Entretien avec Zeppo 5/6

Cinquième partie de l’entretien avec l’auteur Zeppo…

. Hypersexualisation, prostitution au collège, prédateurs : exagération ou enfants en danger ? Comment les protéger ?

La communication. Ce n’est pas un discours de prof, ce ne sont pas des lois qui vont protéger, mais les parents. Il faut dire aux enfants, leur expliquer pourquoi on a peur de les laisser seuls le soir dans les rues. Il n’y a que comme ça qu’ils se protégeront eux-mêmes. Ça ne les empêchera pas de sortir, mais ils le feront en connaissance de cause. Dire à un enfant de 5 ans que certains adultes (même parmi nos connaissances) peuvent avoir des gestes déplacés, des mots inconvenants voire des intentions mauvaises, c’est une bonne chose. Il y a des mots simples, pour ça : « s’il veut toucher ton zizi, ou te faire toucher le sien, tu dois refuser fermement et aller trouver un autre adulte le plus vite possible sans réfléchir ». Ce n’est pas tuer leur innocence que de leur expliquer la réalité et nos enfants sont bien plus forts que nous : ils arrivent à s’endormir en étant persuadés qu’un monstre veille sous le lit !

. Si tu pouvais faire passer une loi nationale liée au sexe, quelle serait-elle ?

L’anarchie ! Un monde où les lois seraient logiques et donc n’auraient aucun besoin d’être inscrites dans le marbre, parce qu’intégrées en chacun de nous : tout ce que je fais a des conséquences, et je dois faire en sorte que ces conséquences aient le moins d’impact possible sur mon prochain. L’égalité, l’entraide, le respect… Il n’y a que comme ça qu’on peut atteindre la vraie liberté dont on nous rabâche les oreilles depuis notre enfance.

Tes valeurs et convictions…

. Pour toi, fidélité et exclusivité sexuelle ne doivent-elles faire qu’un ?

Non. Je suis un anarchiste : chacun fait ce qu’il veut tant que ça ne nuit pas aux autres. La période que nous vivons est propice aux coups d’essai, alors profitons-en. D’ici quelques années, il y a sûrement de nouvelles « normes » qui vont émerger, il faut essayer pour savoir…

. As-tu une opinion quant aux petits mouvements minoritaires orientés sur le polyamour ? Le matriarcat ?

Le matriarcat, c’est comme le patriarcat : domination non consentie… beurk !

Le polyamour, c’est plus complexe. Je suis persuadé que l’humanité peut aimer d’amour plusieurs personnes et même qu’on peut s’épanouir dans un ménage à plusieurs. Avec de la communication, peut-être encore plus qu’à deux. Par contre, il y a cette idée, dans le polyamour, que j’ai régulièrement croisée : j’accepte de ne pas te satisfaire à tous points de vue, donc je te laisse avoir des aventures avec d’autres. Et vice versa, bien entendu. On part donc du principe que le bonheur est de réussir « à tous points de vue », que le bonheur ne peut être complet que sans tâche. C’est mal connaître l’humanité. Je trouve qu’il y a là-dedans une espèce de fuite en avant vers le bonheur parfait, sans tâche… Et la perfection, c’est un peu pareil que le matriarcat, pour moi ! Mais ça n’est que mon avis, sans aucun jugement sur ceux et celles qui semblent vivre ça avec un enthousiasme incontestable !

Ce n’est pas tant la façon de vivre qui m’importe, que ce que ça représente, le discours qui est porté. Cette recherche de paradis sur Terre me semble la nouvelle utopie du moment. On ne peut pas créer un monde parfait, parce que pour chacun d’entre nous, le monde parfait était celui où nous étions le Tout, où le sein était bienveillant, toujours à nous répondre. Ne soyons pas aveugles : quand nous croisons quelqu’un qui n’a rien de nombriliste, c’est le fruit d’un travail acharné de plusieurs années, voire de plusieurs générations. C’est une construction, non un instinct. S’il existe un vrai paradis, ce ne sera jamais ici qu’on le trouvera, malheureusement. Mais peut-être le paradis est-il le Néant…

. Penses-tu qu’il pourrait y avoir une forme de divinité ayant créé l’univers ? Une vie après la mort ?

