Quatrième partie de l’entretien avec l’auteur Zeppo…
Ta création dans son ensemble…
. Que ressens-tu par rapport à tes personnages ? Te ressemblent-ils, te sont-ils opposés ? Sont-ils des amis ?
Je dois bien avouer que mes personnages féminins sont parfois inspirés de certaines personnes réelles ! Ou du moins, certains traits. C’est bien de la fiction que j’écris, et si telle ou telle personne s’est retrouvée dans un de ces personnages, ça n’a pour l’instant été que bien vécu par ladite personne ! Pour les personnages masculins, je ne vais pas dire qu’il n’y a rien de moi, ce serait mettre des œillères sur ce que c’est qu’écrire ! Mais ce n’est pas le but recherché. Les personnages servent l’histoire, et non l’inverse. Alors oui, ils peuvent parfois me ressembler ou m’être opposés complètement, suivant ce dont j’ai besoin !
. Aimerais-tu coucher avec eux, ou certains d’entre-eux ?
Joker ! 🙂
. Injectes-tu de l’amour dans tes histoires ? Peut-on écrire du sexe sans un gramme d’amour ?
Ça me paraît assez difficile, en effet. Après, ce n’est pas forcément de l’amour « durable », si je puis dire. Certaines nouvelles ne sont que des portes ouvertes à l’amour. Je ne crois pas qu’on puisse n’écrire que des histoires de coup de foudre sans mentir au lecteur. Pour moi, l’amour est une construction, le coup de foudre n’est que de l’attirance très violente. Mais ce n’est pas encore de l’amour à proprement parler. On ne peut pas faire d’érotisme sans sentiments, c’est clair. Mais les sentiments sont bien souvent ambivalents… le syndrome de Stockholm en est un bel exemple !
. Ecris-tu en fonction de ce que le lecteur pourrait aimer, ou bien as-tu l’écriture plus intuitive ?
Clairement intuitive. Je me laisse porter par l’histoire. Je sais d’où je pars et où je veux arriver. Mais là où j’arrive, ce n’est pas forcément ce que j’avais prévu. J’essaye au maximum de me mettre dans la peau de mes personnages. Et s’il arrive quelque chose qui change le cours de l’histoire, je ne reviens pas en arrière afin de garder mon chemin. Je recalcule la trajectoire, simplement.
C’est bien sûr surtout le cas pour les nouvelles, ce que j’ai le plus écrit pour l’instant. Parce que les nouvelles, je les écris presque d’un jet. Certaines sont composées de petits chapitres. On devine alors en combien de fois j’ai écris cette nouvelle.
Je répondrai plus clairement après l’écriture du roman en cours… mais à tous les coups, ça va être assez semblable, parce que je me suis déjà laissé plein de liberté dans ce sens, quand j’ai construit le schéma du livre ! Si j’arrive à me surprendre moi-même, alors je devrais aussi réussir à surprendre les autres… C’est un peu ça, ma devise !
. Comment fais-tu pour mieux vendre, te faire connaître, fidéliser le lecteur ?
Heu… Je n’ai pas de technique pour ça. Je reste moi-même, simplement. Comme je disais, je n’écris pas avec l’idée que ça plaise forcément. Un de mes recueils (Contes Fantasti’X) en est sûrement un parfait exemple. L’érotisme a pour moi vocation a se retrouver partout. Les romans à l’eau de rose seraient sûrement plus intéressants si les auteurs se permettaient d’y mettre des scènes érotiques, parce que ça changerait leur vision « angélique » du personnage !
Je crois qu’en fait, ma technique pour vendre, c’est de ne pas essayer de vendre… Mais je dois avouer que c’est pas super efficace !
. Si ton œuvre totale pouvait se résumer en un message, quel serait-il ?
« lâche-toi » ? Je crois que ceux et celles qui m’ont lu sauraient mieux répondre que moi… mais chacun(e) aurait sa propre réponse, sûrement !
. Ecrire peut-il te provoquer une excitation sexuelle ? Et lire ? Rêver ? Imaginer ?
Tout. Les scènes érotiques que je garde sont lues parce qu’elles m’ont excité ! Lire me procure énormément de plaisir et quelques auteur(e)s me provoquent ça assez facilement ! Rêver et imaginer, je pense que tout le monde peut le faire… si on n’arrive pas soi-même à s’exciter, personne ne le pourra !
Sexe et société…
. Si la société d’aujourd’hui était réduite à un couple, quels seraient ses problèmes sexuels ?
Le manque de communication, sans hésitation !
. Familles recomposées, sites de rencontres, dénonciation du harcèlement, banalisation de la pornographie… en quelque décennies, notre image du sexe et de l’amour a été chamboulée. Pour le meilleur ou pour le pire ?
Je ne suis pas du genre à juger, et encore moins à juger un processus qui à mon sens n’est qu’en cours. Mais une chose est sûre : avant de trouver un juste milieu, les deux extrêmes seront aux manettes !
. Que faire face à cette misère sexuelle touchant toutes les couches de la population ? Pourquoi tant de laissés pour compte ?
