Chloé grandit… et se pose de plus en plus de questions. La vie, l’amour, le sexe… Elle tient à ce que rien ne lui échappe. Coûte que coûte… – Nouvel extrait de ma saga littéraire « En attendant d’être grande ».
A la télé, j’entends des « experts » parler de « genre ». Dans cet océan de mots complexes et inconnus, je comprends que les parties intimes ne détermineraient pas notre état de fille ou de garçon. J’en viens à m’interroger sur ma propre identité. J’ai tout en commun avec les garçons niveau poitrine, hanche, popotin… J’enfonce mes cheveux sous une casquette et fronce un peu les sourcils, on me prend pour l’un d’eux. Sans nos robes, souliers fins et cheveux longs, nous sommes méconnaissables. Moi qui étais persuadée d’être une fille… que suis-je au juste ?
Un copain de classe, m’invitant à jouer au prince et à la princesse, me sauve. J’efface ces idées idiotes de mon esprit, je ne peux être une princesse garçon. Cette théorie du genre, encore très marginale, fera pourtant son chemin. D’opinion changeante (oui, je suis bien une fille),
il m’arrivera de
souhaiter ce bout de chair à l’entrecuisse au lieu de cette fente :
on désire toujours ce qu’on n’a pas ! Une bagarre entre deux garçons m’écarte pour de bon de cette absurdité. L’un se prend un pied aux parties et est cloué au sol, souffle coupé. Il met un long moment à s’en remettre et reste assis tout le reste de la récré, son assaillant puni. Je me fais promesse de ne plus jamais convoiter accessoire si handicapant. Elle sera tenue.
Pour les adultes rien n’est si clair : on m’appelle « garçon manqué ». Pfff… comment ne pas avoir de problèmes d’identités avec ces termes. Il faut dire que mes coquetteries sont remises à plus tard : on rigole bien plus en se salissant, en transpirant et en s’écorchant.
Garçon manqué ! Ne serais-je pas plutôt fille entière ?
Intrépide, vadrouilleuse, je peux me vautrer cent fois par terre sans pleurer ni appeler maman. Chaque soir je me découvre de nouveaux bleus. Par esprit pratique maman m’attache les cheveux et m’achète t-shirts et jeans bon marché. Enfouie dans ces vêtements trop larges je ressemble encore au sexe opposé, j’avoue. En jupe ou robe je n’aurais jamais pu faire tant de roulades, courses ou escalades. Dans la cour je deviens la terreur, tant crainte qu’admirée. Sans être bagarreuse, il ne faut pas me chercher non plus, et toujours prête à défendre celle ou celui qu’on embête.
Les différences se creusent… Au square comme à l’école, certaines sont de vraies poupées. Chaussures impeccables à s’y voir dedans, nœuds dans la tignasse, tissus repassés, elles en sont réduites à rester assises sur les bancs pour ne rien froisser ou salir pendant que les autres s’amusent. Leurs jeux se limitent à prendre le thé, se marier ou s’occuper de « bébés ». Certaines détestent (futures indépendantes), d’autres ont l’air de se trouver belles (futures femmes au foyer se mettant à quatre pattes sur simple demande maritale). Ces dernières sont accros aux histoires de prince charmant. Encore !
Aujourd’hui grande, je connais cette désillusion. A l’adolescence, étoiles plein les mirettes, poèmes dans un journal intime, yeux humides devant des films romantiques.
La plupart du temps,
les minettes les plus midinettes deviennent les plus débauchées.
Lorsqu’une belle de ce genre s’aperçoit qu’elle est en fait une salope, c’est de façon abrupte, voire violente. Elle a rendez-vous avec un garçon, tout a été préparé. S’imagine une nuit tendre et passionnée, d’amour et de complicité. Tout débute comme prévu. Un verre, un dîner aux chandelles, on marche main dans la main, on se dit des mots doux, on s’embrasse dans l’oreille…
Et puis un plumard tout propret, une ambiance glamour, de longs préliminaires, des habits ôtés un à un, lentement, sans se presser… Puis soudain tout part en vrille. Le geste de trop, celui qui fait tout basculer parce qu’il surexcite l’un comme l’autre. La tension ne peut plus se contenir et explose.
La belle se jette sur le gland pour le sucer à tout-va, gobe les testicules en ouvrant bien grand la bouche, se fait enfoncer un majeur dans l’anus, mordiller les tétons, puis enfiler dans les sens les plus obscènes en braillant des insanités jusqu’à se faire étaler la semence sur les seins et la langue. Le lendemain matin, réveil groggy, satisfaite parfois, désabusée toujours.
Ses rêves de petite fille se sont envolés, elle sait désormais qu’elle tient plus du « S » de salope que du « P » de princesse, et si « P » il devait y avoir… Quant à moi, ayant décidé d’être une salope dès le départ, j’ai pu devenir princesse peu à peu. Princesse aguicheuse et sexy, princesse tout de même.
