Parole de fille ou de mec ?

De son enfance à son adolescence, Léa n’avait qu’une passion : la magie. Désormais, elle en a une seconde : elle est accro à un plaisir divin, qu’on lui donne trop peu…

Extrait de « Quick Change », une histoire de sexualité et de prestidigitation…

« J’adore me faire sucer ».

Cette phrase, Léa se plaisait beaucoup à la répéter à ses meilleures copines. Elle y mettait une intonation presque militante. Les mots prêtaient à confusion, c’était ça le mieux. On les liait tant à la gent masculine que rien qu’à les lire ou les entendre, on supposait que seul un mâle pouvait en être l’auteur. Et ça, Léa le savait bien. Auprès de certaines amies, la phrase était à la limite du compréhensible. Plusieurs copines, entendant cela, l’avaient regardée comme si elle venait de dire qu’elle aimait sodomiser des partenaires ou les mettre à quatre pattes.

« C’est dire si on vit dans une société inégalitaire », avait-elle répondu une fois à Jamila, une camarade de classe faisant les yeux ronds en entendant la fameuse phrase.
– Égalitaire, comment ça ? Tu voudrais que les filles et les garçons soient tous pareils ? Qu’on ne se distingue en rien d’eux ?
– Je suis pas en train de te sortir une théorie philosophique ou féministe. Je viens juste te rappeler une réalité que ces messieurs ont trop tendance à oublier : une nana peut parfaitement se faire sucer. Ça devrait même être un devoir, je dirais. Presque une obligation sociale.
– Tu me fais rire !
– À notre époque, on comprend la sexualité de travers. Pour les lèvres du bas, c’est au type de tout faire avec son engin, et à la fille de se laisser aller comme une cruche, en poussant quelques vagues petits gémissements d’encouragement. Et pour les lèvres du haut, ce serait à la fille de tout faire et au gars de se laisser pomper. N’importe quoi. Du coup les mâles ne sucent pas. Ou peu, ou mal. Et on se retrouve les seules à sucer. Les dindons de la farce.
– Un mâle qui suce, en général on appelle ça un gay.
– Tu mets le doigt sur le problème !

Dans l’inconscient collectif, sucer est soit pour les femmes, soit pour les gays.

Nos petits copains hétéros ne veulent pas se sentir femmes, ni se sentir gays. Alors qu’il n’y a rien de plus viril pour un mec que de sucer une fille, pour peu qu’il le fasse correctement.
– T’exagères. Ça n’a rien de si extraordinaire.
– C’est parce qu’on te suce mal.
– Bien ou mal, le tout est surtout d’en trouver un qui soit partant !
À qui le dis-tu. Maintenant, faut savoir l’y amener avec subtilité.
– Je me demande bien pourquoi c’est si compliqué…
– Il faut nous en prendre à nous-mêmes ! Nous les incitons bien trop peu. La jeunette lambda garde cuisses fermées jusqu’au début de la baise : elle n’ouvre que lorsque le garçon se place entre ses jambes pour lui tremper sa nouille. Avec des jambes aussi jointes en préliminaires, le plus gentleman ne pourra jamais qu’explorer le clitoris et le haut de la vulve, et pas dans les meilleures conditions.
– Tu as dis « préliminaires »! Alors que tu prétends que ce plaisir est un rapport sexuel complet.
– J’emploie les mots du langage courant, pour être comprise. Si je commandais les peuples, je bannirais le terme du dictionnaire.

– C’est quand même normal de ne pas vouloir montrer sa chatte en gros plan.

– Au contraire ! Nous sommes des créations super bien faites. De véritables merveilles de la création. Pourquoi ne pas en être fières ? Nos sexes sont faits pour être montrés, ouverts, écartés.
– Pourquoi pas écartelés tant que t’y es. Avec ça on est plus dans le magazine porno que dans la belle au bois dormant.
– On n’est ni dans aucun des deux. Un conte est une fiction, un magazine X en est une autre. Et puis tu sais, les livres pour enfants ne disent rien des scènes de sexe, et heureusement me diras-tu. Pourquoi ? Pas parce qu’elles n’existent pas, parce que c’est coupé. Pourquoi ne décrit-on jamais la belle au bois dormant au plumard avec le prince ? Je le sais, moi. Pare qu’une fois les jolies paroles prononcées et les petits bisous écumés, la belle en question écarte le minou, fais sa cochonne et est tringlée jusqu’à pas d’heure. Normal que ces chapitres soient manquants.
– Et d’où tu sors ça exactement ?
– Élémentaire ! Si les rapports de belle et de son prince étaient sages, leur légende n’en ferait pas l’impasse.


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