Entretien avec Zeppo 3/6

Troisième partie de l’entretien avec l’auteur Zeppo…

. Livre érotique : simple amusement ou bien outil de développement personnel ? Pourquoi ?

Tout à la fois. On peut écrire dans le but d’ouvrir les gens à une façon de penser, etc., c’est le lecteur, la lectrice qui choisit. En fait, c’est comme tous les livres : ça dépend beaucoup moins de l’auteur que du lecteur !

Ta vision personnelle de la littérature…

. Quels sont tes coups de cœur littéraires, que ce soit en érotique ou tout autre style ?

Oh la vache ! Je vais citer Des milliards de tapis de cheveux, de Andreas Eschbach. Parce que justement, c’est le livre qui m’a fait comprendre pour de bon que la fiction n’est pas que distraction. Mais il y en aurait tant d’autres… Et tant que je n’ai pas encore lu !

. Dans un polar ou un livre d’horreur, on peut prendre plaisir à imaginer des choses que l’on n’aimerait pourtant jamais vivre. Est-ce également le cas en littérature érotique ? Quel est ce mystère ?

On a tous rêvé un jour ou l’autre de découper en petits morceaux toutes les pourritures qui nous rendent la vie moins rose ! Mais nous ne sommes heureusement pas tous psychopathes et nous ne faisons qu’en rêver pour pouvoir les supporter jour après jour !

Je crois que dans la littérature érotique, le processus du fantasme est encore plus présent. On peut être excité(e) à la lecture d’une scène qui est à la limite du viol (voire complètement un viol), mais on ne s’imaginerait jamais prendre du plaisir dans cette situation, que ce soit en tant qu’agresseur ou victime. Le processus d’identification au personnage, quand le corps s’en mêle, peut être impressionnant, à mon avis. Et on a tous en nous, ce petit côté morbide qui nous fait aimer les événements horribles. Dans la littérature, on y a le droit, alors on ne se prive pas. On peut toujours dire après : « ouais, mais c’est qu’un livre, ça veut rien dire… » sauf qu’on sait tous sans le dire que ça veut dire quelque chose !

. Qu’aimes-tu lire en général et pourquoi ?

De la littérature érotique, un peu. Mais ce qui me transporte le plus, c’est la science-fiction et la fantaisie… Justement parce qu’on arrive à parler de l’humanité que nous connaissons sans qu’elle ne soit nommée. Comme le faisait La Fontaine en son temps avec les animaux. Lorsque les personnages ne sont pas les humains qu’on connaît et qu’on côtoie tous les jours, ça permet plus de libertés quant aux réactions qu’ils ont, parfois bien surprenantes ! Mais maintenant que je pense avoir un peu trouvé ma voie dans la littérature érotique, je m’y intéresse de plus en plus sans avoir peur de tomber dans le plagiat ! Et il y a des choses vraiment intéressantes… Je vous conseille encore d’aller voir les podcasts de Charlie, vous y découvrirez de belles pépites qui prouvent que je suis loin d’être le premier à penser que ce type d’écriture est quelque chose de transversal : tous les sujets peuvent avoir une charge érotique qui amène le lecteur et la lectrice beaucoup plus loin dans le questionnement philosophique que sans cette charge.

Littérature érotique et société…

. A une époque, bien des ados et même préados ont découvert l’érotisme via les pages de sexe cru de « S.A.S. ». Ces lectures peuvent-elles jouer sur l’éveil sexuel, avoir un aspect pédagogique ? Ou bien doit-on laisser cela impérativement aux plus de dix-huit ans ?

Là, on touche à un sujet brûlant ! Pour moi, la réponse est simple : c’est aux parents de voir. La loi doit sûrement garder cet interdit aux mineurs, de façon à montrer qu’il y a un certain danger, que l’ado qui se met à lire sait qu’il ne lit pas un bouquin de la collection Polichinelle, par exemple. Mais les parents doivent accompagner ça, de la même façon que ce n’est pas à la loi ou aux professeurs d’accompagner les adolescents et adolescentes dans leur construction sexuelle, mais bien aux parents avant tout. Laissez-les devant un Predator à 10 ans et vous êtes partis pour quelques nuits sans sommeil ! Regardez-le avec lui en lui expliquant quelques rouages du scénario ou des effets spéciaux, et vos nuits seront plus paisibles ! Le sexe est partout et est pourtant de plus en plus tabou dans les rapports parents/enfants. C’est justement à l’heure où l’accès à l’érotisme et la pornographie est si simple et gratuit qu’il faut en parler, expliquer où est la barrière entre fiction et réalité, entre fantasme et vécu…

. Quelle est la limite dans la littérature érotique ? Faut-il des tabous et des interdits, si oui lesquels ?

Non, il n’y a aucune limite à mettre. Les tabous existent dans la société, et certains sont même punis par la loi, en cas de besoin. Un auteur, tout aussi tordu soit-il, doit pouvoir s’exprimer. Les lecteurs et lectrices choisiront. J’ai une totale confiance en l’être humain, et ça me perdra, un jour !

. En quoi cette littérature résonne-t-elle avec la société actuelle, à l’heure entre autre d’un certain retour à l’obscurantisme religieux ?

En fait, la religion n’a pas toujours été « contre » le sexe. Par exemple, les puritains que l’on fustige aujourd’hui allaient jusqu’à inciter les couples mariés à le pratiquer régulièrement… et même punir la chasteté dans le mariage ! Mais aujourd’hui, c’est un fait : religion et sexe ne font pas bon ménage, si ce n’est pour la reproduction. Et en réponse, on a le sexe à outrance. Un extrême n’arrive jamais seul, on le sait bien ! Je pense que la littérature érotique permet d’apaiser tout ça, parce que l’érotisme est partout : à plusieurs ou seul(e), au lit ou dans une salle d’attente. L’érotisme est d’abord une tension entre personnes, qui va justement au-delà du simple sexe, même si cela passe par un acte sexuel. Je crois vraiment que l’érotisme, c’est un peu l’écologie dans la politique : il faut en avoir partout ! Non pas dans le but de sacraliser ou désacraliser le sexe, mais bien dans le but d’en faire un art de vivre. Hier, on disait : « dis-moi ce que tu portes et je te dirai qui tu es », aujourd’hui « dis-moi ce que tu manges et je te dirai qui tu es », demain sûrement « dis-moi comment tu fais l’amour et je te dirai qui tu es ». On vit une période intéressante, de grands changements profonds, mais qui ne passera pas par une révolution sanglante (je l’espère, du moins!). Ces changements n’en seront peut-être que plus pérennes. Et quand on parle d’érotisme, on parle avant tout de relations entre les gens… donc de la société.

. De quelle façon le monde d’aujourd’hui influence-t-il ton écriture ?

Alors là… Une fois que j’en aurai parlé sur un divan, je saurai peut-être y répondre ! Mais il est certain, déjà, que c’est parce que le monde ne tourne pas rond que j’ai ce besoin d’écrire !

À suivre…

Pour retrouver Zeppo :

https://simplement.pro/u/Zeppo

https://www.lulu.com/shop/search.ep?keyWords=zeppo&type

https://zeppo.dumonde.ovh/

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