Ahahah ! Admettons un instant que ce soit le cas. Un petit instant. Je reste persuadé qu’il ne s’agirait là que d’une expérience, comme on met quelques fourmis dans un bocal pour voir comment elles s’organisent. Dieu serait un savant fou, voire un petit gamin curieux !

Une vie après la mort ? Peu importe, au fond. Tant que nous sommes vivants, c’est ce qu’on va laisser ici derrière nous qui nous pousse à agir d’une façon ou d’une autre. Pour moi, croire qu’il y ait une vie après la mort, c’est se dédouaner de ce que nous faisons ici. Je ne me dédouane pas, moi. Je verrai bien le moment venu. Je préfère vivre en athée respectueux de mon prochain et me faire pardonner mon incrédulité le jour du Jugement Dernier, que d’écraser mon prochain au nom d’un Dieu hypothétique… Je pense qu’il est préférable de se tromper dans ce sens que dans l’autre. Donner sa vie à un Dieu pour se rendre compte qu’il n’existe pas, c’est balo !

La question d’une divinité est pourtant importante. Non pas dans le fait qu’elle existe ou pas, mais plutôt dans ce que nous mettons dedans. C’est exactement comme les monstres créés dans la littérature, au fond : ils ne font que refléter l’humanité, et non l’inverse ! Vous comprendrez donc que je ne pense pas que Dieu ait fait l’homme à son image, mais que l’homme a fait Dieu à son image… Et cette image évolue avec le temps, avec les mœurs…

. Qu’est-ce que pour toi l’égalité homme-femme ? Jusqu’où mener cette vision ?

La vache ! L’égalité homme-femme, c’est… l’égalité ? L’égalité, c’est de rester soi-même face à quelqu’un malgré ses différences. C’est-à-dire ne pas changer son comportement parce que j’ai une femme en face de moi… sauf si la séduction entre en ligne de compte, bien entendu. Je ne séduis pas un homme et une femme de la même manière. Tout simplement parce que je ne le fais pas pour les mêmes raisons ! Mais l’égalité ne peut se mener que jusqu’au bout, que ce soit pour des histoires de sexe, de couleur de peau, de lieu de naissance, d’œil qui dit merde à l’autre, de nombre de bras ou de jambes… Soit on est vraiment tous et toutes égaux et égales, soit on ne l’est pas, et c’est la loi du plus fort.

La sexualité et la séduction en général…

. Que faut-il à une femme pour être féminine ? A un homme pour être masculin ?

Une jupe pour l’une, et des muscles pour l’autre… et vice versa ! Des muscles pour l’une et une jupe pour l’autre ! On a tous et toutes notre « idéal » de la féminité et de la masculinité. Et puis je pourrais très bien répondre : « de longs cheveux blonds, une poitrine ni trop grosse ni trop petite, un cul d’enfer, et tout ça enrobé d’intelligence, du sens de la répartie, et un petit côté salope en intimité »… Je pourrais répondre ça, et demain tomber amoureux de tout à fait l’inverse !

. De fortes envies de sexe au quotidien, cela s’explique-t-il par des goûts personnels ou la biologie ?

Il semblerait qu’il y ait comme pour tout, un mélange des deux. L’idée selon laquelle les hommes ont un appétit sexuel plus grand que celui des femmes, est sûrement plus social que biologique. D’ailleurs, depuis que les femmes n’ont plus honte de leurs appétits, l’écart se réduit dans les statistiques !

À suivre…

Pour retrouver Zeppo :

https://simplement.pro/u/Zeppo

https://www.lulu.com/shop/search.ep?keyWords=zeppo&type

https://zeppo.dumonde.ovh/

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