Tombe l’eau douce

Année 70. Chloé est de retour de vacances. Le copain de l’été est loin, tata aussi, c’est la poursuite de la scolarité. Où l’on préfère ce qui arrive en dehors de la classe et dans la cour de récré.

Extrait de ma saga littéraire « En attendant d’être grande », ou le journal intime d’une aventurière de sa naissance à son âge adulte…

 

La petite pause est si vite passée ! Retour aux bancs d’école, déjà. Adieux jeux d’eau, plage, prières et nudité. Au final, gambader et sautiller à poil, un peu partout, un peu tout le temps, est bien ce qui a été le plus excitant, même en retirant le côté m’as-tu-vu… Qui était d’ailleurs exagéré : en général personne n’était là pour regarder (sauf pour regarder Estelle). Quant à Tim, je reconnais que nous l’avions un peu utilisé. A la seconde même où son attitude différait de mon plan, le copain était aux oubliettes ! Dominé, être dominée…

Manipuler, être manipulée… Des fois l’un, des fois l’autre.

Si au grand air une semaine semble durer un jour, en classe c’est le contraire. Le groupe pyjama party s’est disloqué. Le seul lien qui nous unit encore est le secret de cette fameuse soirée. Si les copines étaient moins sottes, quels pas de géants aurions-nous pu faire dans notre éducation à la sensualité ! Que de belles aventures aurions-nous pu vivre ensemble ! J’enrage.
Le seul vrai bel instant de la semaine est le cours de sport. Qu’importe la discipline, on se défoule toute une matinée et ça fait un bien ! Surtout, surtout, on termine par la douche collective.

Même si les prudes ne tarderont guère à gagner du terrain (Seigneur, pas si tôt !), on est encore loin de ces temps à venir où toute nudité naturelle sera honnie des enfants et ados. Alors que dans le même temps apparaîtront pantalons taille basse, strings, soutiens-gorge rembourrés, jupettes ultra-moulantes pour fillettes et autres habits tous plus indécents les uns que les autres.

Quelle utilité de maintenir des seins jeunes et fermes ?

Un téton qui pointe sous le chemisier n’est-il pas mille fois plus charmant ? Oui d’accord, si d’habitude il ne pointe pas mais durcit dès que tel mec arrive, ce peut être compromettant. Mais ce n’est pas vraiment le cas, petite, lorsque le sein pousse. Aujourd’hui, le téton à même le chemisier fin j’assume, ça pourrait désinhiber celui qui n’ose pas… Au pire, on peut toujours se réfugier derrière l’excuse physiologique. Mais je m’égare.

Les vestiaires me confirment que personne de mon âge ne porte de soutif. Et en remarque même d’autres qui ne portent pas toujours de culotte… Evidemment la douche se déroule sans les garçons… On ne peut tout avoir. Comme j’aimerais qu’ils nous accompagnent ! Les grands font tout pour nous séparer et après on se retrouve à se faire des strip-teases entre filles.
Nous sommes mêlées à des lycéennes, collégiennes, retraitées, mamans, étudiantes. De tout. L’endroit étant interdit aux mâles, d’accès comme de vue, ça titille ceux de notre classe. Trois d’entre eux se sont pris une belle rouste du gardien en tentant d’escalader je ne sais quoi pour épier depuis un velux. Epier qui, nous ou les plus grandes ? Leur bravoure a été fort mal récompensée… J’aurais adoré qu’ils réussissent.

Les premières semaines de l’année, presque personne ne passait sous le jet. A la rigueur sur la fin, vite fait, les copines presque toutes parties, presque un peu en cachette, en tout cas serviette couvrant le corps des épaules aux genoux, maintenue jusqu’au pommeau.

Eh, ne sommes-nous déjà plus dans les seventies ? Manifs, libération sexuelle, révolution des mœurs, babas et compagnie ?

Mince, on dirait pas. Etant née en soixante-neuf (ne compte pas sur moi pour ce trait un peu trop évident), je suis presque arrivée un brin trop tard. Bon, s’il fallait une hippie je m’y collerais. Tu te diras, lectrice, lecteur, la Chloé a tout retiré dès le début puis a fait des allées et venues partout dans le vestiaire, provocatrice comme de coutume. Eh bien pas du tout, au contraire, j’ai même cru que je n’y arriverais jamais. Chaque semaine « allez, cette fois je le fais » puis se dégonfler et rebelote la semaine d’après. L’école ce n’est pas du tout la même dimension. On n’est pas dans une chambre, ni sur une plage ou une terrasse de vacances, les conséquences ne sont pas les mêmes.

Au début je regarde. Assise, plantée, j’attends et vois passer tous ces culs et seins devant moi, de l’étudiante à la retraitée. J’adore regarder… Après une collection de pénis et testicules en Allemagne, je m’en offre une de vulves et de tétons. Et puis, après plus d’un mois d’hésitation, combinaison sportive à pièce unique se dézippant par le haut, afin de le faire d’un coup. Fermer les yeux, prendre une grande respiration…

Puis me lever, ôter l’habit, prendre serviette et savon à la main et me diriger le plus nonchalamment possible aux douches, très naturelle à l’extérieur, angoissée à l’intérieur.

Car c’était fait devant toutes, lorsque personne n’avait encore quitté les vestiaires. Oui je suis ainsi : je passe à l’acte ou non, mais si je me décide je ne le fais pas à moitié. J’ai perçu de la surprise, pas nécessairement du jugement. C’est sûr, il y a eu un flottement entre rires et admiration. Mais je pense que les adultes m’ont sauvée : à mes côtés, d’autres nues de vingt à quarante ans passent. Intégrées à elle, je deviens, en une seconde, celle qui a leur maturité. Celle qui ne s’encombre plus de gamineries du style je pouffe et je rougis ». Dès le cours d’après, nous sommes plusieurs à beaucoup moins nous gêner.

Une maman hollandaise et ses filles de peut-être dix ou douze ans passent, toutes les trois sans rien. Après la douche, les petites attendirent leur mère en jouant, sans songer un instant à se passer l’ombre d’une serviette autour de la taille. J’en fus confortée : il fallait aller plus loin. Un mois plus tard, un tiers d’entre nous était sous le jet. Les deux tiers restants gardaient leur sueur jusqu’au soir, les mieux fichues restant les plus pudibondes… J’aurais pensé l’inverse.

Pour faire le forcing, je me fis la plus belle possible à chaque fois. Vêtements de rechange soigneusement repassés, brillant pour cheveux, parfum… pchitant et parfumant toutes celles n’étant pas équipées, prête à partager gel douche et serviette s’il le fallait. Cette serviette, qu’au final chacune amena, fut un marqueur d’évolution. Au début enveloppant tout le corps de la copine, puis à la taille ne masquant que le bas, puis sur les épaules cachant tout juste un peu le haut des fesses, et enfin à la Chloé, portée à la main sans rien poser sur le corps.

Mon péché mignon, surtout, est de laisser cela sur le banc, afin de partir et revenir nue.

Tu vois le style ? Sous le pommeau avec juste la serviette près de moi, oh j’ai oublié le gel douche, je retourne au banc et repart, et oh j’ai oublié le shampoing… Putain quel régal.
A force de nous voir toutes belles toutes fraîches, d’autres nous imitèrent. Propres et changées on vous regarde, miser là-dessus était la solution.
Ainsi, la tendance s’inversa peu à peu… Désormais, c’est un tiers maximum qui se passe d’eau pour deux tiers qui… passent sous l’eau. Je me fais la promesse d’avoir converti tout le monde d’ici la fin de l’année.


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