Mot salace, mot trompeur

Echange autour d’un défi sexuel masculin…

Episode de « Dialogues Interdits », collection de petites histoires complètes uniquement constituées de dialogues…

 

— Enfin je l’ai fait ! I did it !

— Quoi donc ?

— Je suis allé voir une prostituée.

— Ah. Hourra, sabrons le champagne. Heu… que dire ?

— L’expérience manquait à mon tableau de chasse.

— Ah non ! Pour s’offrir une pute nul besoin de « chasser ». C’est d’ailleurs l’intérêt du truc.

— Je sais, on n’est pas forcé de tout vivre. Pourtant, je suis content d’avoir vécu le trip.

— C’était bien ?

— Non en fait. Je suis satisfait par principe, pas pour le plaisir retiré. Comme le gars effrayé par le saut à l’élastique qui est fier de lui après avoir enfin tenté, sans avoir aimé pour autant.

— Raconte.

— Pfiouu… Raconter quoi ? Hier soir j’avais aucune partenaire, et super envie.

Aller draguer je le sentais pas, j’étais un peu dans le brouillard, pas du tout prêt à assurer la conversation.

Ni à entrer dans le jeu de séduction. Le bois de Vincennes était pas loin…

— Combien ?

— A une dizaine de minutes en voiture, maxi, aucun bouchon.

— Andouille ! Combien, le tarif.

— Une base de vingt. J’en ai cherché une à quarante, en me disant naïvement que j’aurais deux fois mieux. Ou tout du moins une prestation pas trop mal.

— Une grosse africaine ?

— En cherchant bien on en trouve des fines. J’ai préféré une fille des pays de l’est. Plutôt pas mal. Y avait une camionnette, j’ai préféré qu’on prenne un peu l’air. Je me suis fait sucer avec capote en regardant le clair de lune, elle et moi enfoncés dans la forêt.

— Sans la regarder elle ?

— Y faisait trop noir. Puis à cause de la terre elle était même pas à genoux, juste accroupie, ce qu’est jamais bien joli à voir. Ça a été je dirais, vite fait bien fait. Enfin, « bien fait »…. Efficace, quoi. Très mécanique. Une vraie machine, sans passion ni fougue.

— Lui en veut pas. Qui aurait une vraie envie de se farcir n’importe qui à n’importe quelle heure chaque soir de la semaine. Le mythe de la prostituée qui aime… est rien qu’un mythe. Sauf pour certaines putes de luxe à la rigueur, et encore.

— J’ai pas eu désir d’y revenir.

Surtout, la presta m’a fait repenser au plan à quatre qu’on s’est faits le mois dernier,

tu te souviens ? Avec Martine et Célia.

— Ah ben merci bien.

— Attends ! Laisse-moi t’expliquer. Tu sais, quand Célia te pompait et que t’arrêtais pas de la traiter de petite pute…

— Elle aime bien les paroles salaces… ces mots l’excitent, elle les accueille comme des compliments.

— Trouve autre chose ! Je sais pas moi, « salope » par exemple. Parce que « pute », c’est méchant. Une pute suce beaucoup moins bien qu’une copine.

— Tu penses que le terme a été galvaudé ?

— Et comment ! On dira que telle fille est une pute parce qu’elle adore les galipettes à répétitions. En fait, on devrait plutôt dire « pute » pour parler des mauvaises suceuses ou de celles qui couchent machinalement.

— Bon, la prochaine fois je la traite de pute de luxe.

 


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