La bande de copine de la cour de récré se met à se réunir en dehors de l’école. Et puisque certaines mamans l’acceptent, pourquoi pas aussi la nuit lors de Pyjama partys ?
Extrait de ma saga littéraire « En attendant d’être grande », ou le journal intime d’une aventurière de sa naissance à son âge adulte…
Cette année sonne une nouvelle première fois, celle des soirées pyjamas, cette activité propre à la gent féminine. On est un petit groupe de six ou sept filles, dont Clarisse bien entendu, et on s’invite toutes parfois les unes chez les autres. Pour une soirée pyjamas digne de ce nom, il faut au moins cinq gamines. On manque de place, on se bouscule pour dormir, on rigole bien. Les soirées sont pleines de confidences, de jeux et de téloche. Surtout de confidences.
Une fille plus une fille plus une fille plus encore une fille, ça forme un peu, quoi qu’on en dise, un gang de pétasses.
Par « pétasses » je n’entends rien de bien méchant. C’est juste qu’on adore les cancans, les mesquineries, les mots et sujets interdits, dire du mal des autres. Moi qui n’avais jamais été une commère, voilà que j’y prends plaisir autant que les autres. Je crois que c’est un peu le destin de toutes les filles, à certains moments. Ces soirées deviennent à la mode, plusieurs groupes se constituent dans l’école, et tout le monde ne pouvant pas être invité ça crée des rancœurs.
Ah, les groupes… depuis cette date je les haïrai, sans jamais pouvoir m’en extirper totalement : un mélange d’attirance et de rejet. Au moins n’en sommes-nous pas encore aux groupes sociaux ou aux luttes des classes, seulement des bandes de copines conspuant d’autres bandes de copines. Ça devient vite lassant, et je parviens à orienter davantage les soirées vers les contes et les jeux, avec un certain succès.
Depuis que papa m’a appris que les salopes étaient de belles princesses, je cherche à en devenir une, tu le sais, mais ne souhaite pas devenir une pétasse pour autant. Non, ce ne sont pas des synonymes. Rappelle-toi !
La salope est une coquine aimant bien titiller, la pétasse une médisante qui n’a même pas assez de sept péchés capitaux pour être repue.
Sans doute pas assez pétasse au goût de certaines, on finit par me désinviter de certaines pyjamas partys. À notre âge la vraie amitié est rare, voire n’existe pas. Plutôt que des amis on a des partenaires de jeux. Clarisse est l’exception qui confirme la règle, c’est pour ça que je l’aime tant et qu’elle m’aime tant.
Maman ne veut pas accueillir les soirées pyjamas, dommage, quel beau spectacle manqué pour Julius, il m’en aurait fait une syncope. Surtout quand on sait la tournure que je parviens à donner à certaines nuits. Car si je tiens à expurger le contenu « pétasses » (quoique jamais totalement) je tiens à incorporer du contenu « salope ». Histoire de les éduquer un peu, et puis les expériences entre filles m’intéressent autant que celles avec les garçons. Lorsqu’il fait chaud je me mets en culotte et incite les autres à m’imiter si elles ne le font pas naturellement.
Quand la soirée se déroule dans une petite chambre, comme la fois où on est chez Clarisse, je propose qu’on dorme toutes les unes contre les autres. Ce qui plaît bien à tout le monde.
Cette nuit-là éveille particulièrement nos sens.
Certaines sont en nuisettes avec rien en dessous, et ne s’aperçoivent pas qu’elles sont à moitié transparentes. Certaines sont courtes, et lors des jeux, ou lorsqu’elles s’asseyent, il y a toujours un moment furtif où on voit tout. En tout cas pour qui a la vivacité de mon regard. Pendant le sommeil les corps se retournent et s’entrechoquent, je reste la seule éveillée, je regarde.
Estelle m’a dit que les humidifications nocturnes se passaient beaucoup en rêves. Je veux bien le croire, moi ça ne m’est presque jamais arrivé… ce genre de moments étant trop beau pour le vivre en roupillant. J’observe les copines dormir, à l’affût du moindre signe. En vain. Il faut plusieurs soirées pyjamas pour percevoir enfin une chose ou l’autre.
D’abord chez Françoise, qui fait des sortes de sursauts en soufflant. Puis chez Valérie qui, elle, pousse des sortes de gémissements, main entre les cuisses. J’adore voir ça. Qui plus est pour Valérie, je parviens à avoir une incidence sur le rêve. Il me suffit de caresser ses cheveux, ou bien que mes doigts frôlent son mollet pour qu’elle se retourne encore sur elle-même, et que les sons reprennent de plus belle.
De nouveau, je ressens les expériences sensuelles par procuration, les faisant vivre plutôt que les vivant moi-même.
Tout compte fait, chaque participante profite de ces rendez-vous pour développer son éveil à la sensualité. Seule moi en ai pleinement conscience. Les garçons au courant de ces soirées, font mine de s’en foutre et de se moquer, disant qu’on est des filles frustrées faisant des trucs de lesbiennes, ce qui est tout de même très exagéré. Je profite d’une de ces soirées pour voir si je suis plus douée que les autres dans le dévêtement.
Après qu’on ait un peu dansé, je propose un concours de déshabillage en musique. « Comme du strip-tease ? », dit l’une d’elle. C’est là que j’apprends le terme. Non, pas comme du strip-tease, je les rassure à ce sujet, ce sera juste du déshabillage en musique, un petit jeu, rien de plus. Ma suggestion, énoncée un peu timidement, un peu à la rigolade, recueille un enthousiasme auquel je ne m’attendais pas.
Après vérification que les parents de la copine chez qui on est sont bien couchés (quand le chat est sorti, les souris…), on cherche quel titre il nous faut. On choisit un Joe Cocker. Pas le titre auquel tu penses toi lectrice, toi lecteur, un autre, encore mieux. Puis, je dis qu’il faut se changer. Si on reste en nuisettes ou pyjamas, chaque passage va durer trois secondes à peine, il faut avoir des tissus à retirer. Alors on remet nos vêtements de la journée. Pantalons, jupes, robes, ceintures, chemises, il y a de tout.
Musique enclenchée, la première copine passe, elle fait un peu la fofolle sans trop savoir quoi faire et finit en culotte.
Sachant que les suivantes risquent de faire de même, je passe en deuxième et fait ma représentation complète, sans rien avouer de mon histoire avec Julius. J’ose, et j’enlève tout. L’ambiance très détendue du premier passage musical s’estompe, les rires s’arrêtent.
Elles me regardent en silence, fascinées. J’ignorais qu’on pouvait également être excitée en étant regardée par des filles… si ça se trouve le type de sexe ne compte pas tant que ça. J’ignorais aussi qu’on pouvait être excitée devant une fille qui se dévêt, pour peu que mes copines le soient en me regardant. Dernière note, je salue telle une artiste, elles applaudissent et me félicitent. Les suivantes, du coup, cherchent à être au niveau et se prennent plus au sérieux.
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