Extrait de ma saga littéraire « En attendant d’être grande », ou le journal intime d’une aventurière de sa naissance à son âge adulte…
Pour la première fois de mon existence, un âge à deux chiffres ! Et ce jusqu’au cercueil, à moins d’accomplir l’exploit de passer à trois, ce qui de toute façon n’est pas pour tout de suite. En cette nouvelle décennie je n’ai peur que d’une chose : devenir normale. Scientifiquement c’est « hormonal » paraît-il, je serais comme programmée pour devenir une pimbêche.
Une idiote en puissance qui désire la star du petit écran, fantasme sur un inconnu, invite un mâle à coller sa sueur contre soi en poussant de petits cris de truie qu’on égorge !
Chaque année les copines deviennent un peu moins intelligentes. Moi-même, chaque matin avant d’aller à l’école j’enfile mon costume de superficialité.
Dix ans n’est même pas la fleur de l’âge, c’est à peine si je bourgeonne. Certains jeux me paraissent désormais bébés, ma naïveté s’éloigne peu à peu. Quant à mes petits jeux coquins passés, je commence enfin à les lier au sexe pur et dur. Tout ceci m’éloigne de l’enfance. Surtout, je sais que l’interdit m’attire, me met dans tous mes états. J’y suis accro, voudrais-je cesser que j’en serais incapable. Le destin même semble me lier à la sensualité. C’est curieux, je me sens presque âgée.
Les dernières vacances ne m’ont pas fait voir l’avenir familial d’un œil très serein… J’espère qu’on n’est pas obligé d’avoir une vie de couple en grandissant. Effrayée de grandir aussi vite, je fais tous les efforts possibles pour rester gamine… Caprices, poupées, bisous, rigoler pour rien, coloriages, et le tout sans me cacher. Ce qui éloigne les snobinards (les minettes, et les garçons portés sur ces dernières).
On me toise avec mépris… et envie. Peut-être le temps ne remarquera-t-il pas que je suis en passe de devenir adolescente.
Peut-être ainsi pourrais-je rester enfant à jamais, qui sait.
Celui qui me force à me voir pousser, c’est le docteur. Trois à quatre fois dans l’année, maman tient à m’y emmener en visite de routine. Je connais monsieur Osier et sa grosse voix depuis toute petite. Il offre toujours des bonbons en fin d’auscultation, fait des blagues, demande des nouvelles, s’intéresse à mes petites anecdotes insignifiantes. J’adore le voir, lui et ses grosses mains poilues. Plutôt laid, il a pourtant tout pour plaire.
Mon type d’homme !? Il doit y avoir en lui une sorte d’image paternelle que je recherche inconsciemment. C’est toujours pareil,
dès l’entrée dans son cabinet je me mets en culotte et t-shirt, puis à la fin pour la pesée me mets nue.
Maman s’attendrit devant ce qu’elle croit être de la candeur, ce qui en était encore il y a peu. A chaque visite mon émotion est plus grande que la précédente lorsque monsieur Osier me touche, puis lorsque je retire mon reste de vêtements.
Du coup il me prescrit des médicaments, me croit sensible du cœur juste parce que celui-ci s’accélère dès l’instant où sa main est en contact avec ma peau. Curieux tout de même, que pourrait-il y avoir d’excitant chez ce petit gros bourru aux énormes lunettes ? Tout à l’heure, en ressortant du cabinet, maman m’a dit que je n’avais plus trop l’âge de tout retirer pour la balance. Moi, j’en suis encore toute fébrile. Aujourd’hui, lorsque le stéthoscope glacé s’est posé sur ma poitrine, je me suis retenue de ne pas gémir et me frotter les cuisses l’une contre l’autre.
Idem lorsque, comme de coutume et sur ma demande, monsieur Osier a posé ses mains sur mes hanches pour m’installer sur la table d’auscultation. Rugueuses, ayant vécu, elles sont puissantes et pourraient me déchirer d’une simple pression : me sentir si faible devant lui est tellement bon !
En fait monsieur Osier est un peu l’ogre de mes fantasmes.
Quelle tristesse que les stétos de nos mallettes de jeux soient en plastique… ce rond glacé métallique, j’aimerais que le docteur le pose partout ailleurs. Je me promets d’en acheter un vrai une fois grande. En même temps, peut-être cela me fait-il cet effet juste car c’est lui qui l’applique. Maman dit que le docteur devrait partir à la retraite d’ici quelques mois. J’en suis peinée. Et inquiète. Mets de choix, objet d’art, je ne peux permettre à n’importe qui de me toucher, ni de me voir ne serait-ce qu’en sous-vêtements !
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