Étude corporelle

Extrait de « En attendant d’être grande » « Partie 3 – Apprentissage pas sage ».
Pendant leur douche commune, Chloé complexe sur le corps de la grande cousine Estelle. L’apprenant, cette dernière tient à la rassurer…

Elle me prit la main et m’amena devant le miroir de la cabine, assez grand pour que l’on puisse s’y considérer en pied. Elle me retira la serviette avec laquelle je me séchais, fit de même pour elle. Me mettant de profil, elle passa doucement son majeur le long de mon corps, en me parlant, comme un peintre traçant un coup de pinceau. Son doigt m’effleurait à peine, ce fut un instant de grande douceur.

– Là, les cheveux. Ils doivent être doux et soyeux. Il faut qu’un garçon puisse y passer ses doigts sans se les coincer et sans que ça tire. Les tiens, même s’ils sont un peu ondulés, je peux passer et repasser mes mains sans jamais faire le moindre nœud. Ils mettent ta bouille en valeur et harmonisent ton corps, qu’ils soient attachés ou détachés.
– C’est mieux détaché ou attaché ?
– Les deux sont bien. Le garçon aime bien les voir détachés dans certaines situations, attachés dans d’autres, ou parfois ils te les tiennent à… heu, certains moments. Avantage des cheveux attachés : on voit ta nuque, et elle est adorable. Pareil pour tes oreilles, trop mignonnes. Le garçon gentleman et sensible convoitera de te dévorer la nuque et les oreilles, au moins du regard, si pas des lèvres et de la langue.
– Quoi ! ? La nuque et les oreilles ? !
– Et même le cou tout entier.
– Trop bizarres les garçons.
– Si tu savais l’effet que ça fait, tu trouverais pas ça si bizarre. Nous, on n’est pas en reste non plus. Tu verras, un jour toi-même tu lécheras un cou masculin.
– Pourquoi c’est que les « djaine tleu mane » qui nous font ça ?
– Parce que les goujats ne font qu’aller à l’essentiel. Les belles âmes sont rares ! J’ai des copines qui ont dû attendre leur douzième petit copain pour se rendre compte à quel point cet endroit était magique.
– Elles avaient qu’à les guider, ces cruches.
– On peut guider que vers les endroits qu’on a expérimentés. Mêmes les filles contorsionnistes arrivent pas à explorer leur cou ou leurs oreilles.
– Évidemment.
– Poursuivons, on va attraper froid. Je passe sur ton visage, tu sais faire de très beaux sourires, des mines boudeuses et de petits airs mutins trop choux. Là, le dos. Autre élément très important qui désigne la grâce. La légère courbure, là, tu vois ? Tu as même pas besoin de forcer, tu te tiens naturellement cambrée juste ce qu’il faut. Pas trop, ni trop peu. Sans un dos lisse, fin et courbé comme celui-là, même un beau derrière aurait peu de valeur. Le corps est ainsi : chaque membre joue en fonction des autres. Une oreille fine met en valeur la nuque, qui met en valeur les cheveux, qui met en valeur le visage… et ainsi de suite. Tout est interconnecté, comme dans la vie.


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