Une jeune fille noire séjourne ici. Son corps excite déjà les garçons de la communauté…
Extrait de ma saga littéraire « En attendant d’être grande », ou le journal intime d’une aventurière de sa naissance à son âge adulte…
Le « pire » (ou le mieux, c’est selon), c’est que Fatou ne cherchait nullement à être sexy, tout en l’étant en permanence malgré elle. Quelle que soit sa posture, Fatou était excitante. Debout, assise, allongée sur le ventre, sur le dos, à chaque heure de la journée, on aurait dit qu’elle prenait la pose afin d’attirer l’œil. Ce qui pourtant n’était pas le cas, tout du moins au début. Qu’elle soit sans rien, en robe, en paréo ou en t-shirt et jean, qu’elle lise un magazine ou mette la table, elle restait attirante.
Quant à sa peau, elle était d’une telle douceur que dès qu’elle était nue, les enfants de trois à douze ans se battaient presque pour l’enlacer. Je vis plusieurs copains se défaire de la petite étreinte et partir en se cachant l’entrejambe… Charlie, lui, se foutait éperdument de tout cela et observait ce petit manège en rigolant. Estelle aussi.
En fait, Fatou avait ce type de corps dont m’avait parlé ma cousine, autant taillé pour la baise que la maternité.
On pouvait voir en elle une maman comme une amante.
Malgré les principes d’amitié, certaines filles la regardèrent d’un sale œil. Ah, enfin une réaction propre à un monde « normal ». Enfin un signe me montrant que nous restions dans le monde réel, et non un jardin d’Éden. Et dans le même temps, la copine était si aimable et joyeuse qu’il était compliqué de vraiment médire d’elle, même pour ses concurrentes. Concurrentes ?
Le fait est que cette ambiance commençait, subrepticement, à la faire changer. « En mal » dirait un curé, « en bien » dirait toute personne censée. Peu à peu, Fatou se mettait à flirter. Non pas flirter au sens actuel du terme qui signifie se rouler des galoches. Je parle de ces petits jeux de regard, ces postures affriolantes (désormais volontaires), ces titillements, ces allusions.
Cela ne venait pas d’elle, plutôt de la totalité des garçons du groupe la draguant plus que copieusement. Seulement, elle commençait à avoir du répondant. Et ce répondant-là n’était pas pour les éconduire, bien au contraire. Le plus drôle, c’est que pour trouver des prétextes tactiles, les garçons faisaient tout comme les gamins de dix ou onze ans : ils chatouillaient, blaguaient ou proposaient des jeux. Je ne pense pas que la belle avait été d’emblée attirée par eux.
Je crois surtout qu’être autant convoitée, au centre de toutes les attentions, l’excitait.
Au fond, elle était davantage excitée par elle-même.
Qu’importe : l’essentiel est que cet élément primordial soit présent. Elle avait beau le cacher, c’était clair comme de l’eau de roche. La jeune fille était telle une petite enfant qui découvrait la vie : la sensation peau contre peau, la séduction, le plaisir de la nudité, le plaisir d’être observée…
Tout à fait moi à mon âge. Rien de tout cela n’était prévu : une sorte d’erreur de parcours, un dos d’âne sur un chemin lisse et emprunt de piété. À ce stade, ça allait encore… il n’y avait même pas de quoi aller à confesse. D’ailleurs, elle n’avait pas prévu d’aller plus loin. Ce fameux cul, elle avait la ferme intention de le garder sans le prêter à qui que ce soit, sauf pour le jour où elle trouverait un mari.
D’ailleurs, elle priait chaque soir et gardait toujours sa petite croix de baptême autour du cou, y compris lors des baignades. Les petits, et même certains de mon âge, lui demandaient qu’elle leur apprenne à prier. « Alors qu’avec moi ils n’ont jamais voulu ! » s’écria Estelle en les voyant. Ils étaient ainsi chaque soir, jusqu’à une petite dizaine, à prier ensemble, faisant râler quelques mamans anticléricales. Que voulez-vous, le rôle d’une évangéliste est d’évangéliser.
Le truc, c’est que les garçons l’évangélisèrent à leur façon avant qu’elle n’ait eu le temps de les évangéliser la première. Il aurait fallu d’un petit rien pour que tout se déroule normalement… et il suffit d’un petit rien pour que tout dérape.
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