Carl, amant inaccessible…

Pour Chloé, le petit copain de maman est un exemple.

Extrait de ma saga littéraire « En attendant d’être grande », ou le journal intime d’une aventurière de sa naissance à son âge adulte…

 

L’essentiel est le tournant que cet homme m’a fait prendre dans la vie. Toute fille passe par ce moment-clé : soit rester courtisée, soit devenir courtisane. Celle qui choisit de rester simple courtisée, tombe dans le culte de l’apparence. Elle couche, fait des œillades, récolte quelques savoirs et use de ses charmes pour viser le sommet. L’ennui étant une concurrence rude, des résultats aléatoires et des places chères, les bombes comme elle étant légion. Celle qui choisit de passer courtisane, est celle qui fait le choix le plus intelligent. Et bon gré mal gré, c’est elle qui sera au final la plus courtisée. Comprenne qui devra.

En présence du petit copain, maman était une toute autre femme. Bien plus aimante et aimable, bien moins négligente et négligée. Un homme dans la vie, ça vous change une femme. J’en profitais pour observer les tourtereaux tout en m’évaluant moi-même, voir en quoi je brillais et en quoi je pêchais. Quels étaient mes traits qui passaient et ceux qui sombraient, quelles étaient mes attitudes gagnantes et perdantes. Mon but, saisir autant que possible les mécaniques hommes femmes, tant que l’opération n’était qu’un exercice. Le jour où je serais en situation réelle, je n’aurais plus droit à l’erreur, du moins à tant d’erreurs.

Je me fis la promesse de toujours conserver un haut niveau d’exigence envers la gent masculine, et ce fut un engagement qui à l’avenir ne fut tenu qu’en partie. Car tout de même, une vie de vadrouilleuse demande bien plus de prises de risques qu’une constante attitude de princesse élégante et raffinée. Malgré ma curiosité sexuelle et mes nombreux fantasmes, tout ça me paraissait alors inimaginable. Je ne pouvais encore concevoir à quel point, selon la situation, se faire sauter par un naze ou un nul pouvait être sensationnel. Et ça je sais que même toi qui me lis, tu ne le comprends peut-être pas tout à fait. Nous en discuterons un peu plus tard.

Entre Carl et moi, la séduction était totalement non sexuelle d’un côté (le sien), et forcément plus ambiguë de l’autre (le mien).

À onze ans, on a beau être attiré par ceux de son âge, on a toujours un adultophile au fond de soi. Pathologie bien moins dangereuse que son opposé et néanmoins contrariante : face à un adulte, un enfant a beaucoup de mal à briller.

Surtout un grand tel que lui : je ramais, ça on pouvait le dire ! Et me sentais ridicule, autant qu’une sotte petite fourmi avec des pieds de lémurien. Heureusement, Carl me renvoyait constamment une image positive de moi-même, ce qui soignait mes complexes. Sa vision était juste : il me voyait telle que j’étais, une enfant et rien de plus, dans toute sa candeur et sa maladresse. Pas totalement cruche non plus, je savais Carl baratineur avec la gent féminine de sept à soixante-dix-sept ans.

Quant au vieux dictionnaire, signe révélateur, il fut dépoussiéré et remis à une place atteignable par mon mètre quarante. Je m’en servais parfois toute seule, ou bien c’était lui qui l’ouvrait lorsqu’il n’avait pas de réponse à une de mes questions. Pas une fois il ne me dit qu’il n’avait pas le temps ou que je l’embêtais, et pourtant Dieu sait que je l’ai embêté. Je me demande si Carl ne trouvait pas en ma personne tout ce qu’il espérait vainement trouver chez son fils. Maman était ravie que je m’intéresse à l’histoire, la géo ou l’univers, moi que les cours barbaient tant. Chaque jour je lui demandais des informations sur un tas de sujets, chaque jour il me répondait.


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