Aujourd’hui, faisons connaissance avec l’auteur Sylvain Lainé…
. Qu’est-ce qui crée l’étincelle d’une histoire ? Qu’est-ce qui la déclenche ?
A l’occasion d’expositions de mes tableaux érotiques au Ran du Chabrier, un camping naturiste libertin dans le sud de la France, je me suis retrouvé immergé corps et âme dans une ambiance festive que je n’aurais jamais cru possible. C’était de l’ordre des fêtes de Dionysos, en pleine nature, au bord de la Cèze, avec des vacanciers venus du monde entier, chargés de désirs sexuels en tout genre.
Un véritable feu d’artifice avec des personnalités hautes en couleur. Après quelques saisons estivales, l’idée de témoigner d’une telle expérience de vie grâce à un roman s’est imposée d’elle-même. J’avais de quoi écrire, de quoi partager ce qui n’était pas de l’ordre du fantasme mais bien d’une réalité parallèle, hors norme et secrète : C’est l’étincelle qui a tout déclenché !!!
Orgasme Cosmique au Ran du Chabrier est né à ce moment bien précis. Il en fut de même lors de mon immersion au Mas de Virginie, qui donna naissance à « Slow Sex au Mas de Virginie ». Et un troisième voyage sur l’île du Levant, à l’occasion d’un festival d’art érotique en 2018, où nous logions à la Brise Marine, lieu des fêtes nocturnes de l’île, fut le déclencheur pour écrire « L’autel de l’extase ».
. Quelles sont les techniques pour « affronter » une nouvelle ou un roman, le poursuivre coûte que coûte et en venir à bout ?
Ce qui est merveilleux dans l’écriture d’un roman, c’est de lâcher le contrôle que notre mental exerce sur son déroulement prévu au départ, plus ou moins, pour laisser des perspectives inconnues se déployer au fur et à mesure du récit.
Avoir confiance en quelque sorte en une guidance intérieure qui a des mots, des idées, des scènes délicieuses à libérer du soi, qui sait où elle va, telle une improvisation musicale composée harmonieusement, nous surprenant à l’occasion par la gymnastique d’esprit dans laquelle elle nous oblige. En fait, l’histoire contée doit à mon sens nous emporter dans l’inspiration. Si c’est bon, le voyage se fait jusqu’au bout.
. Ecrire est un plaisir demandant des contraintes. Comment trouver le juste milieu entre contrainte et plaisir ?
Je n’ai aucune contrainte à écrire. Je n’ai que du plaisir. C’est comme méditer ; manger ; être en amour.
. Quelles sources d’inspiration pour écrire ? Simplement l’imaginaire, ou bien la vie personnelle, celles des autres, les médias ?
Mon inspiration vient de mon environnement direct, incluant les autres, proches ou moins proches, qui sont une partie d’un grand tout. Mes filtres intérieurs remodèlent et embellissent alors ce qui résonne en moi d’attrayant pour en extraire tout le nectar sulfureux à offrir dans mes romans : toute la sève érotico-porno qui en fera un texte vivant. La cerise sur le gâteau vient ensuite de ma quête intellectuelle de connaissances liées aux orgies sacrées d’antan, sexualités « magiques » ou interdites aux profanes, telles certaines pratiques chamaniques des états de transe et d’extase par exemple. J’adore plonger dans ces univers là, occultes, vraiment mystérieux.
. Une idée du visage du lectorat ? Est-il simple d’établir une communication avec ses lecteurs ?
Je dédicace une grande partie de la saison estivale sur les marchés du sud de la France, au Ran du Chabrier, et dans les coulisses du Mas de Virginie, notamment, lorsque ce dernier était encore ouvert (Clos suite aux dégâts économiques du confinement en 2021). Je constate avec un vif plaisir que les jeunes femmes, ainsi que les « dames » bien ancrées dans leur maturité, représentent 80% de mes lecteurs.
Je suis très facile à aborder derrière ma petite table à dédicace. La communication se fait assez aisément grâce à des romans formats poche au coût de 9 euros. Je me mets surtout à l’écoute des premiers mots dits par la personne pour voir où elle veut en venir. C’est un pur ravissement pour moi. Les hommes choisissent un de mes romans en prétextant souvent que c’est pour offrir à leur femme. Et les puritains me tournent le dos sans rien dire, les yeux grands ouverts lorsqu’ils découvrent à qui ils ont affaire. Par contre, je ne connais pas mes lecteurs qui s’adressent directement aux libraires ou à ma maison d’édition pour se procurer mes romans, hormis de temps à autre un petit mot de remerciement en retour, en message privé sur FB.
. Comment accorder la vie d’auteur érotique avec une vie plus classique (de famille , de bureau…) ? Faut-il ou non cacher cette activité littéraire ?
Je comprends qu’il faille cacher son activité d’auteur érotique en fonction de son métier. C’est tout à fait justifiable. En ce qui me concerne, mon parcours artistique global s’est toujours déroulé à découvert, sans aucune retenue. D’autant plus avec ma famille où nous avons tous cultivé la tolérance et l’acceptation de l’autre tel qu’il est.
. Des projets actuels en cours ? Littéraires, ou autres ?
« Orgasme cosmique au Ran du Chabrier » en est à sa 3e réimpression en ce moment même. Je suis toujours dans le plaisir subtil de dédicacer mes romans, parfois entouré de mes tableaux. Mes mouvements créatifs sont constants. Tabou-Editions me portent dans ce savoureux mélange de sexe et de rituels étranges que je leur concocte. L’aventure continue.
. Les thèmes «sulfureux» sont-ils ton domaine de prédilection ?
Sulfureux est le bon mot en effet pour désigner ce qui se trame au-delà des aspects conventionnels de la morale, de ce qui est politiquement correct. L’expérimentation du sexe hors normes, là où seuls les plus audacieux s’aventurent par choix de vie, constituent pour moi un chaudron bouillonnant où je puise sans cesse. Ce qui est secret et qui a l’odeur du souffre est un véritable trésor d’inspiration. Ceci dit, sulfureux peut aussi désigner ce qui a l’odeur du soufre des enfers, du morbide et du macabre telles les messes noires, la cruauté perverse, la haine. Je ne m’attarde pas sur ces sujets même si je peux y faire référence.
. Cet univers littéraire exige-t-il un pseudonyme, ou doit-on assumer ses écrits quitte à dévoiler son identité réelle ?
J’ai toujours signé mes tableaux et mes romans de mes nom et prénom. J’ai assumé mon rôle dès le début, même face aux « regards inquisiteurs » des autres dans lesquels une sorte d’amusement se lisait malgré tout. Mieux valait de la curiosité que de l’indifférence. Tout est fluide maintenant à ce niveau là.
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