Entretien avec l’auteure Eva Delambre, seconde partie

Seconde partie de l’entretien passé en compagnie d’Eva Delambre…

La relation entre les deux protagonnistes est… très, très sexuelle (ce qui n’est pas incohérent dans un roman érotique 🙂  ). Y’a-t-il entre eux deux autre chose que le sexe, si oui quoi exactement ?

J’ai expliqué la récurrence du sexe dans Devenir Sienne un peu plus haut (Note de Théo : voir la 1ère partie de l’entretien). Les personnages tombent amoureux et font le choix de quitter leurs conjoins respectifs pour vivre ensemble leur histoire. Je répondrais donc que oui, il y a autre chose que le sexe. Des sentiments. Dans d’autres pages de mes romans j’ai exploré plusieurs déclinaisons de cet amour particulier qui naît entre Maître et soumise. On appelle cela le Lien. Ce sentiment humain est incroyablement fort.

 

Si amour il y a véritablement entre eux deux… d’où vient-il, au-delà de l’attirance physique et de l’entente sexuelle ?

Une part de ce sentiment vient naturellement, comme dans tous les couples qui tombent amoureux ! Il y a des choses qui ne se commandent pas et qui ne s’expliquent pas. Au début du livre Devenir Sienne, on comprend « qu’elle » est attirée par « lui » depuis longtemps, on apprend un peu plus tard, que lui aussi la désirait depuis le début. Ils travaillent ensemble et se connaissent depuis un moment. Rien de plus classique qu’un couple qui se rencontre sur leur lieu de travail. Les sentiments entre un maître et une soumise ont certainement une base commune avec ceux qu’un homme et une femme auront l’un pour l’autre. Après ce premier roman, j’ai rencontré Mon Maître, j’ai vécu dans ce monde. D’autres évidences sont apparues. À cet amour classique décrit dans Devenir Sienne, j’ai pu décrire plus en avant ce Lien qui unit Maître et soumise. Je dirais que ce sentiment est plus fort, plus extrême. Le Lien dans le BDSM est au-delà de l’amour, c’est plus complexe. En cela le Lien se vit, peut se raconter, ce que je tente de faire, mais il est plus difficile à définir. Cela en fait un mystère et cela le rend beau. La complicité et la confiance sont des choses bien plus fortes également dans le BDSM car certaines pratiques ou mises en situation l’exigent. 

Les rapports de l’héroïne restent-ils pleinement consentis, même lorsqu’elle affirme qu’elle a été prise de force par un autre à qui elle ne pouvait pas dire non ? Quelles sont les frontières du jeu ?

 

Je n’ai pas le souvenir d’avoir écrit la moindre scène ou « elle » se fait prendre de force ! Son consentement est toujours rappelé. Et même si elle est souvent prêtée elle est toujours dans l’envie. Encore une fois, pas de jeu dans mes romans. On vit sa condition, pas un moment de sexe « pimenté » d’une fessée ou d’une fellation yeux bandés. Les limites sont généralement fixées par la soumise, à partir des attentes de son dominant, mais sans se forcer. Si elles ne sont pas clairement établies, ce sera au Maître de lire en elle, de savoir jusqu’où il peut aller, et les limites à ne pas dépasser. Lorsqu’il comprend qu’il l’a vraiment blessée à un moment donné, il réajuste immédiatement sa façon de faire car le but n’est pas de briser celle qui s’offre, mais de la guider et éventuellement, l’amener à se dépasser, mais jamais par la force à proprement parler. 

Il semble que l’histoire considère une certaine interchangeabilité des rôles. Une soumise peut-elle réellement devenir parfois dominante ? Et vice versa ?

J’ai essayé d’aborder ce sujet en effet. Certaines personnes sont switch, c’est-à-dire qu’elles peuvent être soit dominantes, soit dominées. J’ignore si c’est très fréquent, mais j’avais envie d’en parler dans ce livre. Je sais en tout cas que la majorité des gens que je connais ne changeront jamais d’orientation.

As-tu demandé l’autorisation à ton maître pour écrire et publier « Devenir sienne », ou bien ne « dirige »-t-il que ta vie sexuelle ?

Comment pourrait-il être mon Maître s’il ne dirigeait que ma vie sexuelle ? Mon Maître est un guide puissant dans des domaines multiples. Je garde cela secret, mais je sais apprécier la chance que j’ai. Je souhaite à toutes les soumises de faire de telles rencontres. Elles sont un cadeau de la vie. Une Lumière. Les relations Maîtres/soumises sont bien plus riches et plus profondes qu’il n’y parait. C’est mon Maître qui m’a poussé à proposer Devenir Sienne à la publication. Je l’ai fait pour Lui, sans y croire. Depuis, Il m’encourage à poursuivre l’écriture et c’est ce que je fais. Il m’inspire dans ma vie d’auteure mais aussi de femme. Il est mon équilibre, me permettant de m’épanouir et de vivre toutes les facettes de ma personnalité. Après Devenir Sienne, j’ai écrit L’Esclave, puis une histoire en deux tomes : L’Éveil de l’Ange et L’Envol de l’Ange. Mon cinquième roman paraîtra au printemps 2017. Toujours chez Tabou Editions. Mon Maître est mon premier lecteur et correcteur, je ne publierai rien qu’Il n’apprécierait pas. Ses mots en pré ou post face de mes derniers romans, témoignent de son intérêt pour mon travail. Mon bonheur est lorsqu’Il me dit qu’Il est fier de moi et qu’Il aime. Son exigence me rassure et je sais que d’autres aimeront.

Retrouvez Eva Delambre sur son site officiel.

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