Entretien avec Gala Fur, 2ème partie

Seconde partie du questionnaire érotico-littéraire de Gala Fur…

 

. Pourquoi avoir choisi cette voie ? Qu’est-ce qui vous y a amené ?

J’ai toujours écrit. Peut-être pour me battre avec les mots plutôt qu’avec les humains car j’ai un tempérament combatif. Mais c’est un combat solitaire. Devant l’écran de l’ordinateur ou la page blanche, on est son propre adversaire.

 

. Êtes-vous auteur professionnel, si oui est-ce un métier difficile ? Ou bien êtes-vous plutôt amateur ou semi-pro ? (En ce cas : votre principale activité est-elle secrète?)

Je suis auteure professionnelle dans le sens que je consacre tous les jours quelques heures à l’écriture. Mais je ne suis pas l’auteure de succès équivalents à Cinquante Nuances de Grey, même si les ventes de mes livres satisfont mon éditeur La Musardine. Mon blog présente un éditorial mensuel et une petite galerie d’oeuvres d’art liées au fétichisme et au SM. L’adresse est www.galafur.com/blog.

 

. Si vous pouviez étendre votre création favorite sur un autre support, que choisiriez-vous ? B.D., peinture, cinéma, téléfilm, série télé, histoire audio ?

J’ai réalisé des courts métrages et des documentaires. J’ai eu très tôt une vocation de journaliste et j’ai embrassé cette carrière jusqu’en 2008 sous mon patronyme d’origine. J’ai arrêté au moment où le contenu a commencé à perdre sa valeur marchande. Des jeunes gens fraîchement sortis d’écoles de journalisme étaient prêts à écrire gratuitement des articles. Aujourd’hui, les fake news sont légion. Avec l’avènement du Net, tout le monde se croit écrivain ou photographe.

 

« Il faut reconnaître que le lecteur, qu’il soit masculin ou féminin, est désormais friand de scènes chaudes ! »

 

. Ce domaine souffre de deux idées reçues. On l’accuse : 1 – d’avoir un style pauvre et un vocabulaire répétitif pour des histoires très clichés 2 – d’être des livres uniquement faits pour exciter. Ces on-dits sont-ils injustifiés ? Justifiés en partie ?

C’est un genre, au même titre que le polar. Il y a de bons et de mauvais livres érotiques. Ceux qui comportent du sexe explicite, comme les romances qui émoustillent les femmes d’aujourd’hui et dont on trouve des rayons entiers de livres d’occasion sont rarement très bons mais dans le genre, les romans d’Esparbec sont formidablement bien écrits.

Son roman La Pharmacienne par exemple, qui a eu beaucoup de succès. Il faut reconnaître que le lecteur, qu’il soit masculin ou féminin, est désormais friand de scènes chaudes ! Il y a aussi des perles dont les livres, comme ceux d’Anne Bert ou Françoise Rey auxquels je pense, comportent peu de scènes de sexe explicite.

 

. Qu’aimez-vous lire en général et pourquoi ?

Des essais et des livres d’auteurs nés avant 1930, qu’ils soient sud-américains, européens ou américains. La littérature actuelle ne m’apporte à vrai dire pas grand chose et je n’ai pas épuisé la précédente. Parmi les auteurs actuels, je lis des romans de l’Anglais Will Self, et des écrivains français Tristan Garcia et Simon Liberati dont Hyper Justine m’a permis de m’identifier puisque le personnage central est une femme tyrannique déjà âgée entourée de jeunes filles qu’elle contrôle.

 

« Le mouvement Balance ton porc a fait un effet boeuf dans les milieux professionnels, tout comme comme le « politiquement correct » dans les années 1990 aux Etats-Unis »

 

. Si la société d’aujourd’hui était réduite à un couple, quels seraient ses problèmes sexuels ?

L’ennui, la monotonie tuerait sans doute leur libido. Cette société réduite à un seul couple aurait-elle des animaux à sa disposition? Ce serait un divertissement sexuel possible, à intercaler avec l’abstinence totale, les jeux de rôles et la lecture à haute voix de livres érotiques.

 

. Innombrables femmes harcelées au quotidien, un peu partout et depuis très longtemps : montée en épingle de cas isolés ou triste phénomène de société ?

Le mouvement Balance ton porc a fait un effet boeuf dans les milieux professionnels, tout comme comme le « politiquement correct » dans les années 1990 aux Etats-Unis. Depuis ces années-là aux Etats-Unis, un homme n’ose pas monter en tête-à-tête avec une femme dans un ascenseur de peur d’être accusé de harcèlement, mais le « grind » des frotteurs continuent dans les soirées et les bizutages des universités.

En France, je ne crois pas que le mouvement touche les hommes issus de l’immigration qui vivent chez eux en France comme s’ils étaient au bled et s’accrochent à des principes rétrogrades, des comportements ancestraux et ruraux comportant des accès d’autorité humiliants envers leurs filles et leur épouse. Ils se sentent diminués par l’évolution des femmes vers le travail et l’autonomie qu’il procure.

Ils ne voient pas de problème à ce que leur femme s’occupe des factures, des impôts, des courses, du ménage, de la cuisine en plus de travailler en ville, mais elle devrait peut-être porter le voile et leur apporter leurs pantoufles le soir pour leur donner l’impression qu’ils ont encore du pouvoir. Au moins la TV relaye-t-elle les échos de ce mouvement jusque dans les cités où personne ne peut l’ignorer. Le harcèlement ne se limite pas à des cas isolés. Les beurettes des banlieues se plaignent d’attouchements dans le métro et de harcèlement près de chez elle, et j’en connais qui partagent un Uber pour rentrer de leur travail dans Paris, soucieuses d’éviter de prendre la ligne 13 vers la Plaine Saint-Denis et de parcourir à pied la distance de la station à leur domicile.

 

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