Le corps dévêtu devient œuvre d’art

Quatre nouveaux épisodes de ma série Dialogues Interdits. En préambule, une tatouée invitée à poser nue… uniquement pour l’amour de l’art, voyons, bien entendu…

Exposition singulière

— Enfin une expo sur le tatouage qui ressemble à quelque chose ! Tu verras !

— Ton concept est le seul qui tienne la route ?

— Sur ce thème oui. Jusqu’à présent toute expo de ce genre c’était des photos, ou à la rigueur des reproductions de corps en trois D. Alors qu’un beau tatouage s’admire sur un VRAI corps ! Réel !

— C’est sûr, fallait oser. De petites pièces où des tatoués nus prennent des poses, devant des miroirs sans tain pour pas être perturbés par le public. Ça va faire un de ces buzz !

— C’est déjà le cas. Et on est déjà complets ! Simple mais fallait y penser. En plus comme on peut pas poser huit heures d’affilées ça tourne pas mal : tu poses trente minutes, tu te fais remplacer… quand tu reviens tu prends une autre pose. L’expo se métamorphose ! En temps réel !

Dans l’art corporel tu deviens toi-même auteur de l’œuvre.

Tu vois ? Selon ta posture, le dessin a pas la même allure. Donc le visiteur peut revenir dix fois, et dix fois il verra des choses différentes.

— Ça a dû être compliqué de trouver des volontaires. Qui en plus soient magnifiquement tatoués de partout, et enfin sachent tenir les poses.

— C’est le seul point un peu moins authentique : certains sont pas de vrais tatoués. Ça ressemble à s’y méprendre à du vrai alors que c’est de la peinture éphémère. Mais c’est aussi ce qui a permis à des créateurs de se lâcher autant qu’ils voulaient.

— L’idée t’es venue comme ça ?

— L’idée en fait… est pas vraiment de moi ! Cet été en camping, comme toujours je me suis fait pas mal remarquer avec mes tatouages.

— Pas seulement tes tatouages… aussi tes seins fermes, tes jambes fines et ton beau cul. Non ?

— Bien sûr que si, d’autant que j’ai eu l’intelligence de me faire des tatouages de sorte que ça efface aucune forme, au contraire ça les met en valeur. Alors cet été donc, un vieux riche se prend comme qui dirait de passion pour moi. On échange, on boit un coup. Il est gentil… il me flatte ! Toutefois

je reste honnête avec lui : « tu sais, tu me baiseras pas ».

Il sait. C’est pas dans ses intentions, et il m’avoue ne plus pouvoir baiser depuis des années. Finalement il me paie pour une prestation artistique toute simple, toute bête mais originale. Venir une semaine dans sa propriété et m’y balader nue du matin au soir.

— C’est pas vrai !

— Si, et pendant toute la semaine il a fait venir des amis, des collègues, même des gens de sa famille je crois. QUE des gens courtois ! Pas une seule tentative de rapprochement, pas la moindre parole grivoise ! Au contraire ! Un langage fleuri, soutenu ! Enfin, pour les mots que je comprenais.

— Histoire de dingue. Ça t’a plu alors ?

— Oui, d’autant que j’ai reçu de quoi régler au moins les six prochains mois de loyer, avant même la rentrée.

— A refaire ?

— Je serais pas étonnée qu’il prenne une autre fille à l’avenir. Pour varier… c’est son style. Pas que pour le côté sensuel : aussi pour l’art.

— Expérience excitante ?

— Franchement ? A fond. C’était encore mieux pour eux : j’avais souvent la chair de poule, les pupilles dilatées, le reste aussi, les tétons durs, les seins gonflés ! Et ça se voyait et j’en étais encore plus excitée. Je savais que ce serait une semaine sans baise. Ça m’allait. Ça me suffisait, ça leur suffisait.

— Et tu faisais quoi ?

— Rien de spécial. J’allais, je venais. Je prenais des poses pour prendre le soleil et bronzer. Je nageais dans la piscine, je prenais des douches extérieures. Je faisais mon sport, mon yoga. Parfois je restais debout un livre à la main. Le temps passait agréablement, et en fait est passé très vite. Je pensais pas qu’on pouvait avoir une si belle expérience sexuelle… sans sexe aucun.

La joueuse

— J’aime bien voir les enfants jouer, en vacances. Ils sont beaux ! Insouciants, joyeux…

— Sauf qu’on peut rester joueuse en grandissant.

— Oui mais on ose plus jouer à chat !

— C’est juste que les jeux ont changé. Plus petites, effectivement avec les garçons on joue au chat et à la souris. Aujourd’hui c’est plutôt la fable du loup et de l’agneau…

Raisonnement masculin

— J’aurais a-do-ré qu’elle vienne en robe.

— Moui… et elle est venue sans robe, parce qu’elle est venue… sans rien du tout. Quand même ! C’est pas si mal, non ?

— Bah tu sais dans un endroit naturiste c’est pas le tout d’avoir cet étalage de chair fraîche sous les yeux…

— Oui je sais. Le tout, c’est de l’avoir ou pas à disposition.

— Eh oui ! Là est bien toute la question.

— Et qui te dit que la jolie Cindy n’était pas à ta disposition ?

— Je ne pense pas qu’elle l’était.

— Parce que, heu… faut un peu le deviner, le pressentir. Non ? Elle va pas se placer devant toi

en agitant un panneau « je suis à ta dispo ».

— Ça casserait un peu le charme mais ça simplifierait tellement les choses.

— Donc selon toi elle est pas séduite.

— Hum ! Je dirais que c’est en bonne voie. Mais… pas encore. Celle qui souhaite se faire prendre souhaite se faire dévêtir. Et arrive donc vêtue. L’après-midi où elle vient me voir en robe, ce sera le signal ! Eh oui, les codes s’adaptent selon la situation…

Entente et mésentente

— Eh mince… il a tout compris de travers ! Et maintenant toute ma famille me regarde d’un sale œil !

— Ton copain ? Parce qu’il est venu dormir chez toi ?

— Si ce n’est que le terme « dormir » est le mot poli… tiquement correct. Familialement convenable ! Quand on invite son copain pour la nuit c’est pour baiser.

— Oui on va pas biaiser. N’empêche… dormir nue contre un homme nu moi j’adore. Y a pas QUE la baise non plus.

— D’accord, mais tu retires la baise il manque tout de même l’essentiel. Bref ! Tu devines bien l’idée je pense : le tout est de pas faire de boucan. Surtout que

si je me laisse aller je peux crier drôlement fort !

— Et en quoi il a tout compris de travers, comme tu dis ?

— C’était de mieux en mieux, j’arrivais à me contenir… et moi de lui murmurer « je vais jouir… je vais jouir… ». Pour qu’il aille pas trop loin. Parce que s’il me faisait jouir j’arriverais pas à me contenir.

— Ah oui je vois. Lui il a compris l’inverse ! Pour lui « je vais jouir » signifiait « continue j’adore, vas-y encore plus fort ». Alors que toi tu voulais dire « arrête parce que si tu continues je vais jouir, donc lâche un peu la pédale ».

— Exactement. Et quelques secondes avant j’en étais encore à le prévenir, plus fort « je vais jouir ! Je vais jouir ! ». Et du coup il y est allé à fond et j’ai eu mon orgasme en poussant des cris. T’imagines ? Saisir pile le contraire de ce que je voulais dire.

— Je sais que t’es pas une littéraire mais tente quand même une phrase un peu plus longue la prochaine fois !

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