Effrayant derrière – Part II – mettre ses formes à profit

Résumé de la première partie : une jeune fille raconte à une amie comment, dès son enfance, son arrière-train est devenu attirant à un âge où l’on n’est pas censé attirer. De quoi inquiéter le paternel… Suite de l’échange. 

Faisant partie de « Dialogues Interdits », collection de petites histoires complètes uniquement constituées de dialogues…

 

— Ta lune est tout aussi belle que la mienne, seulement la convention sociale y adhère un peu moins. Question d’époque. La tienne est à la mode Brigitte Bardot.

— L’actuelle ou l’ancienne ?

— La B.B. du temps de Saint-Tropez voyons ! Un peu joufflu et en chair. Dans les années soixante t’aurais fait des ravages. Dans quelques décennies ça aura encore changé, question de cycle… On croit que tel nouveau courant est du jamais-vu alors que c’est juste un ancien qui est de retour.

En ce moment la mode est aux minous rasés et aux popotins en petites collines rebondies.

C’est pour ça que les culs de gamines ont pris du gallon. Je sais ! Pas super sain…

— Ton cul fait pas dans la dentelle. Aucune discrimination : TOUS les garçons sont amenés à tourner autour, les mauvais comme les bons. T’es un site de rencontres à toi toute seule. Tu vois venir et tu gardes que le un pour cent qui t’intéresse. Non ?

— J’ai pas assez de temps pour les quatre-vingt-dix-neuf autres.

— Déjà que un pour cent sur des milliers de garçons…

— …Ça fait tout de même un paquet de garçons. Comme quoi papa avait beau dire, cet attribut est plutôt utile ! Grâce à lui je m’offre la crème de la crème !

— Ton père a continué à vouloir te protéger ?

— Ce terme de cul effrayant est devenu un running gag. Maman aimait pas !

Malgré tout il était sincère dans sa démarche. J’ai aussi compris pourquoi il m’achetait des fringues aussi larges. Pas du tout à cause du courant hip-hop… qu’il détestait. Il a dû se faire sacrément violence pour m’acheter des trucs pareils ! Mais… il était malin. Il a bien voulu m’acheter aussi des disques de rap, m’inscrire au cours de danse RnB… J’étais fan. Donc je portais du large sans me poser de questions ! Il avait rattrapé sa gaffe : de nouveau, je me foutais d’être matée ou non.

— Et puis à l’adolescence tout a changé.

— Oui. Catastrophe, j’avais QUE du non-sexy ! J’ai tenté de serrer les nœuds à fond, remonter le futal… Tout mon possible pour que la forme se dessine au moins un tout petit peu. Souci des vêtements XL : quoi que tu fasses tu restes assez ridicule, surtout pour une fille. Papa a senti venir le truc… Il a retiré le grand miroir de la salle de bain.

— Tu rigoles !? Comme chez les vampires ?

— Non, restait celui du lavabo. Du coup j’amenais un tabouret pour regarder tous les détails de mon corps…

Alors que dans ce coin de la pièce, quand j’étais surélevée le voisin d’en face me voyait !

Ah bravo papa. Tant pis pour l’un tant mieux pour l’autre.

— T’étais prête à tout pour te mater toi-même.

— Même à m’aventurer nue devant le miroir du salon s’il le fallait. Bref ! Je me suis mise à adorer mon cul. Cette fois c’était inguérissable.

— Et patatras ! Ton père avait l’art d’obtenir le contraire de ce qu’il recherche.

— Dans la rue je voyais à quel point les filles aux jolis derrières bien moulés attiraient. Je voulais pas me priver plus longtemps d’un tel pouvoir.

— Il avait peur que ça te rende superficielle !

— J’admets que les jours moulants c’était pour sortir avec un garçon, rire de ses blagues idiotes et me faire tripoter. Les jours baggys j’allais bûcher à la bibliothèque ou me faire une expo.

— Donc ton père a bien fait en un sens… non ? Il t’a permis de faire bosser ton corps autant que ta tête. D’ailleurs si t’as finalement pu sortir sexy… t’as donc pu acheter ce que tu voulais…

— Le soutien est venu de maman. Je m’y attendais pas ! Elle a accepté de m’acheter robes et jupes. Plutôt du sage, mais sur un beau corps n’importe quelle robe, n’importe quelle jupe est sexy. Toute façon je voulais tellement sortir des fringues à la papa j’aurais accepté n’importe quoi.

— Elle sait que tu devras assurer la descendance, et donc qu’il faut tout de même présenter quelques arguments aux candidats.

— Puis aussi, voir sa propre fille aussi peu féminine la torturait. Par la suite, des candidats y en a eu un paquet, sans devoir assurer une descendance pour autant.

— Ton père savait ?

— Il se doutait.

Je le soupçonne d’avoir été dragueur de rue et d’avoir palpé pas mal de culs, et pas seulement avant qu’il rencontre maman.

Un vrai pro à mon avis ! Son inquiétude était presque une sorte de déformation professionnelle. Un peu comme les producteurs pornos terrorisés à l’idée que leur progéniture se lance un jour dans ce milieu.

— Est-ce qu’il a fini par abandonner la partie ?

— Disons que c’est devenu moins tendu. Aujourd’hui il reste des bribes. Quelques touches d’humour, quasi nostalgique. « Tu pourrais sortir sans ton cul ? Je serais rassuré ». Des idioties de ce genre qui me font toujours beaucoup rire.

— Mais est-ce qu’il s’en fait encore vraiment ?

— Y a deux semaines j’étais chez eux pour le week-end et je suis rentrée toute courbaturée de l’équitation. J’avais testé le double galop et le saut, pour la première fois. Je suis allée m’affaler sur mon lit en boitant, sans pouvoir m’asseoir. T’aurais vu ses yeux catastrophés !

— T’as chassé ses craintes j’espère.

— Et preuves à l’appui car une copine avait pris des photos avec mon mobile. Des fois j’aimerais lui répondre franchement. « Mais non papa ! Je viens pas de me faire sodomiser par trois types d’affilée. Je l’ai déjà fait l’année dernière quand je vivais encore chez vous. J’y suis allée tout en douceur, ce soir-là t’as rien remarqué. Alors tu vois, laisse tomber puisque la vérité t’échappe tout le temps. »


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