Entretien avec Max Heratz

Cette semaine, démarrons un nouvel entretien avec Max Heratz, qui a répondu avec brio au questionnaire érotico-littéraire de Plume Interdite.

. Qu’est-ce qui crée l’étincelle d’une histoire ? Qu’est-ce qui la déclenche ?

Il y a plusieurs choses qui peuvent donner l’idée et l’envie d’écrire une histoire :

  1. Un fait divers que je prendrai à adapter à ma sauce pour en faire autre chose

  2. Le titre d’une chanson

  3. La tête d’un quidam croisé dans la rue, un mec qui a une gueule de tueur donnera envie d’écrire un thriller.

  4. Les gens que je côtoie en les imaginant dans diverses situations

  5. Un livre peut me donner envie d’en écrire un autre. Par exemple j’ai lu la Bible, de cette lecture est né Vous n’irez pas tous au Paradis, un thriller glaçant redoublant de terreur.

. Quelles sont tes techniques pour « affronter » une nouvelle ou un roman, le poursuivre coûte que coûte et en venir à bout ?

Je crois qu’il faut jeter sur le papier ou l’écran ce qui nous passe par la tête, être brut de production. Si on a une scène dans la tête, sachant que cette dernière se retrouvera à la fin du livre, on l’écrit même si nous ne sommes qu’au début du manuscrit, on la met sous le coude, on verra plus tard. Ainsi, dans le livre Je t’Aime Moi Non Plus, la scène des anneaux qui a tant fait parler chez les fans se trouve dans le dernier quart du livre mais elle avait été écrite alors que je venais juste d’entamer la Partie 2 du livre. Bien entendu, ladite scène fut reprise et modifiée pour l’adapter plus correctement au reste de l’histoire.

En fait, un livre ça pourrait être un peu comme un film : écrire des scènes et les monter ensuite. En ce qui me concerne ceci est vrai pour certaines d’entre elles mais globalement le lire s’écrit au fil de l’eau.

Enfin, dernière chose, quand un manuscrit est terminé, il faut le lire, le relire, et le relire toujours plus pour le laisser se reposer dans un tiroir pendant quelques semaines, quelques mois. Quatre semaines ou six mois plus tard, ressortez le manuscrit du tiroir et relisez-le à nouveau. Vous risquez d’être horrifié par certains passages en vous disant « c’est de moi ça ? ». Et si par hasard vous ne trouvez rien à redire alors posez-vous l’ultime question : si ce manuscrit n’était pas de moi, serais-je prêt à acheter le livre ? Soyez honnête avec vous-même et vous serez venu au bout de votre roman.

« J’écris dans des genres très différents. Pour ce qui est érotique, c’est souvent vécu. Dans ce cas, oui, je reconnais que ça exorcise pas mal de choses »

 

. Qu’est-ce qui fonctionne le mieux… écrire dans la joie et l’apaisement, ou plutôt dans la pression et la souffrance ?

J’écris mieux dans le silence, sans avoir de soucis qui me rongent. Donc, je ne pense pas que j’écrirais correctement sous la pression et dans la souffrance.

. Écrire est un plaisir demandant des contraintes. Comment trouver le juste milieu entre contrainte et plaisir ?

On ne peut pas passer outre ses contraintes, on les subit. Par contre, on est maître de ses loisirs. Ainsi, on peut d’un simple clic éteindre sa télévision et/ou mettre son téléphone en sourdine. Le juste milieu est vite choisi : je fais face à mes contraintes avant de me précipiter sur mon clavier pour écrire.

. As-tu tes propres tabous en matière d’écriture ? T’arrive-t-il de te censurer ?

Oui, il y a des choses que je ne peux pas écrire notamment tout ce qui touche la pédophilie, les viols d’enfants… etc. Je peux écrire des atrocités, mais pas ça.

. De quoi t’inspires-tu pour écrire ? Simplement l’imaginaire, ou bien ta vie, celles des autres, les médias ?

Je m’inspire toujours de la réalité que je vais déformer plus ou moins en y mettant des gens que j’ai croisé dans la rue parce qu’ils avaient « une gueule »

« C’est parfois compliqué d’écrire de l’érotisme et de recevoir des courriers des plus sulfureux provenant de femmes souvent très jolies. Ça énerve ma femme. »

 

. On dit parfois que tout roman a un côté autobiographique. Écrit-on pour exorciser un certain vécu, ou au contraire pour aller au-delà de soi ?

J’écris dans des genres très différents. Pour ce qui est érotique, c’est souvent vécu. Dans ce cas, oui, je reconnais que ça exorcise pas mal de choses ce qui permet d’aller de l’avant.

Pour ce qui est du thriller, rien n’est autobiographique, je n’ai tué personne.

. As-tu une idée du visage de ton lectorat ?

Oui, comme je passe 8 mois sur 12 dans les librairies, je les croise et je parle beaucoup avec eux. Par exemple, dans la Trilogie Je T’Aime Moi Non Plus on rencontre toutes sorte de profils mais 40% sont des femmes travaillant en grande majorité dans le milieu médical (hôpital, clinique, pharmacie…etc). Ces femmes sont exceptionnelles, et je les aime.

Pour le thriller, je m’attendais à avoir beaucoup d’hommes, ce qui est le cas, mais quelle ne fut pas ma surprise de voir une proportion importante de femmes qui lisent ce genre de livres, et parfois même d’adolescentes ? Je n’ai pas pu évaluer en pourcentage ce qu’elles représentent ni de quel milieu socio professionnelle elles viennent, mais leur nombre est important.

. Est-il simple d’accorder cette vie forcément un peu sulfureuse avec une vie plus classique de famille ? Caches-tu cette activité littéraire à certains ?

Je ne cache pas mes activités littéraires. Ma famille sait que j’ai toujours eu une vie sulfureuse même si tous n’apprécient pas. Mais je suis le seul Maître de ma destinée. Ceci dit, c’est parfois compliqué d’écrire de l’érotisme et de recevoir des courriers des plus sulfureux provenant de femmes souvent très jolies. Ça énerve ma femme. Elle n’est pas jalouse, mais tous ces courriers lui sont plutôt envahissants. Alors je la prends dans mes bras, je la câline, et la tension baisse d’un cran.

. Soudain, ton dernier livre se vend à 10 millions d’exemplaires… indescriptible joie ou énorme angoisse ?

Indescriptible joie, y a même pas à hésiter. J’ai toujours été un peu mégalo alors vous pensez bien, un livre qui se vend en grand nombre ne peut que flatter mon ego !

À suivre…

En attendant, retrouvez ici les ouvrages de  Max Heratz.

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