Deux passages de ma saga littéraire « En attendant d’être grande ». Chloé adore être nue au soleil, pour regarder et se montrer…
A force d’observer, mon œil s’affine. Je découvre sans cesse de nouveaux styles de beauté. Le sein qui remonte, qui pointe, qui s’abaisse, les hanches larges, le corps pulpeux, le tout fin, le petit cul rebondi, le bon gros à croquer, le tout rond tout charnu… Je comprends cette fascination des hommes pour nous les filles, encore qu’il soit vantard d’inclure les copines et moi dans ce « nous ».
Mon avantage est d’avoir revêtu cette « tenue de douche », ces dernières vacances, bien plus souvent que les autres.
J’en ai la peau plus douce, suis
moins frileuse, ai un magnifique bronzage intégral qui m’illumine.
Belle peau un peu brunie, un peu dorée sans la moindre marque blanche, qui dit mieux ? Celles qui se sont pavanées des heures durant plein soleil en bikini en sont pour leurs frais.
Celles qui ont des marques me peinent, ce fichu maillot de peau pâle qu’on ne peut jamais ôter… Ça ne doit pas être évident le soir lorsqu’elles se regardent nues devant le miroir (longtemps je penserai que toute fille au monde s’admire chaque soir nue devant son miroir). Parmi les filles de ma tranche d’âge, de ma classe ou non, j’en remarque tout de même quelques-unes au bronzage comme le mien.
Tout de même, même si j’en suis moins singulière ça fait plaisir qu’il y ait d’autres nudistes. Si toutes offraient leurs vêtements au soleil, elles ne s’en porteraient que mieux. Je brûle de savoir comment elles ont fait (nudisme de plage ? Dans le jardin, dans leur chambre, sur le balcon ?) sans oser demander.
Ce signe distinctif nous rapproche, c’est drôle,
d’instinct les « intégrales » ont tendance à se mettre côte à côte.
Les copains sont plus pudiques… A voir leurs cheveux plaqués sur le visage et leurs fringues froissées, c’est zéro douche après le sport. Tout ça, je suppose, pour une question de tailles. Connaissant la différence entre un garçon au repos et un dressé (Julius, et puis Tim un brin), je sais que l’état normal a peu d’importance.
Quelqu’un devrait le leur dire ! Parce que là, on fait tous les efforts du monde pour eux et eux n’en font aucun pour nous. Et ça leur semble naturel ! Même pas complexés par leur allure de l’après-midi !
Enfin, se faire jolie ce doit être d’abord pour soi, comme dit tata.
Lorsqu’on ne se mate pas entre nous, on mate les grandes.
Elles ne nous rendent pas la politesse, c’est le moins qu’on puisse dire ! Les grandes nous ignorent, se douchent en désacralisant leur corps. Que des tranches d’âges si éloignées n’aient rien à se dire, je l’admets.
Les préoccupations ne sont pas les mêmes, nous on attend que tout pousse, elles, cherchent à garder le matériel en état et surtout à le faire fonctionner. Les grandes se lavent en se racontant leurs cancans, parfois des histoires de cul que je ne comprends pas bien, déballées sans état d’âme. L’eau dans les oreilles les fait parler fort, avec le carrelage ça résonne de partout.
On compte de rares plus discrètes qui restent de dos, c’est pourtant nous qui devrions être ainsi,
nos sexes sont à découvert, les leurs sont masqués par la toison.
C’est marrant d’ailleurs, certaines sont épilées au poil près, d’autres ne se rasent même pas sous les bras. Quand je pense à tous ces zizis étant passés par là, j’en frissonne.
Il y a peu je pensais que certaines toisons poussaient beaucoup et d’autres presque pas, jusqu’à ce qu’Estelle m’explique en se foutant de moi. Aussi, ça m’étonnait que chez certaines ça pousse en ticket de métro… C’est vrai que je suis bête, j’avoue ! J’aime bien cette idée de vouloir séduire jusqu’au bout, même une fois au lit avec l’amant.
