chercher. Au moindre bruit l’impression de surprendre quelque chose… un être magique, ou un couple.

Je sais désormais qu’on n’aurait jamais pu croiser de lutin. Et pour le couple, au moins on aura tenté.
Plus tard, en guise de revanche sur le passé, je me chargerai d’entretenir cette légende.

Que deux petites filles à la recherche d’un couple s’ébattant puissent m’espionner avec mon amant, qu’elles ne connaissent pas ma frustration.

Les racontars nous ont permis d’explorer les bois de fond en comble. La voilà la vraie raison des contes, faire bouger nos gambettes !
Le bois est notre royaume. Les lutins c’est nous. On se roule dans l’herbe, la terre, on patauge dans la boue, on grimpe aux arbres en s’écorchant.

On revient dans un état pitoyable, nues comme on était parties, en sueur,

pleines de boue séchée, terre dans les cheveux, brins d’herbe collés à la peau. Nos corps sont recouverts d’une telle couche qu’on nous croirait presque habillées, on se reconnaît à peine dans le miroir.

Estelle est pliée de rire : « Vous avez encore ramené la moitié de la forêt avec vous ! » dit-elle en nous ôtant feuilles et branchettes. Marthe soupire. « Qu’est-ce que vos mamans vont encore me dire ? ». Elles ne disent rien : personne ne leur révèle nos jeux, puis les habits ne s’abîment pas vu qu’on les a pas.

Bon, comme on est bien obligées de les porter de temps en temps on les abîme malgré tout. A force, pour ces séjours maman ne me confie plus que de vieux vêtements chiffonnés. Elle est chouette maman quand elle veut. Ces vadrouilles se font en mode sauvage.

Nous prenons soin d’aller dans les coins où il n’y a personne, et lorsque quelqu’un approche en général on se sauve. Ça dépend qui. Si c’est une maman, on sait qu’elle en sourira. Un couple de jeunes, idem. Pour les autres on se carapate. Je crois q

ue certains ont vraiment cru apercevoir des êtres magiques, cette couleur rouge-marron-verte donnant une apparence surréaliste.

A l’école, une petite résistance s’organise. Certains garçons viennent jouer discrètement à nos jeux de filles, et en retour nous laissent venir dans leurs jeux masculins. Presque en cachette. En fait non : carrément en cachette. Tant qu’à faire autant prendre le maquis : Clarisse et moi on se met à les inviter chez l’une ou l’autre. Là, on établit que la seule règle est qu’il n’y en a pas.

On fait ce qu’on veut, comme on veut tant qu’on veut, avec le pacte de le garder pour soi : dès qu’on entre dans mon appartement ou celui de Clarisse, rien de ce qui s’y déroulera n’en sortira. Chacun le respecte, d’autant qu’en protégeant l’autre on se protège aussi. Les garçons sont aux anges, nous de même. Oui, c’est bien de la résistance. Princesses, marchandes, mamans, papas, tout est permis. A quoi songeais-tu, toi qui me lis ?

Oui d’accord, il n’est pas rare qu’un copain veuille jouer au docteur.

On ne s’y attendait pas, juré, ce n’est d’ailleurs pas le jeu le plus passionnant mais on ne leur refuse jamais. Les patientes sont presque toujours nous, les docteurs presque toujours eux. On obéit gentiment à ce qu’ils demandent, ça varie peu. Se laisser déshabiller, ausculter, toucher un peu partout pour voir si on respire et si le cœur bat comme il faut. Nos garçons sont dingues de ce jeu, on ne comprend pas pourquoi.

Quand bien même voudraient-ils tout nous retirer et nous toucher vraiment partout, on laisserait faire : ce n’est jamais qu’un jeu. C’est à chaque fois pareil : les premiers instants, le docteur est amateur. Comme fou, il agit en transpirant, respire fort, semble angoissé. On dirait un jeune chirurgien à sa toute première opération… L’acte est si simple ! Plus il nous ôte de tissus plus sa main tremble.

En fait, on dirait plutôt un petit enfant seul dans un magasin de bonbons où tout serait pour lui, où il pourrait voler sans se faire prendre. Ou encore Ali Baba dans la grotte aux trésors ? On observe jusqu’où il ose aller, lui se demande ce que l’on va lui permettre. Parfois, un copain comprend qu’on lui permet tout, et nous retire tout. La plupart du temps, il n’ose pas. Pas dupes, et décidément bienveillantes, on finit par retirer à sa place ce qui manque.

Fiouuu… Eh oh, calme-toi mon grand ! Cardiaque, tu nous en aurais fait une syncope. Même là il a encore besoin d’autorisation pour ausculter tel ou tel endroit. Depuis quand un docteur demande-t-il la permission ? Un docteur ne demande pas, il agit et fait autorité : c’est son rôle. Et quand on joue faut jouer le jeu, à force c’est agaçant !

On reste calmes, dociles, il se rassure, prend de l’assurance et des initiatives. Allez doc arrête ton cinéma, fais ce que tu veux et qu’on en finisse ! Alors il fait ce qu’il veut, c’est-à-dire pas grand-chose, c’est-à-dire trois fois rien, et voilà le copain souriant et apaisé.

Il nous a allongées sur le dos, puis sur le ventre, nous a touché les hanches, un peu les jambes… et puis c’est tout.

Ah si, une fois le plus aventurier de tous nous a fait mettre à quatre pattes. Je ne sais pas d’où vient cette plénitude dans leur regard mais elle fait plaisir à voir. Là et seulement là on peut passer à la suite, jouer aux sirènes et aux marins comme si rien n’était arrivé.

A un tout autre âge, le principe est le même pour la fille se laissant baiser dès le début. Dans ma vie de grande, cela m’arrivera, même si un garçon voulant coucher comme pour assouvir un besoin pressant n’a rien de bien avenant. Laisser faire… Le mâle jouit, se calme, affiche cet air angélique un peu con, et puis on passe à des échanges plus intéressants. Encore une astuce apprise d’Estelle. On peut accepter pour faire plaisir, ça ne mange pas de pain.

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