Je considère qu’il n’y a de misère sexuelle que celle qu’on s’impose. Ne pas réaliser tous ses fantasmes, ce n’est pas un échec. Je crois qu’il faut commencer par là. C’est d’ailleurs un peu le message de mon dernier recueil (Onanisme général). Le sexe n’est pas un but, mais un moyen. Combien de gens qui réalisent tous leurs fantasmes en sont plus heureux sur le long terme ? Il y a ce dont on rêve, ce que l’on peut faire, ce que l’on peut se permettre, et ce que l’on a réellement envie de faire. On jongle tout le temps avec tout ça. Et on peut être heureux avec peu… on peut même être heureux dans la chasteté, pourquoi pas ? Ce qu’il y a de bien avec le sexe, c’est que chacun voit midi à sa porte. Parler de « misère sexuelle », c’est dangereux, pour moi. Parce que ça implique une « norme ». Une norme à une activité « intime ». Comment on définit cette misère ? Si tu ne baises pas trois fois par semaine ? Par mois ? Par an ? Parce que tu te sens frustré, que tu aimerais baiser plus mais que tu ne peux pas ? Quelles en sont les raisons ? Psychologiques ? Sociétales ? Physiques ? Parler de misère sexuelle, c’est imposer une norme à quelque chose qui n’en a pas besoin pour exister…
. Le pouvoir et l’argent, formidables alliés sexuels : vérité dérangeante ou affreux cliché ?
Ça l’a été pendant très longtemps. Je crois qu’aujourd’hui, ça s’inverse, doucement. Mais il est clair qu’avoir beaucoup d’argent, ça a toujours aidé à avoir du temps pour les choses plus « frivoles » comme le sexe ! Et c’est encore le cas aujourd’hui, mais ça va changer, j’en suis certain. Cela dit, si on parle de littérature, et donc de faire rêver les gens, on peut comprendre que ce cliché ait la vie dure, car bien souvent les pauvres rêvent en cachette de devenir riches et puissants… et si en plus, ça peut leur permettre un petit harem !
. Innombrables femmes harcelées au quotidien, un peu partout et depuis très longtemps : montée en épingle de cas isolés ou triste phénomène de société ?
Ce ne sont en rien des cas isolés. Ni un triste phénomène de société. C’est un fait, avec toute la froideur qu’ont les faits. L’homme a écrasé et continue d’écraser la femme à travers le monde. Mais avec quelle force on les défend ? À coups de lois sur la parité ? Tout en continuant de considérer qu’un homme est plus « fiable » ? La parité, c’est un peu considérer que c’est un handicap d’être une femme. Il faut absolument sortir de ce schéma sans fin : ce n’est pas à l’homme de sauver la femme. C’est à la femme de se rebeller ! On peut considérer que le « dénonce ton porc » est allé trop loin, et c’est sûrement le cas. Mais bordel, ce que j’aimerais être une femme pour vivre ça de l’autre côté ! Ça n’en a peut-être pas l’air, mais c’est une révolution, ce truc. En cours, bien entendu. D’où le fait que pour le moment, les extrêmes s’expriment pleinement. Mais regardons au fond des choses ce qu’il y a : des femmes qui disent stop ! Et ça, ce ne sont pas des cas isolés non plus ! Je crois que beaucoup d’hommes sont en accord avec ce mouvement-là. Le seul problème, à mon sens, c’est que le sujet n’est plus que la femme, quelle place elle doit prendre, etc. Mais on oublie que malgré toute notre bonne volonté, nous avons été élevés par des parents en opposition presque totale avec le schéma naissant. Accompagner les hommes dans ce changement pour ne pas le laisser à la traîne et ne pas encourager la situation inverse (la femme qui dominerait l’homme), il me semble que ça devra à un moment être mis sur la table, après ce moment jouissif pour les femmes de voir enfin ces gros porcs mis devant leurs responsabilités…
. Toujours passer par la séduction, la drague et la discussion pour en venir au sexe : hypocrisie à proscrire ou jeu charmant ?
Jeu charmant et nécessaire. Parce que je suis persuadé que dans l’acte sexuel, on communique. Par les regards, par les coups de reins, par les étreintes. Nos corps expriment bien plus de choses que nos mots. La drague fait naître des sentiments… le sexe les confirme.
Quand on aura enfin compris que si on veut être aimé, il ne suffit pas de donner des gros coups de reins, on aura bien avancer, je pense ! D’ailleurs, demandez aux femmes : les coups de reins les plus puissants ne sont pas forcément ceux qui les font jouir le plus fort… Toutes les femmes ne sont pas masochistes, même si elles vivent avec des hommes !
Par contre, on ne peut pas nier que ça puisse faire du bien à tout le monde, une partie de jambes en l’air déchaînée où l’intellect n’a pas sa place, où la drague n’est pas nécessaire. Et c’est très excitant aussi. Mais les buts ne sont pas les mêmes, les circonstances non plus, et ce n’est vraiment pas à la portée de tout le monde !
À suivre…
Pour retrouver Zeppo :
https://simplement.pro/u/Zeppo