Suite et fin de notre entretien avec Philippe Lecaplain, auteur, journaliste et metteur en scène…
Penses-tu que de nombreux prêtres / sœurs / etc. cachent des activités sexuelles à leur hiérarchie, pour le meilleur et pour le pire ?
Oui ! Ceux qui, à mon sens, ont compris que le dogme étrangle leur humanité. Que l’on est un homme ou une femme avant d’être un soldat de Dieu obéissant aveuglément et stérilement à une doctrine qui, une fois de plus, n’est qu’une vue de l’esprit humain.
Peux-tu nous dire quelques mots de ton travail journalistique et radiophonique ?
Je suis présentateur dans une grande radio écoutée par 40 millions d’auditeurs de nationalité, de culture et de religion différentes. La radio est le média le plus exigeant qui soit car il ne sollicite qu’un sens. Le journalisme implique une ascèse dans l’écriture. Par exemple, je m’interdits d’utiliser des adjectifs qualificatifs quand je rapporte l’actualité. Qui plus est, je passe trois-quarts de mon temps à parler des malheurs du monde. Aussi, avec Ces Dames, j’ai éprouvé le besoin de parler de choses plus douces, joyeuses et jouissives. Ce, dans un style délié puisque chaque rencontre est narrée avec une écriture collant à la personnalité de chacune : constat d’adultère pour une huissier de justice, vieux français pour une héritière de la couronne de France, dictionnaire pour une amoureuse des lettres…
Quelles sont les réactions de l’entourage professionnel ? Cela a-t-il posé des soucis ? Ou au contraire occasionné des échanges et rencontres ?
Je savais déjà que la jalousie était un vilain défaut et j’ai pu le vérifier une fois de plus. Ecrire un livre est un fantasme pour beaucoup qui, par frustration de ne pas en publier, vous reproche sourdement votre aventure. Que dire quand, en plus, vous parler de cul ! Vous vous rendez alors compte du nombre de frustrés que vous côtoyez. Et puis cette frivolité ne correspond guère au sérieux dont doit faire montre un journaliste ! Bien évidemment, rien ne vous est dit par vos confrères mais vous sentez une sourde réprobation. Sans parler de ceux qui se moquent avec aplomb alors qu’ils n’ont pas lu une ligne oubliant sans vergogne de vérifier alors que cela doit tenir du réflexe professionnel.
Ton roman, tout en s’habillant d’érotisme, me semble avant tout sociologique. Le déroulement met en avant des psychés complexes. Que penses-tu du rapport à la sexualité de la société actuelle ?
Je suis ravi que vous ayez lu entre les lignes car on ne se refait pas. Oui, il y a un aspect documentaire quand je décris le harcèlement dont sont victimes des femmes dans l’armée, le milieu de la mode ou l’institution religieuse. Je pense que mon écrit est souvent féministe là où certains ne pourrait voir qu’un propos grivois d’un homme consommant des femmes (l’inverse est vrai). Un homme qui, au bout du compte, se perd dans cette frénésie de rencontres.
Ecris-tu actuellement, si oui quoi ?
J’aimerais bien avoir du temps mais surtout la ressource intellectuelle pour écrire. Mais le théâtre me prend tout celui dont je dispose quand je ne suis pas à la radio. Car il ne suffit pas de jouer. Comme je suis le moteur de cette aventure, il me revient de trouver une salle de théâtre, réaliser flyers et affiches pour les tracter et les coller, trouver des accessoires, convaincre ceux qui ont un doute, motiver pour continuer, etc. Comme Ces Dames de l’Annonce sont mises en œuvre par une structure associative, il faut se débrouiller et travailler comme un artisan. C’est chronophage et fatiguant mais passionnant.
Ta carrière est plutôt différente que celle d’un auteur de romans érotiques. Comment en es-tu venu à cela ?
J’ai toujours eu une grande curiosité et une imagination débordante. Pour que cela prenne forme, j’aime créer d’une manière ou d’une autre. C’est la raison pour laquelle je bricole, dessine, photographie et écrit. Ces Dames de l’Annonce est mon cinquième ouvrage, après deux livres sur la communication et deux recueils de mots d’enfants. Je suis bien trop éclectique et touche à tout pour n’être que un auteur érotique. Raconter est ce qui m’a amené au journalisme et il n’est pas étonnant qu’il me conduise désormais à la littérature et au théâtre. Ainsi, j’ai en tête de rédiger d’autres ouvrages mais chaque chose en son temps et pour l’heure, la priorité est de continuer à m’amuser au théâtre avec de nouvelles représentations au théâtre Clavel, les trois derniers jeudi du mois de mars. Vous pouvez d’ailleurs prendre connaissance des critiques très sympa des premières montées sur scène sur billetreduc.com. Venez, vous vous amuserez !
Ces dames de l’annonce : la pièce de théâtre / Le livre