Lettre, larmes et souvenirs érotiques

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Certains souvenirs érotiques sont doux et excitants. Selon les circonstances, d’autres sont des blessures. C’est le cas pour Sandrine, qui vient de perdre son compagnon…

Ce que la jeune fille tenait entre ses mains était une denrée rare : une lettre de papier, rédigée à l’encre d’un noir profond. Presqu’une sorte d’antiquité, à l’heure du tout S.M.S. Certaines copines faisaient mine de trouver ça ringard et vieux jeu pour cacher leur jalousie. D’autres, plus sincères, lui disaient qu’elle avait tiré le bon numéro. Son ami avait toujours aimé écrire. Amateur de bibelots, fouineur de brocantes et de vide-greniers, il possédait dans sa collection un encrier des années cinquante et une belle plume de cygne gris. Chaque semaine, il en trempait le bout dans l’encre de Chine et délivrait un petit message à sa bien-aimée, aussi doux que sulfureux. Non, ça n’avait rien de vieux jeu.

Un garçon vieux jeu vous offre des fleurs au premier rendez-vous et vous complimente d’emblée sur vos fringues. Un homme ringard commande du champagne dès le premier soir pour vous épater ou joue au macho trop sûr de lui. Non, les correspondances de son chéri se situaient bien au-delà. De telles lettres, rédigées d’une belle écriture sur du papier parchemin, semblaient plutôt provenir d’une autre dimension.

Celle qu’elle tenait entre ses mains serait la toute dernière. La beauté de l’écriture lui faisait encore plus mal. Chez ce garçon, tout était beau. Chaque geste, chaque parole, chaque création. Même le matin mal réveillé et mal rasé, elle le trouvait magnifique. « Aucun doute », lui avait dit sa copine Vanessa lorsqu’elles en avaient discuté, « c’est bien de l’amour. C’est à partir de là qu’on sait qu’on est amoureuse. Quand tu n’as même plus à te demander s’il est réellement beau ou non dans la réalité : ça n’a plus d’importance, car pour toi ça reste le plus chouette garçon du monde ».

Pourtant, cette lettre était toute simple. L’amour est aussi simple que le sexe : inutile de calculer ou de faire des plans. Juste quelques phrases douces, de celles qu’il lui écrivait avant ses départs. Comme à peu près une fois par mois, Amaury avait prévu de partir quelques jours pour une vadrouille en montagne. Enfant des Alpes, rester plus d’un mois dans la capitale sans voir de roches lui donnait la sensation d’étouffer. La randonnée et l’escalade étaient pour lui des activités vitales, une sorte de traitement qui le conservait en bonne santé.

Du reste, la petite amie ne pouvait qu’y apporter sa bénédiction : son copain en revenait toujours gonflé à bloc, le teint frais, muscles mieux dessinés pour avoir été mis à l’épreuve tout le week-end, heureux comme un roi. Leurs meilleures nuits étaient toujours marquées par ces retours. En temps normal, le jeune homme était déjà fort bon amant. Lorsqu’il revenait de ces petits voyages, il la comblait bien plus encore. Son bassin était infatigable, insatiable. Il la pénétrait doucement, vivement, parfois avec force, toujours avec tendresse. Et ne cessait de la surprendre. Même après avoir joui une fois dans sa bouche et une autre sur ses seins, il possédait encore toutes les ressources pour lui faire l’amour autant qu’elle le voulait.


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