(…)
J’interroge tata Marthe, la mère de ma cousine Estelle, lui demandant si la différence zizi-zézette est si importante. « A ton âge cet écart est encore tout petit. Mais déjà important. Plus tu grandiras, plus ça deviendra essentiel. N’écoute pas ceux qui disent que les filles et garçons sont pareils. Ce n’est pas vrai ! Plus on est différents, plus le monde est beau ».
« Plus on est différents, plus le monde est beau ».
Phrase simple, jolie, qui me restera. Les jours suivants, j’observe filles et garçons et note toutes les disparités possibles. Tata Marthe dit vrai ! Plus ça grandit, plus il y en a. La voix, le physique, la démarche, les fringues, les goûts. Tout ne me plaît pas… en ville, les mâles ont un affreux défaut : celui de pisser partout comme des clébards. Tata Marthe confirme : « une façon de marquer leur territoire ». C’est pour ça que papa met autant de bazar à la maison, s’étendre est une autre façon de faire : un moindre mal comparé à la première.
En regardant les mâles uriner, je remarque que les tuyaux ne sont pas les mêmes à quatre ou quarante ans. Si plus on grandit plus c’est différent, deviennent-ils démesurés à quatre-vingt-dix ans ? L’éventualité m’amuse… Tata se gausse de mes remarques. Et me dit de ne pas m’inquiéter : « il y a toujours un âge où les garçons nous semblent bizarres. Et même un âge où on les déteste ! Et puis un jour… ». J’ignore de quoi elle veut parler. Oui ils sont grossiers, bêtas, cabochards, mais… va pas croire tata, je les aime bien les garçons.
Le corps de ma cousine Estelle commence à changer, celui de maman à vieillir. Grandir me fait envie, et peur à la fois. Après, elles sont belles toutes les deux. Estelle, ma grande cousine, avec une allure qui se dessine et un derrière tout rebondi.
Maman avec
de gros seins qu’il m’arrive encore d’avoir envie de téter.
Pour savoir ce qui m’attend, je me mets à observer uniquement les filles. Facile : de la fenêtre passent vingt personnes à la minute. En fait, toutes sont jolies, chacune en son genre, chacune à sa façon.
Chaque âge possède sa beauté, même celui où les rides inondent le corps. Les personnes âgées ont des regards profonds, une sorte d’élégance dans le geste. Les toutes petites possèdent des yeux ronds, grands ouverts, vous fixant sans pudeur. Les jeunes filles se pavanent telles des stars, leurs cadettes les imitent gauchement. Les mamans plus en chair affichent des courbes généreuses sans complexe… Age, taille ou poids importe peu, toute fille a ce petit je-ne-sais-quoi faisant qu’on peut être belle même si on est moche. Ce qui me glace ne sont pas les bourrelets ou les boutons, plutôt les démarches rigides, voix cassantes et œillades sévères.
J’ai vu quelques filles bien roulées à la beauté si froide
qu’elles en devenaient laides pour de vrai.
Puis j’ai observé les garçons observant les filles. Ces dernières, discrètement, jouent beaucoup de l’arrière-train pour attirer l’œil. Parfois, c’est comme si elles n’étaient rien d’autre qu’un cul sur pattes. Et elles font mouche, les mecs se retournent et louchent. J’ai beaucoup de mal à concevoir qu’on puisse admirer une partie du corps renfermant des substances si immondes. Les seins d’accord, il n’en sort que du lait. Mais le derrière !
Quant à moi, avec ma drôle de petite bouille toute ronde, mes cheveux ondulés, mon petit corps tout fin tout lisse et ma fente presque invisible, je ne me trouve… oh allez, pas si mal. D’intuition, je comprends qu’il vaut mieux profiter tout de suite de l’enfance sans trop se poser de questions. Il faut jouer, courir et rire tant qu’on le peut.
A la maternelle, pas un seul jeu sexuel n’a lieu. On dirait que personne n’y pense ! Moi j’aurais bien quelques suggestions.
Que chacun touche l’autre pour voir comment il est fait,
qu’on se déshabille un peu plus que juste ce qu’il faut pour ses besoins.
Reste l’heure de sieste, où tout le monde est en culotte dans de petits lits individuels, certains sans rien, dans une grande pièce commune.
Lorsque les autres dorment, il m’arrive d’aller, sur la pointe des pieds, regarder sous la couverture du voisin. Je soulève le drap puis le tissu, zyeute avec intérêt le ver de terre et sa petite boule en dessous, à peine visible, à moins qu’il y en ait deux. Au moins j’en sais un peu plus que les copines. A force de ne pas faire la sieste, je fatigue. Puis finis par me lasser : ces bouts sont tous les mêmes ! Tout compte fait je m’endors aussi, en espérant qu’aucun garçon n’en profitera pour faire de même.
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