Casting photo

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Chloé, élève de primaire, est choisie à un casting pour faire des photographies de catalogue, le temps d’une journée.

Un mois plus tard, quatre filles de l’école sont contactées pour des photos de catalogues. Si. J’en fais partie, re-si. Un homme d’une agence passe dans toutes les écoles du coin, paraît-il, et demande à consulter les photos de classe. J’ignore si je suis vraiment jolie, en tout cas je suis photogénique, on dirait. Je ne sais que faire. Clarisse me supplie d’y aller comme si c’était pour elle, je finis par dire oui. J’essaye de faire en sorte que ça ne s’ébruite pas, évidemment ça s’ébruite, je suis de nouveau confrontée à ces éternelles jalousies. Si les copines voyaient à quoi ressemble cette journée de « mannequinat », elles n’en feraient pas un tel foin.

Ça se passe en banlieue, loin et tôt, le dimanche. Maman m’a emmenée avec le sourire, conne de maman, toi qui n’as jamais voulu te lever tôt pour m’emmener au ciné. On doit bien rouler trente bornes, en plus l’équipe est en retard et met un temps fou à s’installer. Puis, ça démarre et je suis les directives, encore un peu endormie. D’abord, ce ne sont pas des photos de mode mais de catalogue. Certaines pour mettre en valeur des tables, chaises et placards, d’autres pour des fringues. Des habits très standards, vraiment pas bien beaux. Rien ne me va, ça ne me donne pas envie d’acheter des robes et jupes. Je porte une robe à fleurs, un pantalon à rayures, un t-shirt Barbie (beurk), un bonnet bien qu’il fasse vingt degrés. Pour se changer on nous installe derrière un paravent, à l’abri des regards, ce qui est ridicule vu nos âges. Maman regarde, enchantée. Elle est bien la seule.

L’effet de surprise passé, je commence à m’ennuyer. D’autant que le photographe, tout gentil et attentionné soit-il, n’est jamais satisfait et il faut reprendre les mêmes poses des tas de fois. On est dans un studio de photo froid et sans charme, avec des bouts d’intérieurs reconstitués. C’est drôle, on nous met dans de fausses pièces sans plafond, avec juste deux murs. Il y a des portes murées, de fausses fenêtres. Les autres filles de l’école qui ont été sélectionnées ne sont pas là, elles passent un autre jour. Il y a une petite de six ans qui n’arrête pas de me coller, une plus grande assez pimbêche qui prétend être une « professionnelle ». Professionnelle de quoi, ai-je failli lui dire. Vu ta touche je te verrais bien professionnelle de nuit au bois de Boulogne. Il y a aussi un homme et une femme aux dents blanches, les seuls vrais pros je pense, sympas et un peu superficiels. Pour les poses, on reconstitue une famille fictive. Là je ne m’y attendais pas, ça se corse. Non pas de l’extérieur. Au contraire, je commence à comprendre ce que veut le photographe et prends des postures et attitudes qui lui plaisent. La plus grande, d’ailleurs, commence à me regarder d’un sale œil, voyant une concurrente potentielle. Elle n’a pourtant pas à s’en faire. Lorsqu’on m’en proposera d’autres je refuserai tout net malgré l’insistance de maman.

C’est à l’intérieur que ça me fait mal. En fait, on restitue une semaine complète dans la vie d’une famille qui s’aime. Les deux grands dans le rôle des parents, la pimbêche fait ma grande sœur, le pot de colle ma petite sœur. Je fais celle qui câline sa maman en rentrant de l’école. Qui se balade avec son papa en lui tenant la main. Qui rit avec ses sœurs. Qui fait ses devoirs aidée par sa maman. Qui est peignée par sa maman dans la salle de bain (« Non, n’enlève pas tout ! En T-shirt et culotte sous la robe de chambre c’est suffisant »). Qui est servie par son papa au petit déjeuner. Je me mets à haïr et maudire cette journée. Je voudrais mourir. Maman, la mienne, la vraie hélas, ne remarque rien. Elle est même en grande conversation avec un éclairagiste qui est assis bien près d’elle. Leurs mains très proches l’une de l’autre. Bref, ça vire au cauchemar.

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Pour en lire beaucoup, beaucoup plus…
En attendant d’être grande – Partie 2 – Éducation libre sur Google Play / Kobo Books

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