Tout le contraire de ces soutifs rembourrés pour faire illusion, telle une carrosserie de Royce qui abriterait une 2 CV. On compte enfin quelques poils tout blancs, et des mamans. Varices, peaux flasques et seins tombants sont un peu effrayants, je navigue entre désir de grandir et celui de rester enfant. Quant aux petites avec leurs mères, comme j’aimerais être à leur place !
Des filles se font frotter les cheveux et sécher jusqu’à douze ou treize ans. Il n’y a pas d’âge pour la tendresse…
Que d’expériences et de réflexions. C’est dire tout ce qu’on développe à partir de rien, car au fond quoi de plus banal qu’un vestiaire ?
Notre première boum à Clarisse et moi est celle de Françoise. Etant née le jour de mardi gras, elle organise une surpat costumée. Je pensais qu’on la traiterait de bébé… Quelle n’est pas ma surprise, tout le monde est charmé par l’idée. Les copains-copines sont incompréhensibles ! Je n’ai plus fait de soirée déguisée depuis mes six ans, mon habit de pirate est trop petit.
Maman ne veut pas m’en payer un nouveau, je me débrouille avec les moyens du bord, c’est fou le nombre de fois où son avarice m’aide à développer mon imaginaire. Gel à cheveux, maquillage, vieilles fringues et bijoux en toc me font une apparence de punkette.
En poussant un peu plus j’aurais pu me fringuer en pute.
Sans doute ne vaut-il mieux pas.
Ce look à la Nina Hagen fait ressortir ma féminité, mon apparence est la plus singulière de la soirée. Suis-je la plus attirante ? J’espère… Clarisse est venue en clown, aucun souci de ce côté. Notamment, elle s’est mise des chaussures d’homme, deux fois plus grandes que ses petons. Elle trébuche plusieurs fois, les clowns le font exprès pour faire rire, elle c’est involontaire.
Elle fait rire aussi, le prend moins bien que prévu et poursuit la soirée en chaussettes. Les autres ont des costumes tout faits. Super-héros et chevaliers côté garçons, fées et princesses côté filles. Il ne faudra pas en attendre beaucoup plus… Cape de superman et ailes dans le dos ne rendent pas la danse aisée. On m’invite sans arrêt sur la piste, faut dire je suis la seule à ne pas avoir de fringues handicapantes.
Pauvre Clarisse, avec ce qu’elle porte personne n’ose ! Au fond, elle n’avait nul besoin de se déguiser pour tenir le rôle d’un clown. Je tente de la dérider… On finit par se faire des rocks toutes les deux, elle retrouve le sourire.
On murmure toujours que
les boums, déguisées ou non, sont pleines de premières fois.
Premier slow, premier baiser, premier câlin avec un garçon, un peu plus tard première cigarette, premier verre d’alcool… Rien de tout ça ne m’attire. Autour de moi ça chuchote, ça pouffe. Il y a de fortes différences physiques entre un enfant et un autre.
La redoublante de presque douze ans paraissant treize, avec une vraie poitrine dans un slow avec un garçon n’ayant pas ses onze ans, en faisant neuf, tête au niveau des nibards… Je ne peux m’empêcher d’imaginer ce que donneraient ces deux-là au plumard, lui avec son bout de rien du tout dans une cavité qu’il ne visiterait même pas au quart de la profondeur. Plus sagement,
on se confie les petites histoires qu’il y aurait
entre unetelle et untel, qu’il se serait passé tel truc dans le noir, tel autre dans le slow précédent…
Cette soirée me marquera. Suite à cela, longtemps je croirai que les tenues de fées ou de punkettes sont ceux qui plaisent aux garçons. Lorsque, plus grande, un amant me demandera de le surprendre en me déguisant, je me saperai en fée. Alors qu’il souhaitait en soubrette ou en infirmière, que pour lui c’était évident, sous-entendu. L’amant suivant je serai en infirmière.
Seulement, avec une vraie tunique qu’une copine travaillant en hôpital m’avait prêtée (ce n’était pas la première fois qu’on lui demandait). Lui voulait une fausse tunique en tissus pas précieux, pour la déchirer. L’habit lui résista, il s’en contraria, et comme malgré tout la fringue avait été abîmée je dus la faire rafistoler chez le couturier. Pfff… Mieux vaut faire rimer sexe avec simplicité.
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